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Le terrain et la boue

21 septembre 2024, 07:27

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Le ministre Steven Obeegadoo s’est-il aventuré dans un bourbier soigneusement orchestré ? Par les siens ou par ses compagnons d’armes au cabinet ? À quelles fins ? Le moment où cette affaire éclate, en pleine finalisation de la liste des candidats, est pour le moins troublant. Une telle situation, en ces temps d’effervescence électorale, impose une résonance amplifiée.

Homme qui prône avec ferveur son intégrité, autant dans son parcours juridique que dans sa carrière politique, Steven Obeegadoo aurait sans doute mieux fait de s’abstenir d’intervenir dans les affaires familiales liées à la modification du bail parental. C’est-à-dire qu’il aurait dû demander à sa mère de ne pas faire la demande alors qu’il est le ministre de tutelle car le risque, ou surtout la perception de conflit d’intérêts, était manifeste.

La perception, souvent plus acerbe que la réalité, érode plus vite qu’on ne le croit.

Lorsqu’interrogé hier, Obeegadoo, tel un avocat au tribunal de la raison, nous a exposé sa défense. Il s’est engagé à répondre à toutes nos questions, malgré son agenda chargé, pour prouver qu’il ne s’agit ni de malversation ni de népotisme, selon lui. Pour lui, cette histoire s’inscrit dans une campagne de «zet labou», orchestrée contre ses succès au tourisme et sa livraison actuelle de milliers de maisons NSLD. «Pie ki donn frwi. C’est ceux-là qui reçoivent les pierres, e miray bien prop ki atir labou.»

L’amitié, en politique, est un fil tissé de calculs, bien loin des sentiments sincères. Un ministre doit soit se taire, soit démissionner, soit être démis. Collendavelloo, tombé sous la lame de l’affaire St-Louis, croyait en une réhabilitation rapide. Quatre ans plus tard, toujours écarté, il négocie pour une réintégration. Face à cela, Pravind Jugnauth jongle entre les ambitions d’Alan Ganoo et les exigences du PMSD, qui réclame au moins quatre ministères.

Le terrain de la politique mauricienne est de l’État. Ces biens publics sont depuis longtemps mêlés à une histoire de privilèges, de pouvoir et d’injustice, où s’entrecroisent esclavage, colonialisme et capitalisme. Ces terres sont aujourd’hui encore les proies de lobbies influents, souvent protégés des yeux curieux grâce à des manoeuvres secrètes, d’où le doute sur le bail que tente de modifier Primerose Obeegadoo. Que dire alors de cette commission Truth and Justice auraient dû être un phare de vérité mais qui restent sous clé, loin des regards du peuple ?