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Manière de voir
Le vote de la diaspora ou mission impossible
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Manière de voir
Le vote de la diaspora ou mission impossible
La question d’octroyer le vote à des Mauriciens établis à l’étranger est évoquée avec une certaine passion, surtout dans le sillage de la controverse autour de la participation des Bangladeshis à un réseau de fraude électorale.
En effet, bien que le nombre de votants bangladais enregistrés officiellement s’élevait à moins de 100 aux élections de 2019, ils étaient plus nombreux ces étrangers, qui se sont fait passer pour des électeurs mauriciens, le jour du vote. Selon Soopramanien Kistnen, principal activiste du Mouvement socialiste militant dans la circonscription de Quartier Militaire/Moka (no 8) aux dernières élections mais assassiné par la suite, ils étaient 1 200 Bangladeshis, qui avaient été véhiculés à différents centres de vote dans le cadre d’une opération de fraude électorale.
Des Mauriciens basés à l’étranger ont, pour leur part, alimenté la controverse en évoquant le paradoxe que des étrangers parviennent à participer à des élections chez nous alors qu’eux sont privés du droit de vote car ne résidant pas sur le territoire mauricien. Ils soutiennent leur demande par le fait que plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, permettent à leurs citoyens s’étant établis à l’étranger de prendre part aux élections dans leur pays d’origine.
Dans une situation utopique où toute la classe politique mauricienne se mettrait d’accord sur le principe du vote des Mauriciens de l’étranger, le mécanisme à mettre en place pour recueillir ce vote et le comptabiliser défierait l’imagination. Les pays occidentaux gèrent ce vote de l’étranger avec une certaine efficacité. Comment la bureaucratie d’une république quasi bananière parviendrait-elle à exécuter une telle décision ?
Pour commencer, il faudrait définir les critères d’éligibilité des Mauriciens de l’étranger. Seront-ils des électeurs nés à Maurice ? Que ferait-on des enfants et petits-enfants de ces Mauriciens mais qui sont évidemment nés à l’étranger ?
Autre question majeure : ces Mauriciens voteraient-ils dans l’une des 21 circonscriptions de notre république ou va-t-on créer de nouvelles circonscriptions, qui viendraient se greffer sur celles déjà existantes ? Ces nouvelles circonscriptions attireront des candidats basés dans des pays étrangers. Car on pourrait donner le droit de vote à des Mauriciens de l’étranger, tout en les privant du droit de se porter candidats.
Quant à la logistique du recueillement physique des votes à l’étranger, nos ambassades seraient sans aucun doute chargées de tout gérer. Or, les ambassades dirigées par des nominés politiques auraient une tâche presque insurmontable à inspirer de la confiance lors d’un exercice aussi délicat que de placer des croix sur un bulletin de vote. La solution idéale serait un vote par voie électronique, expédié de chez soi. Mais a-t-on pensé aux «histoires» qu’on ne manquerait pas de raconter sur la manipulation des votes électroniques ? Des Israéliens et des Indiens, qui ont été déjà exposés aux mœurs électorales de Maurice, seraient capables de tout chambouler dans les télécommunications.
Enfin, les candidats mauriciens de l’étranger, en cas de succès, viendraient participer aux travaux du Parlement mauricien. Ce qui nécessiterait de fréquents voyages entre Maurice et leur pays d’adoption. Il faudrait aussi prévoir un logement de qualité pour ces députés. Tout cela aux frais des contribuables mauriciens. Sinon, on pourrait toujours introduire la visio-conférence par Zoom des députés basés à l’étranger. Quel beau spectacle ce serait si Sooroojdev Phokeer présidait la séance et qu’il décidait d’expulser via Zoom un député turbulent vivant à Tottenham et représentant la circonscription de LondresNord au Parlement mauricien.
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