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L’équilibre ou la spirale
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L’équilibre ou la spirale
Alors que Maurice reste confrontée à une inflation forte, l’approche «fer labous dou» du ministre Renganaden Padayachy pour rétablir un peu le pouvoir d’achat et soulager la pression financière sur les citoyens au bas de l’échelle salariale est à la fois saluée (pratiquement de manière unanime par les syndicats), et critiquée timidement par un patronat et certains économistes qui ont les prochaines législatives en ligne de mire. En tranchant entre les employés et les entrepreneurs, le gouvernement a non seulement imposé un «point d’équilibre», mais a fait comprendre qu’il se situe désormais, après la MIC, davantage du côté des travailleurs, et que le coût de Rs 10 milliards se veut davantage un «investissement» qu’un bonus spécial, ou un «one off».
Dès janvier 2024, le salaire minimum sera de l’ordre de Rs 18 500. Une sacrée ascension depuis le salaire dérisoire qui était versé dans le privé avant l’introduction du salaire minimum ; en six ans, se plaît à répéter le gouvernement de Pravind Jugnauth, les salaires au bas de l’échelle ont augmenté de plus de 160 %. Une hausse, certes nominale, qui est conséquente sur la trésorerie de nombre d’entreprises pour dire le moins. En attendant que la formule magique de soutien nous soit révélée.
Allons, entre-temps, considérer l’acte politique au détriment de l’acte économique, puisque les deux sont issus de la même pièce de monnaie. La décision d’augmenter le salaire minimum, de brandir la CSG et de fournir une compensation salariale universelle ne cesse de soulever des questions sur les répercussions économiques à long terme. Mais Padayachy garde le sourire, n’en déplaisent à ses détracteurs.
L’initiative gouvernementale est-elle une épée à double tranchant ? Bien qu’elle apporte un soulagement financier à court terme, elle pourrait alourdir la charge des petites et moyennes entreprises, conduisant à une hausse des prix et de l’inflation. D’autant que ceux qui touchaient davantage que le salaire minimum s’attendent désormais à ce que l’équilibre salarial – ce fameux différentiel entre revenus – soit rétabli au plus vite. En d’autres mots, d’ici trois mois, de nouvelles augmentations seront annoncées par le National Wage Consultative Council.
Cette politique de majorer les salaires en partant du bas, si elle n’est pas maîtrisée, pourrait devenir une spirale infernale et également étouffer la compétitivité, affecter la productivité des cadres moyens, et décourager l’investissement, résultant alors à des pertes d’emploi et une stagnation économique, et une augmentation de la dette. On le dit souvent dans ces colonnes : les politiciens ont tendance à privilégier les gains immédiats au détriment de la stabilité à long terme, en se focalisant sur des mesures garantissant leur popularité et leur réélection. De telles stratégies myopes méconnaissent les impacts économiques profonds, comme souligné par le journaliste-économiste Frédéric Bastiat, qui a insisté sur l’importance de considérer à la fois les conséquences visibles et cachées des actions économiques.
La question se doit d’être posée : le véritable progrès ne réside-t-il pas dans la poursuite de la croissance économique plutôt que dans des mesures purement égalitaires qui ne bousculent pas notre productivité molle ? Cette question a-t-elle évolué après le Covid-19 ou d’autres facteurs exogènes comme les conflits armés? Les véritables moteurs de l’amélioration des niveaux de vie demeurent-ils l’augmentation de la production, et les avancées techniques et technologiques ? Où est-ce qu’il fallait redonner espoir aux salariés afin d’enrayer la tendance d’émigration ?
Une orientation vers l’égalitarisme dans l’éducation, privilégiant la solidarité sociale sur la rigueur académique, pourrait aussi avoir des effets néfastes sur la mobilité sociale. Cette approche entraîne souvent une réduction de la qualité de l’éducation, affectant de manière disproportionnée les étudiants issus de milieux modestes, entravant leurs perspectives d’avancement, d’où l’envie d’aller brouter l’herbe ailleurs.
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