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Cherté de la vie et dispositifs d’aide

Les 40-59 ans, une majorité oubliée par les politiques électorales

31 octobre 2024, 20:00

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Les 40-59 ans, une majorité oubliée par les politiques électorales

La tranche d’âge des 40 à 59 ans, représentant 35,8 % de l’électorat, semble être reléguée au second plan dans les mesures électorales.

Dans le contexte électoral actuel, une analyse de la répartition des électeurs révèle une tendance préoccupante : la tranche d’âge des 40 à 59 ans, en gros la génération X, représentant 35,8 % de l’électorat avec environ 340 000 personnes, semble être reléguée au second plan dans les mesures électorales. Ce groupe, qui constitue une part essentielle de la classe moyenne active, n’a bénéficié d’aucune mesure ciblée lors du dernier exercice budgétaire, alors même qu’il subit de plein fouet les hausses du coût de la vie et des charges financières. En comparaison à d’autres tranches d’âge qui ont reçu une attention particulière dans les mesures électorales, cette catégorie d’électeurs, frappés de plein fouet par l’inflation, mais exclus des dispositifs d’aide destinés à leur âge et sans perspectives d’ascension, est une fois de plus laissée pour compte en dépit de son poids démographique et de sa contribution au marché du travail.

Le groupe d’âge de 40 à 59 ans est suivi par les électeurs âgés de 60 à 99 ans (25,6 %), de celui des 30 à 39 ans (18,2 %), des 25 à 29 ans (9 %) et enfin, du groupe des 19 à 24 ans (9,8 %). Les jeunes de 18 ans ne représentent que 1,3 % des électeurs, tandis que ceux de 100 ans et plus constituent une fraction infime de 0,017 %. Ces dernières années, la working class des 40 à 59 ans a été prise en tenaille entre les coûts de la vie en hausse et une stagnation de leurs revenus. Elle contribue pourtant largement aux recettes fiscales (CSG, TVA, Income Tax...), mais sans jamais bénéficier des redistributions.

Cette situation a créé un sentiment de frustration, de désillusion grandissante et de colère légitime car beaucoup de ces personnes connaissent le déclassement social. Pourtant, ce sont elles, faites de dirigeants de petites et moyennes entreprises, de travailleurs indépendants, de cadres supérieurs et de professions intermédiaires, qui ont le potentiel de consommer et d’embaucher. C’est également à ces classes qu’on a demandé de fournir davantage d’efforts, souvent en contrepartie d’une rémunération bien inférieure.

Augmentation de la retraite

Les pensions de vieillesse seront une fois de plus revalorisées, comme proposé par les deux principales alliances. Bien que cette mesure soit louable, elle ne répond guère aux défis auxquels est confrontée la classe moyenne active, qui affronte de plein fouet les hausses du coût de la vie sans pour autant bénéficier d’un soutien comparable.

0 % d’intérêts pour les «Home Loans» des 18 à 35 ans

Dans le cadre des politiques destinées aux jeunes, on trouve le prêt-logement à 0 % d’intérêt pour les 18-35 ans, une initiative phare qu’avait déjà promue Pravind Jugnauth. Cette mesure facilite certes l’accès à la propriété pour les jeunes adultes, mais elle exclut ceux de 40 à 59 ans, qui sont pourtant parmi les plus actifs dans le secteur de l’immobilier et qui ont souvent des engagements financiers importants. L’octroi de cette opportunité exclusivement aux plus jeunes laisse une impression d’injustice chez eux, bien qu’ils soient dans la phase la plus productive de leur vie et qu’ils sont souvent les principaux emprunteurs.

Revenu minimum garanti : Rs 20 000 à Rs 25 000 par mois

Le débat autour de l’augmentation du revenu minimum garanti, passant de Rs 20 000 à Rs 25 000 par mois, ouvre de nombreuses questions, surtout dans le contexte d’une hausse constante du coût de la vie. Pour beaucoup, cette augmentation de Rs 5 000 peut paraître comme un coup de pouce pour soutenir les familles dans le contexte économique actuel. Mais est-ce réellement suffisant pour répondre aux besoins quotidiens des familles mauriciennes ? La question demeure : comment peut-on réellement assurer un niveau de vie acceptable pour tous alors que les jeunes professionnels, quant à eux, devraient pouvoir trouver des emplois dignes et des opportunités de carrière qui leur permettent de progresser financièrement.

Allocation de Rs 5 000 par enfant de 0 à 18 ans

La promesse de l’Alliance Lepep d’une allocation mensuelle de Rs 5 000 par enfant âgé de 0 à 18 ans suscite autant d’enthousiasme que de controverses. Bien que ce soutien financier soit essentiel dans un contexte de vie de plus en plus coûteux, cette mesure laisse un goût d’injustice dans certaines familles. En effet, de plus en plus de couples optent pour une famille de petite taille, compte tenu des charges financières et de la qualité de vie. Or, cette allocation, orientée vers une catégorie de familles, prend-elle en compte les besoins financiers des adultes de la tranche d’âge de 40 à 59 ans qui, bien qu’étant hors du cadre de l’aide, subissent de plein fouet la cherté de la vie. Beaucoup d’entre eux doivent jongler entre l’éducation des enfants plus âgés, les soins des parents âgés et la préparation de leur propre retraite. L’enveloppe annuelle nécessaire à la mise en place de cette aide est estimée à environ Rs 1,4 milliard. Est-ce qu’une fois de plus la middle working class qui en fera les frais à travers les impôts ?

L’Alliance Lepep, dans son manifeste électoral, met en avant des mesures de soutien financier visant à améliorer le revenu des familles mauriciennes, en promettant un revenu mensuel de Rs 25 000 pour les parents et une allocation de Rs 5 000 pour les enfants de moins de 18 ans, ainsi que pour les grands-parents. Bien que ces initiatives soient indéniablement positives pour certains groupes, elles laissent une fois encore de côté une tranche d’âge importante : celle des 40 à 59 ans. Ce groupe, composé de nombreux professionnels et de membres de la classe moyenne, fait face au coût de la vie qui ne cesse d’augmenter. Pour les personnes de cette tranche d’âge, les dépenses liées aux soins de santé, à l’éducation des enfants, aux remboursements des prêts immobiliers et aux épargnes pour la retraite exigent une stabilité financière que les mesures électorales ne semblent pas directement adresser.