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Changement climatique
Les averses de ce début de novembre laissent présager un été très pluvieux
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Changement climatique
Les averses de ce début de novembre laissent présager un été très pluvieux
Le sol saturé d’eau pourrait accélérer les glissements de terrain dans les zones inondables.
Lorsqu’on évoque l’été, on pense généralement à la chaleur, à l’humidité et aux conditions météorologiques instables. Selon les prévisions météorologiques, l’été 2023-24 s’annonce plus chaud que la normale. Les pluies estivales, prévues en décembre, pourraient provoquer des inondations dans certaines régions. Mais nous connaissons déjà des pluies torrentielles en ce début de novembre.
La saison cyclonique s’étend du 1er novembre au 15 mai avec la prévision de six à huit formations de tempêtes touchant Maurice et Rodrigues. Elles sont plus susceptibles de se former à l’ouest de Diego Garcia et les fortes houles qu’elles engendrent pourraient affecter nos côtes.
«L’océan Indien est celui qui est le plus menacé. Et Maurice en particulier est un des pays les plus vulnérables. Le changement que nous voyons est dû à plusieurs raisons. Le climat est régulé par l’océan», déclare Sunil Dowarkasing, consultant en environnement. Swapna Panickal, une scientifique en météorologie de l’Indian Institute of Tropical Meteorology indique que «The Indian Ocean is warming at a higher rate than the other oceans around the world.»
La pluviométrie est influencée par plusieurs paramètres, dont la température de l’eau de mer et la quantité de chaleur dans l’atmosphère, explique Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur environnemental et océanographe. «Chaque augmentation d’un degré de température s’accompagne d’une augmentation de 10 % d’humidité dans l’air. Cette année, le phénomène El Niño est en train de se former et pourrait battre des records. Les températures de l’eau de mer provenant du Pacifique sont anormalement élevées et ont un impact sur notre région. Le réchauffement climatique aggrave la situation. En conséquence, l’atmosphère est très chargée d’humidité, ce qui peut entraîner des pluies très intenses et des orages. De plus, le fait que ces pluies surviennent plus tôt que prévu est surprenant par rapport aux prévisions. Mais par rapport au changement climatique, cela démontre un changement au niveau de la pluviométrie à Maurice.»
Les pluies en ce début de novembre laissent présager un été très pluvieux, avec un risque accru d’inondations, peut-être même plus fréquentes que les années précédentes. Le sol sera saturé de manière beaucoup plus importante, ce qui augmente le risque d'innondations et de glissements de terrain, en particulier dans les constructions en flanc de montagne et dans les zones inondables.
La température de l’eau de mer est un facteur déterminant dans la formation des cyclones. Selon Vassen Kauppaymuthoo, cette année, Maurice pourrait être confronté à de puissants cyclones. «Nos infrastructures n’ont pas subi de test cyclonique depuis le passage du cyclone Dina en 2002. Les baies vitrées, les belles maisons, les hôtels, etc. risquent de subir des dommages considérables. Je crains qu’avec le réchauffement climatique et le taux d’humidité élevé, nous puissions connaître une saison cyclonique prolongée, avec, à mon avis, plus de systèmes que d’habitude. Des phénomènes beaucoup plus violents et imprévisibles.» Rappelons le passage du cyclone Freddy, au cours duquel des terrasses et paillotes d’établissements hôteliers ont été endommagées en raison de l’élévation temporaire du niveau de la mer sur les côtes nord et est.
Ces problèmes, relève l’ingénieur environnemental, confirment que de nombreux permis de construction ont été accordés dans des zones inondables et des zones humides, à flanc de montagnes et que les drains naturels ont été négligés. «Ce qui posera de plus en plus de problèmes face au changement climatique et affectera non seulement la vie des habitants, mais également l’image de notre pays en tant que destination touristique et en ce qui concerne les investissements fonciers. Cela représente un défi majeur pour le pays.»
Face à ces défis inattendus, incertains, et probablement plus intenses posés par le changement climatique, Sunil Dowarkasing estime que les autorités doivent rester en état d’alerte permanent ces prochains mois et qu’il est essentiel de sortir d’un système archaïque pour adopter de nouvelles techniques pour faire face à des situations climatiques extrêmes. Au Parlement mardi, une des questions était sur les travaux de drains. Cependant, aux dires de Sunil Dowarkasing, il faudrait faire plus que de «mettre des drains partout».
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