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Atelier art pour tous

Les Khaidoo : peindre, c’est de famille

27 septembre 2024, 18:00

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Les Khaidoo : peindre, c’est de famille

Qu’est-ce qui différencient les œuvres du père, Rasheed Khaidoo, du travail pictural de ses deux filles, Adeelah et Alizah ? Jusqu’au dimanche 29 septembre, la petite famille de peintres nous prend par les yeux – et les sentiments – pour une promenade immobile autour de l’île. Les tableaux du trio, regroupés sous le titre Patrimoine culturel et couleur locale, sont visibles à l’atelier Art pour tous, dans l’immeuble Le Hub, situé dans la zone industrielle de Phoenix.

Lui fait des huiles. L’une pratique l’aquarelle, l’autre les pastels. Toutes deux font la fierté de leur père, tant elles suivent ses traces. Comme lui, Adeelah enseigne le dessin. Alors qu’Alizah vient d’obtenir un Masters in Education. Pour Rasheed Khaidoo, cela n’a pas été difficile d’ouvrir les portes des arts à ses filles. Il se souvient de l’époque où il donnait des leçons particulières dans son garage. «Mes enfants étaient avec moi. Je leur donnais une feuille de papier et je leur disais de dessiner. Cela a été un chemin naturel.»

Jusqu’à ce qu’elles trouvent leur voie. L’une dans l’aquarelle et l’autre dans les pastels. Le père a négocié un autre tournant. Passant du figuratif à l’abstrait. Une «évolution» nourrie par ses lectures, qui a mis du temps avant d’arriver. Rasheed Khaidoo cite Kandinsky, Paul Klee, Mondrian. Sans oublier Picasso et sa «rupture avec l’art traditionnel». Une phrase de Picasso lui reste en mémoire : «Il faut aller vers un art plus intellectuel, faire raisonner le public.» Pour Rasheed Khaidoo, quand la personne qui regarde le tableau se demande ce que l’artiste a voulu faire, «du moment que je provoque une réflexion, la partie est gagnée».

Est-ce qu’un jour il va arrêter le figuratif pour se concentrer sur l’abstrait ? «Cela m’attire, mais je suis plus un peintre impressionniste.» Une sensibilité qui remonte à sa jeunesse, à une rencontre avec Marcel Lagesse, «qu’on ne peut pas imiter». Après ses études au Mauritius Institute of Education en 1985, Rasheed Khaidoo assiste à une conférence de Marcel Lagesse. Il en a retenu quelques paroles de l’artiste : «Je n’appartiens à aucune école ; je fais ce qui me plaît.» Son regret : ne pas avoir pu aller peindre avec Marcel Lagesse.

Rasheed Khaidoo en a gardé un goût prononcé pour le patrimoine. L’exposition nous promène du théâtre de Port-Louis, avec ses couleurs crème et ocre d’avant sa rénovation à La Tour Koenig, en passant par le pont Bruniquel croqué avant les travaux, les casernes Decaen avant leur démolition, La School avant sa disparition. «Que font les autorités ? Pourquoi ne préserve-t-on pas ces vestiges ? C’est chagrinant que l’on dénature ou que l’on élimine purement et simplement», déplore l’enseignant de carrière, à la retraite après quatre décennies de service à l’Islamic Cultural College. «Nous, artistes, ne pouvons que nous souvenir. Peu d’artistes font des recherches sur le patrimoine.»

Il pratique le pleinairisme et trouve son bonheur en tant que membre du collectif d’artistes Les GaillArts. Une fois par mois, ces artistes sortent pour peindre. Un récent séjour à Rodrigues a particulièrement ravi Rasheed Khaidoo. C’est avec plaisir que l’enseignant échange avec d’autres artistes. C’est «l’opportunité de créer et de plaire. J’apprends encore», dit celui qui, avec Yves David, entre autres, fait figure d’aîné dans le groupe. «Mais je n’interviens que quand on me demande mon opinion.»