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Éducation
L’exode vers les collèges privés
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Éducation
L’exode vers les collèges privés
Constat. Selon les derniers chiffres publiés par Statistics Mauritius pour le secteur éducatif, le nombre d’élèves au secondaire est en baisse. Il y avait ainsi 102 722 collégiens en octobre 2022 contre 98 900 en mars 2023. Parmi eux, 44,8 % fréquentent des établissements publics et 55,2 % ont choisi le privé. Comment expliquer cela ?
Cette baisse du nombre d’élèves dans les collèges à travers le pays ne date pas d’hier. Depuis sept à huit ans, expliquent de nombreux syndicalistes, la tendance est à la baisse chaque année au niveau des admissions en Grade 7. Les raisons, selon eux : le vieillissement de notre population et une diminution considérable du taux de natalité dans le pays.
«Par exemple, pas plus tard que la semaine dernière, certains de nos membres ont fait ressortir qu’il y a une baisse de 10 % environ dans les papiers d’examens à corriger en fin d’année. Vous n’avez qu’à comparer le taux d’admission dans les écoles chaque année, y compris au primaire, et vous aurez votre réponse», explique un préposé de l’Education Officers’ Union. Il confirme, cependant, que les inscriptions dans les établissements publics sont plus nombreuses que dans ceux du privé. «Il y a un chamboulement au niveau du système éducatif ; il ne faut pas se voiler la face. Le secteur public ne fonctionne plus comme par le passé.»
Un avis partagé par Mahend Gungapersad, député du Parti travailliste (PTr) chargé du dossier éducation chez les Rouges. «Il faut l’admettre ; il y a un exode du public vers le privé.» En témoigne, la quantité d’établissements payants qui ouvrent leurs portes dans le pays. «Ils poussent comme des champignons. Les parents qui ont de l’argent privilégieront le privé pour un meilleur service», renchérit pour sa part un autre syndicaliste. Parmi les problèmes, le manque criant d’enseignants dans plusieurs collèges d’État depuis la rentrée scolaire. «Il y a des matières qui n’ont toujours pas eu d’enseignants alors qu’on arrive à la fin de l’année scolaire. Ce qui est dommage car à Maurice, l’éducation publique avait un niveau correct mais plus maintenant. On craint le pire si rien n’est fait pour redresser la barre.»
Mahend Gungapersad fustige, lui, les amendements apportés depuis l’année dernière, qui ont contribué à ce manque de personnel. Notamment le Postgraduate Certificate in Education qui a été rendu obligatoire pour pouvoir exercer ou des enseignants de Travel & Tourism ou encore de Design & Technology, entre autres, qui ont été mis «hors circuit, hors du système» alors que des licences spécifiques sont désormais requises. Statistics Mauritius vient d’ailleurs confirmer ce manque d’enseignants avec le nombre au secondaire qui est passé de 9 379 en octobre 2022 à 8 992 en mars 2023 – soit une diminution de 387 enseignants dans les collèges. «Il y a des collèges qui ont eu du mal à préparer les examens pour les Grades 7, 8, 10 et 11 car il n’y avait personne pour faire les papiers d’examens et l’on se demande aujourd’hui qui les corrigeront», poursuit le député PTr.
Scolarisés ou pas?
Toujours selon Statistics Mauritius, le nombre d’enfants de dix à 19 ans à juillet 2022 était de 167 537 alors que 102 722 collégiens étaient enregistrés à octobre 2022. Comment expliquer cette différence de 64 815 enfants ? «Cela ne veut pas dire qu’il y a 64 000 élèves qui ne sont pas à l’école. Il se pourrait qu’une partie ait déjà quitté l’école avant leurs 18 ans pour des cours privés, ou pour rejoindre le Mauritius Institute of Training and Development ou Polytechnics Mauritius», expliquent différentes sources. Puis, poursuiventelles, il y a définitivement un nombre très faible d’enfants issus de milieux défavorisés qui sont soit déscolarisés soit scolarisés, mais qui ne sont pas réguliers en classe – ce qui est plus fréquent dans la plupart des cas. «Il y a les autorités qui veillent à ce que les enfants ne soient pas complètement déscolarisés avant leurs 16 ans.»
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