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Reportage à Rivière-des-Anguilles

L’homme descend-il du singe…

29 mars 2024, 18:29

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L’homme descend-il du singe…

Le couple Mary-Ann et Owen Griffiths encadrant trois de leurs employés hier à Rivière-des-Anguilles. Les lieux sont remarquablement propres.

À un moment où les débats sur le «Monkey Business» s’enlisent ou tendent à dérailler, la firme Bioculture, pionnière (depuis 1985) dans l’élevage et l’exportation du Macaque Cynomolgus à Maurice, et dirigée avec «passion» par le couple Mary-Ann et Owen Griffiths et leurs deux fils, a voulu jouer la carte de la transparence hier, en ouvrant, exceptionnellement, quelques portes de son site à Rivière-des-Anguilles à la presse.

Cet exercice de communication et d’information, sans filtre, a donné lieu à des échanges intéressants, permettant de mieux comprendre l’industrie et certains de ses acteurs. Voici, en sus des photos, six points saillants à retenir des discussions qui ont lieu hier, dans la bonne humeur, avec un esprit ouvert, à quelques mètres de nos cousins en cage, alors qu’ils prenaient leur déjeuner...
image - 2024-03-29T180832.121.jpg Les singes sont apprivoisés de sorte qu’ils ne craignent pas les humains. Ce qui rend les recherches sur eux moins difficiles

  1. C’est Bioculture qui a convié la presse hier, pas la Cyno Breeders Association (CBA), qui rassemble, selon son site web, «les principaux éleveurs de singes Cynomolgus à Maurice». Quand on a demandé pourquoi c’est Bioculture qui prend l’initiative et non la CBA, Mary-Ann Griffiths a laissé entendre que tous les opérateurs n’ont peut-être pas la même culture de transparence que Bioculture. À noter que c’est l’un des dirigeants de Bioculture qui préside la CBA.

image - 2024-03-29T181025.305.jpg Les cages des singes revêtent des couleurs vives. Cette ambiance colorée rappelle un camp de vacances. Du moins, en termes visuels de loin.

image - 2024-03-29T181529.672.jpg Les singes ont été photographiés, les employés et dirigeants de Bioculture aussi.

  1. Par rapport à la déclaration du ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun dans une interview à l’express, le 1er mars 2024 : «Préparons-nous pour le ‘phasing out’ naturel de singes», Jacob Griffiths, Chief Business Development Officer à Bioculture, réplique que ce «phasing out» n’est PAS pour demain malgré l’avènement de l’intelligence artificielle. Il pense que l’industrie existera pour au moins encore 20 ans, voire plus.

image - 2024-03-29T181214.845.jpg Le stockage des fruits et des légumes qui constituent, avec les «pellets», la nourriture de base des singes.

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  1. Bioculture maintient qu’en 39 ans d’exportation de singes par avion, aucun animal n’est décédé durant le vol, en raison des soins pris avant, pendant et après. Bioculture opère aussi une ferme en Floride depuis 2012, pour un service domestique sur le sol américain. Des singes et employés mauriciens y sont envoyés régulièrement.

  2. Combien se vend un singe sur le marché américain ? Environ 4 000 USD, mais cela peut être moins ou plus, dépendant de la commande ou des besoins. Bioculture conteste le chiffre de 15 097 singes exportés l’an dernier et estime qu’il tourne plutôt dans les 12 000. Bioculture contribue jusqu’à 40 % de ce nombre total.

image - 2024-03-29T181343.404.jpg Des employés de Bioculture en charge de la distribution des repas aux singes.

  1. L’actionnariat de Bioculture est composé, outre la famille Griffiths, de la famille de Paddy Rountree (Bel Air Sugar Estate) qui possédait les terres, et du groupe Rogers qui y voit une façon de promouvoir, dans cette activité d’élevage de singes, des Sustainable Development Goals. Bioculture fait tout pour prévenir la pollution des cours d’eau, de la qualité de l’air et respecte les champs de légumes et de cannes avoisinants. La firme contribue plus que les 2 % requis en CSR, toisant les 5 %. Shameema Patel, survivante du cancer du sein, et Karan Juglall de l’ONG Enn Rev Enn Sourir, ont témoigné de l’aide reçue de Bioculture.

image - 2024-03-29T182128.260.jpg Nada Padayatchy de Bioculture présentant quelques diapos en amont de la visite.

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  1. À la fin de la visite, les dirigeants de Bioculture ont fait venir une partie de leurs 700 employés pour faire face à la presse. Avec émotion, ou plutôt par «passion», Mary-Ann Griffiths a laissé échapper une phrase par rapport aux «insanités publiées dans la presse» qui pourraient, selon elle, mettre en péril le travail de ces centaines d’employés qui viennent principalement du sud du pays. Quand nous lui avons fait remarquer que le terme «insanités» était malheureux, selon nous, car on peut être en désaccord sur le commerce des singes pour des raisons plurielles, notamment religieuses, elle s’est plusieurs fois excusée. Les divergences philosophiques ou autres sur le sujet doivent être débattues dans le respect de la pensée contradictoire, a insisté l’express.

Mary-Ann Griffiths, porte le projet de Bioculture, qui est de contribuer à faire avancer la recherche médicale au niveau mondial encore plus loin, en misant sur l’expérience et le savoirfaire mauriciens, manifestement dans son cœur. «She means well», m’a confié un de ses plus anciens employés, anxieux que l’exercice d’hier, une bonne chose en soi, ait pu quelque peu sortir des rails de la com aseptisée vers la fin… Pas du tout, c’est dans la confrontation des idées, surtout antinomiques ou contraires, que les mythes des uns et les légendes des autres volent en éclats. L’humain descend-il du singe ou, plutôt, du songe…