Publicité

Conférence-spectacle

L’importance de la tradition orale et de sa transmission mise en lumière

12 août 2024, 17:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

L’importance de la tradition orale et de sa transmission mise en lumière

Le Geet Gawai a été inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2016.

Dans le cadre de la collaboration du collectif local Enn zour dan enn pei et Kozé Conté de La Réunion, s’est tenue vendredi une conférence-spectacle au Caudan Arts Centre sur le thème «La tradition orale et la transmission». Ce moment rythmé de danse, de musique, de contes, de sirandanne, mais aussi de présentations et de réflexion a été un instant privilégié pour ceux s’étant déplacés à cette occasion. Plusieurs intervenants ont expliqué leur rapport à l’oralité et son importance. Parmi eux, nous avons eu Josie Virin de Kozé Conté de La Réunion, Shenaz Patel, Melanie Péres, Arvin Bhojun, Stewelderson Casimir, Sarita Boodhoo, Ashish Beesoondial, Stéphan Karghoo, Barbara Prezeau Stephenson et Vijaya Teelock, entre autres.

C’est avec la chanson Ki pase la qu’Abaim a donné le coup d’envoi de cette conférence- spectacle. La maîtresse de cérémonie était Cristèle de Spéville. Cette dernière a rappelé que le conte est de plus en plus oublié, mais que toutefois à l’île de La Réunion, il est un art vivant. Elle a également fait ressortir que le conte a une place centrale dans la pédagogie orale. Alain Muneean d’Abaim a rappelé que bien avant l’écriture et l’apparition des institutions académiques, c’est à travers l’oralité que se tenait la transmission des connaissances.

Sarita Boodhoo a fait, elle, sa présentation autour du Geet Gawai qui a été inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2016. Ces chants traditionnels hindous remontent à l’arrivée des travailleurs engagés. «À travers l’oralité ils partageaient leur condition difficile. La tradition orale leur a donné courage.» A ce jour, 51 écoles de Geet Gawai existent à travers l’île. «Il y a des chansons traditionnelles venues de l’Inde qui existent toujours et que nous transmettons de génération en génération», a souligné Sarita Boodhoo. Pour sa part, Josie Virin a expliqué comment le conte est encore vivant à l’île de La Réunion. «On conte partout et pendant toute l’année», a-t-elle souligné avant d’ajouter : «Le conte n’est pas réservé aux enfants il est pour tout le monde. On conte pour transmettre. Le conte n’est pas un art de musée. Il est vivant. Le conte rassemble, unit et crée des liens. Ce qui réunit les hommes et beaucoup plus fort que ce qui les sépare.» A La Réunion, le conte est soutenu par l’Etat. Koze Konte est ainsi accrédité par le ministère de l’Education et de la Culture. C’est le collectif phare de La Réunion et le conte est entré dans le programme de l’éducation nationale française à La Réunion, ce qui veut dire qu’il y a des étudiants qui peuvent passer leur Bac en conte.

Stephan Karghoo, du Centre Nelson Mandela pour la culture créole et africaine, a rappelé que l’oralité a permis la préservation de notre culture et de notre identité. «Sans l’oralité, plusieurs histoires de résistance et de marronnage auraient été perdues. On n’aurait pas connu nos héros tels que madame Françoise. Sans oralité il n’y aurait pas eu de langue créole», a-t-il fait ressortir. Des paroles qui poussent à la réflexion. Enn Zour dan enn pei, collectif mis en place par Véronique Nankoo, tente de redonner ses lettres de noblesse au conte à Maurice en créant une passerelle entre l’académique et l’artistique. Après cette première édition qui a été visiblement un succès, les débuts s’annoncent prometteurs.