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Autopsies controversées

L’incompétence sous le scalpel

6 octobre 2023, 18:00

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L’incompétence sous le scalpel

Le mystère entourant les autopsies semble persister, notamment après plusieurs cas récents d’autopsies controversées révélant que la cause du décès ne correspondait pas à la vérité. L’incapacité à déterminer la cause du décès de Presram Sookur en raison de l’état avancé de décomposition du cadavre, tandis que l’autopsie de sa femme, découverte en même temps, a révélé qu’elle était décédée d’asphyxie, ou encore l’attribution d’un décès par cause naturelle à Khatiba Goburdhun en mars 2022, jusqu’aux aveux de ses agresseurs cette année, sont des cas intrigants. Au-delà du manque d’infrastructures médicales, l’incompétence du médecin légiste responsable de ces rapports semble être la principale raison de ces autopsies mal conduites.

Au sein du département médico-légal, l’incompétence apparente de cette professionnelle médico-légale soulève de sérieuses questions sur la manière dont elle exerce sa profession et embarrasse certainement le département qui se voit pointé du doigt pour le travail mal fait d’une personne. Récemment, dans l’affaire Shana, une jeune fille de 14 ans dont le corps a été découvert cinq jours après sa disparition dans un état avancé de décomposition à La Réunion, les médecins légistes ont réussi à déterminer la cause du décès et à expliquer les circonstances de sa tragique fin. Cependant, à Maurice, le même niveau de transparence ne semble pas être atteint.

Est-ce dû au manque d’infrastructures médicales ? Pourtant, Maurice dispose des mêmes méthodes pour effectuer ce type d’autopsies, mais le problème réside plutôt dans les compétences et l’expérience de ceux qui les pratiquent. «Le problème réside dans le fait que c’est la même personne qui n’accomplit pas correctement son travail et rejette la faute sur ses collègues. Ils ont les qualifications, mais ils ne savent pas comment effectuer leur travail correctement», souligne un enquêteur. Il convient également de noter que cette même doctoresse, dont plusieurs rapports d’autopsie sont actuellement contestés, était celle qui avait affirmé que Soopramanien Kistnen était mort par strangulation, bien qu’elle n’ait même pas pratiqué l’autopsie.

Cas Gobhurdhun et Sookur

Dans le cas de Khatiba Gobhurdhun, dont le corps sans vie avait été retrouvé à son domicile en mars 2022, le rapport d’autopsie avait attribué le décès à une cause naturelle. Les blessures infligées à la victime auraient dû susciter des soupçons de «foul play» et révéler la vérité derrière ce décès mystérieux. Malheureusement, en raison de l’incompétence présumée de la doctoresse, cette affaire est restée non résolue, laissant les criminels en liberté. Dans le cas du couple Sookur, la cause du décès de Presram Sookur reste indéterminée en raison de l’état de décomposition de sa dépouille, tandis qu’il a été établi qu’Indira Sookur est décédée d’asphyxie. Les enquêteurs examinent les données du rapport d’autopsie et cherchent à comprendre pourquoi il existe une telle disparité dans l’état des deux corps. De plus, le fait que les deux corps aient été trouvés à des endroits différents de la maison intrigue la police. En effet, Indira Sookur a été découverte sur un canapé au rez-de-chaussée, tandis que son mari était à l’étage. «Bien que le médecin légiste tente d’expliquer les diverses théories de décomposition, nous savons tous que cette différence résulte des compétences du médecin, ce qui soulève de nombreuses questions préoccupantes», indique-t-on.

État de décomposition

Dans de nombreux cas, comme celui de Krishnawtee Seerauj, 61 ans, résidant à Petit-Verger, Saint-Pierre, dont le corps a été retrouvé après plus de dix jours, l’autopsie n’a pas permis de déterminer la cause exacte du décès. L’explication avancée était que la décomposition avait atteint un stade tel qu’il était impossible de déterminer la cause du décès. Or, les experts médicaux contestent vigoureusement cette assertion. Un médecin légiste souligne que même en cas de décomposition avancée, des techniques d’autopsie appropriées peuvent permettre de déterminer la cause du décès. «Seule une décomposition avancée rend le processus plus difficile, mais avec les bonnes procédures et l’expertise médicale appropriée, il est souvent possible d’identifier la cause du décès», explique-t-il.

L’incapacité de ce médecin légiste à mener une autopsie complète et à explorer toutes les pistes possibles pour établir la cause du décès soulève des questions sur son niveau de compétence. «Il ne faut pas généraliser, car il y a eu des cas dans le passé où la cause du décès a pu être établie après plusieurs jours de décomposition. Si des facteurs tels que la décomposition du corps par des insectes et des indices qui auraient pu établir la cause du décès ont disparu, cela peut devenir compliqué. Cependant, un médecin légiste est formé pour examiner un cadavre de manière experte. Ses compétences lors de l’autopsie déterminent ce qu’il peut observer», explique notre interlocuteur.

Avec ces cas répétitifs, il devient impératif que des mesures soient prises pour remédier à cette situation. Les autorités compétentes devraient examiner de près la qualification et l’expérience de certains des légistes travaillant au département de médecine légale. Des évaluations régulières de la compétence sont essentielles pour garantir que seuls des professionnels qualifiés et compétents pratiquent les autopsies. Ces manquements posent aussi un problème au niveau judiciaire, car dans certains cas où le rapport d’autopsie indique le contraire, cela peut jouer en faveur des accusés.

Contre-autopsie. Une autre pratique qui fait jaser

Dans la médecine légale, la recherche de la vérité est souvent confrontée à des défis redoutables. L’une de ces controverses concerne la pratique de la contre-autopsie, un processus médical complexe et controversé visant à remettre en question les conclusions d’une autopsie initiale. Cet article examine les circonstances dans lesquelles la contre-autopsie est pratiquée, ainsi que les débats qui l’entourent. La contre-autopsie est une procédure médicale effectuée par un pathologiste légiste indépendant ou à la demande des proches du défunt. Elle a pour objectif de réexaminer les résultats d’une autopsie initiale afin de confirmer ou d’infirmer les conclusions tirées lors de l’examen post-mortem initial. Cette démarche se base sur le principe fondamental que la recherche de la vérité dans toute enquête médicale doit être rigoureuse et exhaustive.

Allégations de négligence médicale

Lorsque des proches du défunt ont des doutes ou des préoccupations concernant les conclusions de l’autopsie initiale, ils peuvent demander une contre-autopsie pour obtenir des réponses claires. Dans les affaires criminelles ou lorsque des allégations de négligence médicale sont soulevées, une contre-autopsie peut être ordonnée par un tribunal pour s’assurer de l’intégrité du processus d’enquête. Dans certains pays, dans le cadre de la recherche médicale, les scientifiques peuvent effectuer des contre-autopsies pour valider des théories ou des découvertes médicales.

La pratique de la contre-autopsie n’est pas sans controverse. Certains critiques soulignent que cela peut entraîner des retards dans le processus de deuil des proches du défunt, tandis que d’autres considèrent que cela peut semer la confusion dans les enquêtes criminelles en cours. À Maurice, la pratique courante est que la contre-autopsie est souvent pratiquée par des médecins légistes qui ne sont plus en service. Ces derniers insistent sur leur rôle essentiel dans la recherche de la vérité, en particulier dans les affaires impliquant des circonstances mystérieuses ou criminelles. Ils estiment que les enquêtes médicales doivent être aussi précises et fiables que possible, surtout lorsqu’il y a des vies en jeu ou des responsabilités à établir.

En fin de compte, même la pratique de la contre-autopsie reste un sujet controversé au sein de la communauté médicale et judiciaire, car les rapports des contre-autopsies sont souvent contestés au tribunal. Les médecins légistes défendent la validité de leurs conclusions, arguant qu’ils ont eu l’opportunité d’examiner le corps de la victime directement, tandis que les praticiens des contre-autopsies se basent sur les rapports de l’autopsie originale pour étayer leurs propres conclusions. Les médecins légistes affirment que leur évaluation directe leur a permis de repérer des détails et des indices qui ne peuvent pas être complètement retranscrits dans un rapport écrit.

Conflits entre médecins légistes et enquêteurs

Le cas de Khatiba Goburdhun est encore sujet à controverse. Alors que les enquêteurs affirment que l’autopsie avait conclu à une mort naturelle, le milieu médical avance l’opposé. Tout d’abord, le rapport d’autopsie mentionnait un «œdème pulmonaire aigu». Selon une source, cette cause en elle-même n’indique pas une mort naturelle. De plus, la médecin légiste n’a pas été appelée sur les lieux lorsque le corps a été transporté à la morgue par la police. À ce moment-là, la police avait déjà conclu à une mort naturelle, car le corps avait été retrouvé dans une chambre verrouillée de l’intérieur, sans traces de lutte. Ces informations avaient été communiquées à la médecin légiste.

Malgré cela, une autopsie complète a été réalisée au lieu d’un simple examen postmortem, mais aucun élément concluant n’en est ressorti. Aucune trace de lutte n’a été trouvée sur le corps, et les analyses toxicologiques n’ont révélé que la présence de paracétamol dans le sang. Il est important de noter que la police avait initialement affirmé que la dame était ivre et qu’elle avait été mise au lit par ses locataires avant le drame.

Enquête non concluante

Après un certain temps, les proches de Khatiba Goburdhun, qui avaient depuis le début des doutes sur les résultats, ont entrepris des démarches pour exhumer le corps et réaliser une contre-autopsie. La médecin légiste avait été informée de cette démarche, mais aucune action n’a été entreprise. En juillet de l’année suivante, soit un an et demi après la découverte du cadavre, l’enquête a été clôturée. La police a de nouveau contacté, la médecin légiste pour l’informer des conclusions. Cependant, ni l’enquête ni l’autopsie n’ont révélé de nouveaux éléments. Une source explique que la médecin légiste n’était pas sur les lieux et avait travaillé avec les informations transmises par la police. Puisque la police a de nouveau affirmé qu’il n’y avait rien à découvrir après une année et demie d’enquête, la médecin légiste a conclu par une note de mort naturelle dans le dossier. Il s’agit d’une note finale, mais la cause initiale, l’œdème pulmonaire aigu, qui n’a apparemment pas été prise en compte lors de l’enquête, est restée inchangée, précise notre source. L’affaire ne s’est pas arrêtée là. Il nous revient que Nacir Bukreedun et Sandrine Rathbone ont avoué le troisième crime à la médecin légiste elle-même, qui a ensuite informé la police. Cependant, elle n’a plus rien entendu. Elle aurait rappelé la Mauritius Criminal Investigation Team, qui lui a dit que c’était une fausse piste. Peu de temps après, la version des enquêteurs, remettant en question le rapport d’autopsie sans mentionner les conclusions de l’enquête, a été divulguée dans la presse.