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Malgré les déferlantes, Pierre Rivet continue à «Danser sa vie»

23 décembre 2023, 22:00

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Malgré les déferlantes, Pierre Rivet continue à «Danser sa vie»

Pierre Rivet

Après avoir publié un premier livre intitulé «Pages d’une vie» en 2019, Pierre Rivet, 75 ans, qui jusque-là écrivait en dilettante, rien que pour les yeux de ses proches et amis, revient avec un petit condensé intitulé «Danser sa vie». Ce livre est, en quelque sorte, une relecture de certaines étapes de la vie passée et présente de cet ancien cadre administratif dans l’industrie sucrière, agrémenté de citations d’auteurs étrangers et mauriciens, prêtres comme profanes, qui ont résonné en lui. Malgré les contrecoups de la vie, notamment la mort de son fils Hugues, qui a péri dans un accident de la route en février 2021, il n’a pas flanché et continue à «danser sa vie», avec sa foi en ligne de mire.

«Danser sa vie», qui est sorti hier, est-ce la suite de «Pages d’une vie» mais de façon plus intimiste et plus profonde spirituellement ?

Je pense pouvoir dire non et oui. Non, dans le sens que, quoique quatre années seulement se soient écoulées entre ces deux parutions, des tempêtes majeures ont traversé ma route, mon chemin entretemps. Tempêtes que je ne pouvais, un seul instant, imaginer à devoir affronter. La mort d’un enfant, la maladie… qui ont bousculé complètement ma perspective de vie.

Mon premier livre était en quelque sorte calibré intérieurement au gré des auteurs rencontrés jusquelà. Je me suis projeté dans ce canevas, disons, un peu ficelé au départ. J’ai dû veiller à rester dans ce cadre de mes belles et riches lectures d’alors. Ma démarche ultime était, comme le disait Georges Steiner dans une interview au journal Le Point, de me sentir l’âme d’un facteur – postino – qui avait pour mission de porter de bonnes nouvelles à ceux autour de lui.

Mais je dois aussi dire oui, car je me suis laissé apprivoiser depuis. Je sens que je jouis aujourd’hui d’une liberté qui, sans prétention aucune, me pousse, me rend plus responsable et m’incite à être davantage témoin. Je pouvais être motivé de paraître agréable alors tandis qu’aujourd’hui, je puis me permettre d’être plus dérangeant en quelque sorte.

L’humour, très british, y est bien dosé, que ce soit dans votre narration que dans les citations d’auteurs. Comment faites-vous pour garder le sourire et danser votre vie après avoir perdu un de vos fils dans un accident de la route en 2021 ?

(Un long silence). En effet, c’est terrible de perdre ainsi un enfant… de manière si idiote… Un être rempli de promesses, de force et de fragilité à la fois… Je continue à danser et tiens le coup grâce à la prière. À la présence et l’accompagnement remarquable de mon épouse, Liliane, des enfants et petitsenfants, de la famille élargie, des amis. C’est tellement précieux tout cela.

Votre question me ramène à ce moment poignant de la fin de la cérémonie religieuse des obsèques d’Hugues, où Liliane et moi avions prévu de dire quelques mots de remerciements à tous ceux présents. Les témoignages qui avaient précédé avaient été donnés par des proches, avec l’aide, bien entendu, de leur portable. Moi, j’ai fait semblant de chercher le mien avant de tirer«mon bout de papiertraditionnel» pour lire mon message. Ce trait d’humour très spontané, qui a frappé plus d’un, ne pouvait venir, pour moi, que d’en haut. Et cela m’a permis de le terminer sans embûches.

Je suis un firm believer de l’humour et y puise à volonté pour faire face aux aléas et ombres sur mon chemin d’homme et de croyant. En ce moment, lors de mon temps de conversation personnelle, chaque matin avec Dieu, je me délecte et savoure un épisode – dix, 12 minutes – de la série The Chosen. Je suis ému et, souvent, je me plie de rire jusqu’aux larmes en voyant les réactions, le raisonnement et les prises de position des apôtres et des personnes entourant et cheminant avec Jésus. Hugues cultivait un sens de l’humour et de la répartie bien à lui. Je n’ai absolument aucun doute que nous aurons un jour le privilège de le revoir et de passer du très bon temps à rire ensemble.

Vous qui n’aviez révélé votre état de Parkisonien qu’à vos proches et à votre entourage, vous évoquez ouvertement votre maladie, avec beaucoup de légèreté et d’humour certes, dans ce dernier ouvrage. Pourquoi en parler maintenant ?

Vous me regardez et pouvez voir comment je tremble des mains… L’autre soir, j’étais à un cocktail entre amis et j’ai failli renverser ma coupe de vin rouge sur la toilette sublime et immaculée d’une amie! Son mari m’a soufflé à l’oreille: «‘Bez’, ces tremblements-là, Pierre.»

Je lisais le témoignage de cette journaliste française de la radio très connue et appréciée – sorry, je ne me souviens plus de son nom – qui racontait sa décision de cacher, durant longtemps, à ses proches sa maladie de Parkinson. Car cela, disait-elle, l’atteignait dans sa féminité aussi. Moi, j’ai choisi d’en parler et de faire mon coming out sur ce sujet, même si dans certains cas, je m’entends dire aussitôt : «Je vois bien.»

Je suis touché de la compassion et de la délicatesse des personnes autour de moi et du sens de caring dont je suis l’objet. C’est magnifique et me rend la vie belle !

À qui s’adresse «Danser sa vie» et quelles sont vos attentes par rapport à ce livre ?

Ça va vous faire rire ! Je pense plus particulièrement aux jeunes, disons dans la tranche des 18-30 ans, et aux vieux… de 70 ans à monter. Pourquoi, me direz-vous ? Aux jeunes pour leur témoigner comment la vie est un don extraordinaire, un cadeau unique. Et comment, à leur âge, où ils construisent la fondation de leur vie : études, travail, famille… il leur revient de donner un Sens à cela, à ce chantier qui leur est livré et qui leur est propre. C’est un fait que la livraison se fait dans des circonstances des fois pas toujours idéales, pas toujours rêvées! Mais, make no mistake, c’est à nous qu’il revient de choisir notre maître de chantier!

Aux vieux car on le devient de plus en plus tard dans la vie. On est retraité certes sur le registre de pension mais on fonctionne quelques années encore, soit comme consultant, artisan d’expérience, entrepreneur, directeur sur des conseils d’administration… Ça tient la route pour encore quelque temps quand survient ou surgit alors la vieillesse, la maladie, l’inconfort, la dépendance, l’effacement…

Et nous voilà, d’un coup, confronté dans la tête aux problèmes d’oubli, de mémoire et dans le corps, aux soucis d’articulation, de mobilité… Nul n’y échappe. Alors, à leur tour, la question se pose: quel sens donner à ce qui m’advient, à ma vie, ici et maintenant ?

Où peut-on se procurer un exemplaire de «Danser sa vie ?»

Je souhaiterais pouvoir rencontrer mes éventuels lecteurs et privilégie donc la vente personnelle et directe. «Danser sa vie», qui a été imprimé par Best Graphics Ltd, est à Rs 300. Il ne faut pas hésiter à m’appeler sur le numéro de téléphone WhatsApp 57 29 33 01 ou me contacter par e-mail: tevir@intnet.mu. Mes petits-enfants s’occupent de la campagne de vente également à travers les réseaux sociaux!

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Pierre Rivet avec son épouse, Liliane, et leurs enfants. L’avant-dernier garçon sur la droite, c’est Hugues, qui a péri dans un accident de la route en février 2021.