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Complexités organisationnelles après la pandémie
Mehaad Tegally prône la résilience et les valeurs humaines à travers la «Systems Thinking»
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Complexités organisationnelles après la pandémie
Mehaad Tegally prône la résilience et les valeurs humaines à travers la «Systems Thinking»
Sous le régime colonial en Inde, le gouvernement britannique avait mis en place un système de primes pour lutter contre la prolifération de cobras venimeux qui infestaient les habitants de Delhi. Ainsi, une récompense était offerte aux chasseurs de serpents pour chaque cobra abattu ramené aux autorités administratives. Si cette politique a d’abord semblé fructueuse, le nombre de cobras morts présentés chaque mois pour la prime a augmenté de manière constante. Or, il s’est avéré qu’au lieu de tuer les cobras, les gens ont commencé à les élever et les tuer pour les présenter aux autorités et obtenir davantage de primes...
Face aux mesures ou politiques bien intentionnées qui peuvent avoir l’effet inverse – l’effet cobra – comment les organisations peuvent-elles gérer les complexités, aborder les problèmes correctement, renforcer la résilience et s’optimiser pour une croissance durable, surtout après la pandémie ? Autant de thèmes que Mehaad Tegally, Registered Professional Systems Engineer, aborde dans son livre Managing Multidimensional Complexities in Organisations. Comptant plus de 35 ans d’expérience professionnelle dans diverses entreprises, il se dit passionné par le concept de Systems Thinking, une approche holistique des problèmes en tant que systèmes, en observant comment les différents facteurs sont liés et s’influencent mutuellement.
«L’idée d’écrire m’est venue pendant le confinement de 2020, lorsque beaucoup ont commencé à parler de l’émergence d’une new normal. J’ai mis l’accent sur la nécessité pour les entreprises de repenser leur organisation dans le sillage de bouleversements économiques et sociaux soudains. Après le deuxième confinement, j’ai estimé que ce que nous savons en théorie doit être mis en pratique et j’ai développé la Sustainable Operating System Initiative (SOSI) pour aider les entreprises. (...) J’ai cependant estimé avec le temps qu’il fallait formaliser davantage les choses et surtout le facteur humain dans le processus, qui est abordé dans ce livre. L’individu dans une organisation travaille avec la main, la tête et le cœur, mais les entreprises ne prennent souvent pas en compte le tiers», explique-t-il.
Attitude, adaptabilité et valeurs humaines
Les deux années de pandémie de Covid-19 ont entraîné des perturbations économiques, mais aussi sociales, environnementales et mentales, les employés de différents secteurs étant contraints de travailler subitement à domicile et de passer d’une responsabilité à l’autre sans cadre approprié, tout en assumant leurs obligations professionnelles et familiales dans le même lieu. Par ailleurs, plusieurs sociétés ont dû licencier massivement des employés malgré des années de profit. «Le secteur hôtelier, par exemple, a licencié près de 50 % de son personnel. Après la pandémie, ils se sont retrouvés à court d’employés. Bien que réticents au départ, les hôtels ont fini par s’ouvrir à la clientèle mauricienne en l’absence de touristes, ce qui a soutenu leurs coûts opérationnels pendant un an, les frontières étant fermées. Mais jusqu’à présent, nombre d’hôtels ne fonctionnent pas à capacité maximale parce que les employés licenciés ne veulent pas revenir. Outre les conséquences économiques inévitables, la rupture de confiance et le facteur humain négligé font que d’autres hésitent à travailler là où ils craignent d’être licenciés à la prochaine crise. La Chine produit tout ce que l’on peut imaginer, mais pendant la pandémie, elle n’a pas pu convertir ses usines textiles à la production de masques», constate Mehaad Tegally.
Ces événements n’ont-ils pas ironiquement témoigné du manque d’intelligence émotionnelle dans la prise de décision et d’un manque de durabilité des organisations dans des situations difficiles ? «Il faut prendre en compte différentes perspectives, être flexible et se réunir pour trouver des solutions globales et pas purement économiques. Les défis relèvent souvent de questions de résilience, de hiérarchie, d’ego et de mentalité. L’émergence de la quiet quitting ou quiet resignation, où les employés font le strict minimum, a également été constatée après la pandémie. Cela est dû à la crainte de l’insécurité de l’emploi et au manque de confiance. La prise en charge des employés ne se limite pas à l’aspect financier, mais aussi à leur santé mentale», estime l’auteur.
Parmi d’autres thèmes, il évoque les complexités des opérations des entreprises, les problèmes liés aux mission statements qui se concentrent sur l’organisation et non sur les gens, la nécessité de la personnalisation et ne pas confondre être occupé avec être productif. Les questions d’émergence d’une réalité fabriquée ou fake truth avec la technologie et l’intelligence artificielle sont également abordées. Le livre lancé samedi à la librairie Bookcourt à Bagatelle Mall est en vente à Rs 900.
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