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«Baraz» de Gaston Valayden et «La réconciliation» de Brigitte Masson
Même combat !
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«Baraz» de Gaston Valayden et «La réconciliation» de Brigitte Masson
Même combat !
Par un heureux hasard du calendrier, la parution du troisième roman de Brigitte Masson* et la présentation au Caudan Arts Centre de la pièce de Gaston Valayden se sont succédé au bon moment, en cette saison électorale. Avec les armes différentes de la littérature et du théâtre, mais dans une approche si complémentaire – déjà sous-jacente dans les titres ! – nos deux auteurs combattent les vices du communalisme et prônent les vertus de l’unité dans la diversité, avec un même message mêlant espoir et défi pour les jeunes.
Avec ces derniers et pour eux, il est plus que jamais impérieux de détruire les barrières pour que les habitants de cette petite île puissent s’apprécier et s’enrichir mutuellement de leurs différences. Comme disait Saint Exupéry, «Si tu diffères de moi, loin de te léser, je t’augmente».
À cet égard, il est intéressant de relever, d’une part, que dans un avant-propos de La réconciliation, on trouve le vœu que si la jeunesse voulait s’inspirer de ce roman, «l’autrice ne pourrait qu’applaudir et les remercier au nom des générations à venir». D’autre part, on sait que l’auteur de Baraz a revisité la version de la pièce écrite en 2002, inversant le genre des enfants des voisins tamoul et créole, ce qui lui permet d’être davantage dans l’air du temps, à travers le rôle proactif de leurs filles Erica et Nessa.
(Gaston Valayden.)
C’est que tant Brigitte Masson que Gaston Valayden croient au bon sens naturel des jeunes, face au constat de la faillite de la classe politique à construire une Nation, après plus de cinq décennies d’indépendance. L’histoire d’amour contrarié entre le jeune créole Stellio et Priti, l’hindoue rebelle, aurait pu facilement se transformer en un roman à l’eau de rose, en un remake du mythique couple de Paul et Virginie.
Or, grâce à un savant tissage de trois intrigues mêlant la corruption d’un ministre, le conservatisme du frère de Priti, prêt à tout par ambition, et l’engagement authentique des jeunes amoureux, l’autrice dépeint la réalité de la société pour en dénoncer les abus, dans la pure veine du roman social. Pour sa part, l’auteur-acteur et metteur en scène renouvelle avec force la défense et l’illustration d’un théâtre de vérité, bousculant les idées reçues pour mieux éveiller les consciences.
Baraz et La réconciliation s’accordent ainsi à mettre en lumière la duplicité des hommes politiques, tous partis confondus, insistant sur ce qui nous différencie au lieu de valoriser tant de vécu en commun qui nous pousse quotidiennement les uns vers les autres. Leurs jeunes personnages n’en sont pas dupes et contestent à juste titre le mythe de la nation «arc-en-ciel», bien conscients que, par définition, les couleurs de celui-ci se côtoient mais ne se rejoignent jamais ! Auraient-ils tort de voir dans le drapeau national des bandes-barrières séparant hermétiquement les quatre couleurs symboliques ? En tout cas, avec leur idée géniale d’un Monument du peuplement, Stellio et Priti, héros du roman de Brigitte Masson, se présentent comme le porte-drapeau de la réconciliation, dans une marche qui soulève l’enthousiasme non seulement des jeunes adeptes des réseaux sociaux mais aussi chez les ainés.
(Brigitte Masson.)
Naïveté ? Excès d’optimisme, diraient les résignés. Pour notre part, il s’agit surtout du rôle de la littérature et du théâtre dans la société. Le message d’espoir que nous transmettent Brigitte Masson et Gaston Valayden est rendu d’autant plus crédible par leur autorité morale, leur parcours de vie et leur attachement profond au pays.
La Réconciliation, Édition La Maison des Mécènes, 2024, disponible aux librairies Book Court
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