Le ministre israélien du patrimoine, Amihai Eliyahua, membre d’un des partis d’extrême droite du gouvernement Netanyahou, a causé un tollé dans la semaine en déclarant qu’une bombe nucléaire sur Gaza était une option. À sa décharge, il faut dire que c’est un journaliste qui lui proposait cette idée. Mais la séquence de l’interview ne laisse pas de doute. Le ministre dit d’abord qu’il n’est pas satisfait de l’ampleur de la réponse israélienne à l’attaque terroriste du 7 octobre, et le journaliste de lui demander si la solution ne serait pas de larguer une «sorte de bombe nucléaire sur toute la bande de Gaza, la raser et tuer tout le monde». La réponse du ministre à cette provocation irresponsable ? «C’est une option !» et il a même laissé entendre qu’il était prêt à accepter que la vie de plus de 240 otages soit «mise en danger» ! C’est déjà le cas, non… ?

Les réactions ne se sont pas fait attendre ! D’abord, le bureau du PM Netanyahou dénonçait ces propos comme «déconnectés de la réalité» et soulignait combien Israël s’efforçait d’épargner les «non combattants à Gaza». N’empêche qu’il y a, à ce stade, toute une population civile en otage à Gaza, que la densité de population est de 8 000/km2 à Gaza City (*) et que si Eliyahua a subséquemment essayé de plaider que son commentaire sur la bombe nucléaire était de nature ‘métaphorique’ ; son propos était quand même alimenté de la précision qu’il fallait que la réponse d’Israël soit «puissante et disproportionnée» face au terrorisme. Le Hamas, opportuniste, n’a pas raté l’occasion de dire que les propos ministériels montraient à quel point le gouvernement israélien exerçait aussi un «terrorisme sans précédent» sur le peuple palestinien alors qu’il est lui-même accusé, de manière crédible, d’utiliser son peuple comme paravent humain… Dans l’autre guerre, celle de l’opinion publique, on marque des points comme et quand on peut et Hamas semble alors mieux se débrouiller qu’avec des armes ? Comme il le souhaitait au départ ?

Tout cela, à Gaza, ne reflète évidemment pas très positivement sur les humains que nous sommes, sauf pour notre tempérament nombriliste, belliqueux et guerrier… Ce que Netanyahou a permis aux colons juifs de faire en Cisjordanie sort du même chaudron… Notez aussi combien l’islamophobie qui a suivi les massacres de 1 200 Israéliens le 7 octobre ressemble à l’antisémitisme soulevé depuis le bombardement continu de Gaza, qui tue tant d’innocents…

Ajoutons-y quelques louches d’hypocrisie. On parle évidemment beaucoup des 11 000 morts palestiniens à Gaza et il s’y trouve évidemment bien trop d’enfants, mais il faudrait quand même reconnaître que tous ces morts ne sont pas que des civils innocents ? Il y a sûrement des combattants et activistes du Hamas parmi, peut-on penser ? De plus, pour continuer avec la mise en perspective, pourquoi est-ce que la guerre et les bombardements à Gaza seraient plus criminels que le bombardement de Hambourg (37 000 morts) ou le Blitz allemand sur Londres et autres (43 000 morts civils) pendant la Seconde Guerre mondiale ? Ou la guerre du Vietnam (2 millions de mortalités civiles). Ou au Yémen, avec ses 19 200 civils tués dans la guerre menée par les Saoudiens ? Ou dans la guerre Iran-Irak de 1980-88 avec, au minimum, un million de morts musulmans ? Ou lors des actions militaires US post 9/11, où l’on recense 432 093 morts civils ? Ou celle de la Syrie où l’on recense 230 000 civils tués entre 2011 et 2023 ? Ou encore les civils tués et décapités par les djihadistes d’ISIS ? Ou les civils tués en Afghanistan, au Soudan, au nord du Nigeria ou au Mali, entre autres, par des ‘frères’ mécontents ? Un innocent tué reste un innocent tué, non ?

Par ailleurs, cette menace de bombe nucléaire semble avoir été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour les Sud-Africains qui rappelaient en conséquence tous leurs diplomates de Tel Aviv, cette semaine. Personne ne semble pourtant se souvenir d’une décision similaire sur leurs diplomates à Moscou quand Poutine lui-même, plutôt qu’un simple ministre du patrimoine, menaçait, de guerre nucléaire aussi, l’Ukraine qu’il venait d’envahir et dont les populations civiles n’étaient pas, non, plus, pour être épargnées (9 700 morts civils à septembre 2023)…

La guerre pue et la guerre tue ! Ça, on le sait depuis longtemps ! Mais quand on veut ‘éliminer son ennemi jusqu’au dernier’, il sera décidément difficile d’envisager de vivre en paix, demain, tant il paraît impossible de se dépêtrer alors des affres du radicalisme et des outrances de l’émotionnel…

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Le sondage Synthèses-l’express a dominé l’actualité depuis sa publication le 27 octobre dernier et a surtout alimenté les conversations pour ses conclusions les plus tape-à-l’oeil. Ainsi 68 % des sondés souhaitent un nouveau parti et un nouveau leader, qu’ils ne trouvent pas à ce stade ; 55 % des sondés disent que la situation du pays et de ses habitants a tendance à aller plus mal ; 62 % déclarent pourtant que leur situation personnelle va s’améliorer sur les 12 prochains mois ; l’inflation, la drogue et l’insécurité sont les soucis majeurs de la population ; le ‘mood’ général, loin d’être ‘feel good’, est pessimiste à souhaitt ; Pravind Jugnauth est estimé plus performant que tous les autres PM depuis l’Indépendance et l’entente de l’opposition devance, à ce stade l’alliance gouvernementale en intentions de vote par 36 % à 25 %.

Mais si on parlait aussi des autres indications que l’on peut souligner par-delà ces gros titres ? On s’efforcera de signaler, principalement, les opinions des sous-groupes qui divergent généralement de l’opinion moyenne, par 10 % ou plus.

D’abord signalons ainsi que ce sont plutôt les plus de 50 ans ainsi que les ‘inactifs et retraités’ qui trouvent que «les choses vont en s’améliorant», alors qu’en réponse à la question qui évoque plus explicitement le futur, ce sont les jeunes d’entre 18 et 30 ans qui pensent, à presque 22 % de plus que la moyenne de l’échantillon, que leur situation personnelle va s’améliorer au cours des 12 prochains mois… Les «créoles et chinois» (drôle de catégorisation !) semblent être les plus optimistes (+22 %) en la circonstance.

L’effet de la pension de vieillesse et (un peu) du cadeau de Rs 20 000, respectivement ?

On ne sera pas surpris que ce sont les jeunes (18-30 ans) et le monde ouvrier, qui se sentent les plus concernés par le problème de la drogue, ni que ce sont les plus de 50 ans qui disent avoir «peur pour leur pays», mais après tout le tintouin sur le prix de l’essence, on notera qu’une baisse des produits pétroliers n’intéresse que 13,9 % des sondés, loin derrière l’inflation ( 70,2 %), la drogue ( 44,7 %) ou un salaire minimum plus élevé ( 43,2 %), comme enjeux d’importance pour les prochaines élections.

À la question de savoir si le sondé pense que l’entente de l’opposition peut gagner les élections, 46,6 % répondent ‘oui’, comme 60,3 % des musulmans et 52,9 % du monde rural. Le monde urbain est plus sceptique, disant son désaccord, à 59,9 %. La catégorie ‘créole, chinois’ est encore plus sceptique, à 66,4 %. Plus d’hindous (28,1 v 21,7 %) et de musulmans (44,1 v 21 %) croient que l’opposition a plus de chance de gagner les élections que le gouvernement. À contrario des ‘créoles/ chinois’ (20,9 v 30,2 %).

Si Pravind Jugnauth (23,8 %) est jugé plus performant que SSR (23,5 %) ou Navin Ramgoolam (22 %), cela se joue, cependant, dans un mouchoir et à l’intérieur de la marge d’erreur de 3 %. Pas moins intéressant, Bérenger est estimé le plus performant des 5 PM pour les zones urbaines (25,1 %), même si PKJ est très proche à 24,9 %. Par contre, en zones rurales, SSR (31,7 %) devance NCR (27,8 %) et PKJ (22,8 %). Le meilleur score moyen de PKJ sur le total de l’échantillon est donc dû au fait que son score en milieu urbain ou rural est beaucoup plus stable que les quatre autres…

Finalement, il faut noter que les jeunes de 18 à 30 ans sont les plus enclins à croire que l’entente de l’opposition va gagner (à 33,4 %), mais ils déclarent par ailleurs, à 65 %, qu’ils n’ont pas encore fait leur choix personnel… Aussi, si le MSM est le parti duquel l’échantillon se sent le plus proche (à 19,7 %), c’est un chiffre à mettre en perspective puisque 49,4 % des gens interrogés ne se savent ou ne se sentent proches d’aucun parti alors que 18,8 % hésitaient encore sur leurs intentions de vote.

Entre maintenant et les élections, pas à dire : nos politiciens ont du sérieux travail de pioche à faire pour convaincre !

(*) Les pays les plus ‘occupés’ au monde en 2016, selon la Banque Mondiale sont Macao ((20 204/km2) et Monaco (19 243). Maurice est à 662/km2, l’Inde à 445, la Chine à 147 et la moyenne mondiale est de 57,4.