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Mare-Chicose
Multiples incendies et remises en cause
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Mare-Chicose
Multiples incendies et remises en cause
Les faits inquiètent. Mardi dernier, c’est la station de transfert de La Chaumière qui a été la proie des flammes, une épaisse fumée noire visible jusqu’à Bambous. Dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, le centre d’enfouissement de Mare-Chicose a pris feu. Pendant que les autorités luttaient pour éteindre le feu et effectuer un suivi de la qualité de l’air, selon nos informations, les épaisses fumées avaient atteint les environs de Nouvelle-France. Sanjana, habitante de Cluny, témoignait : «Si l’odeur habituelle des déchets pourris provenant de Mare-Chicose nous dérange de temps en temps, les fumées atteignent notre maison à chaque fois que des incendies surviennent et c’est dangereux pour notre santé, car nous hébergeons nos grands-parents.»
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que ce centre d’enfouissement connaît des incendies. Le 25 octobre, plusieurs pompiers ont dû être mobilisés afin de maîtriser un important incendie qui s’est déclaré sur place. Le 22 novembre 2022, un autre incendie majeur, qui s’est produit dans la zone d’extension de la cellule 6 de la décharge de Mare-Chicose, avait poussé le Mauritius Fire and Rescue Service à mobiliser les camions-citernes et du matériel sur le site depuis la caserne de pompiers de Rose-Belle, Mahébourg et St-Aubin. Cette fois encore, les opérations habituelles sur le site d’enfouissement de Mare-Chicose ont été temporairement suspendues et reprendront dès que la situation reviendra à la normale, indique un communiqué du ministère de l’Environnement.
Plusieurs lacunes durant le cycle de traitement
La fréquence des incendies dans les stations de transfert de déchets ou dans le centre d’enfouissement de Mare-Chicose ne cesse de soulever des questions sur les lacunes dans la gestion des déchets. Le 27 juillet, un incendie dévastateur avait ravagé le dépotoir de Roche-Bois, transformant ce coin paisible en un théâtre de désolation et de désespoir et rendant l’air presque irrespirable pour les habitants du voisinage. Trois personnes ont été blessées. Le directeur de la Solid Waste Management Division du ministère de l’Environnement avait alors pointé du doigt l’exploitant du centre, affirmant que selon les premières observations, des déchets inflammables qui n’étaient pas censés être au centre de Roche-Bois s’y trouvaient.
Les employés du centre de transfert avaient, eux, indiqué que ce problème aurait pour cause originelle la sursaturation de Mare-Chicose. Le traitement des déchets dirigés via le centre étant de plus en plus difficile, les responsables refuseraient de recevoir les déchets ou les accepteraient en quantités inférieures. Les déchets restants sont alors renvoyés au centre de Roche-Bois, s’accumulant au fil du temps. Des craintes avaient également été exprimées quant à la possibilité que de tels incidents se répètent dans d’autres centres de transfert si ce problème n’était pas résolu. Un habitant de la région se demandait même alors: «Eski finn met dife ladan par expre pou pa bizin amenn zot Mare-Chicose ?Zafer-la inn satire.»
Or, on compte également plusieurs problèmes dans le «cycle» d’élimination ou de traitement des déchets, notamment au niveau des sous-traitants spécialisés dans la transformation des déchets solides, liquides et gazeux. En effet, il y a deux mois, les habitants de plusieurs régions du pays avaient remarqué que la fréquence du ramassage d’ordures était erratique. Des sous-traitants opérant des bennes à ordures – plus d’une centaine dans ce cas qui sont chargés de transporter les déchets de différentes stations de transfert à Mare-Chicose et de déposer les déchets résiduels de Mare-Chicose dans les stations de transfert et le bassin de stockage – avaient catégoriquement cessé de travailler, interrompant la chaîne de traitement, recyclage et collecte de déchets résiduels. En conséquence, des montagnes de déchets se sont accumulées aux stations de transfert ainsi qu’à la décharge de Mare-Chicose, outre le fait que les bassins d’eaux usées résultant du traitement des détritus risquent de déborder.
Ces sous-traitants avaient alors évoqué comme cause le non-paiement pendant sept mois d’un montant qui s’élève à Rs 80 millions par leur compagnie contractante, Sotravic Limitée, car celle-ci n’aurait pas reçu de paiement du ministère des Finances. D’ailleurs, dans un article publié le 25 septembre 2024, l’express avait publié une copie du message envoyé par un négociateur de Sotravic aux sous-traitants. Ce message, daté de juin, appelait ces derniers à prendre note du fait que la société n’avait effectivement pas reçu de paiements du ministère. Si Sotravic n’a apporté aucun éclaircissement supplémentaire à ce sujet, de son côté, le ministre des Finances avait toutefois affirmé que tout était en place «de nou kote, nou pa dwa enn sou Sotravic». Idem pour la Solid Waste Management Division du ministère de l’Environnement, qui a affirmé que les paiements effectués en faveur du «main contractor» étaient à jour et qu’ils ne savaient pas ce qui se passait entre ce dernier et les sous-traitants.
Par ailleurs, plusieurs rapports dénoncent la situation dangereuse à laquelle ce centre d’enfouissement était confronté en raison de sa mauvaise gestion depuis longtemps. Par exemple, le bureau de l’Audit avait, dans son rapport intitulé Environment Protection - Ensuring Proper Disposal of Hazardous Wastes, fait une visite en mai 2017 et souligné que, entre autres, des déchets électroniques étaient exposés dans des espaces ouverts et sur le sol. En septembre 2022, Marcos Orellana, rapporteur spécial des Nations unies sur les incidences sur les Droits de l’homme de la gestion et l’élimination écologiquement rationnelles des produits et déchets dangereux, avait fait état de la situation alarmante de la gestion des déchets au centre d’enfouissement de Mare-Chicose.
En juillet 2023 toujours, des camionneurs sous-traitants avaient rongé leur frein face au délai des opérations à Mare-Chicose, évoquant la sursaturation du lieu, l’inefficacité des équipements utilisés face à la quantité de déchets déversés quotidiennement sur le site, ainsi que la plate-forme destinée à la collecte des déchets qui est ellemême de petite taille. Alors qu’environ 504 000 tonnes de déchets sont générées annuellement et que seuls 4 % de ce volume sont recyclés, et que les autorités se renvoient la balle, des incendies qui surviennent trop souvent continuent à tirer la sonnette d’alarme.
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