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Festival du livre de Trou-d’Eau-Douce

Nikhita Obeegadoo: un doctorat à Harvard c’est «une leçon d’humilité»

15 octobre 2023, 17:00

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Nikhita Obeegadoo: un doctorat à Harvard c’est «une leçon d’humilité»

Sur la liste des choses accomplies, Nikhita Obeegadoo coche la case : doctorat à l’université de Harvard. Hier soir, juste avant la Nuit de la lecture, elle a animé une conférence sur l’overseas citizen, au Festival du livre de Trou-d’Eau-Douce.

Sous ses faux airs d’étudiante, c’est elle l’enseignante. Depuis un an, Nikhita Obeegadoo est Assistant professor in languages and world literatures à la faculté de creative and critical studies à l’université de British Columbia, au Canada. «Je ne me vois pas comme une personne vivant à l’étranger. Je reviens à Maurice tous les ans pendant plusieurs mois. Je suis en circulation.»

Sa participation aux conférences du Festival de Trou-d’Eau-Douce est financée par un fonds de recherches académiques, précise-t-elle. En août dernier, elle a donné une conférence au World Hindi Secretariat à Phoenix, pour l’anniversaire du poète et philosophe indien Tulsidas. «C’est la première fois que je faisais une présentation académique entièrement en hindi.»

Décrocher un doctorat à Harvard, en mai 2022, est «une leçon d’humilité. Cela montre combien de recherches il y a à faire encore». Sa thèse, intitulée Silence of the seabed: reimagining traumatic water crossings in the Indian Ocean and the Carribean, est une «exploration des littératures contemporaines de l’océan Indien et des Caraïbes, portant sur les mouvements migratoires». Elle a constitué un corpus d’auteurs en anglais, français, hindi, espagnol. Des auteurs qui repensent «le passage du milieu, la traversée du kala pani et l’immigration clandestine contemporaine parce qu’il y a plus à dire que ce qui se trouve dans les archives». Y figurent Nathacha Appanah, la martiniquaise Fabienne Kanor, la guyanaise Gauitra Bahadur, entre autres.

Où Nikhita Obeegadoo a-t-elle appris l’espagnol ? En souriant, elle se revoit à 17 ans, débarquant en Californie, grâce à sa bourse d’études à Stanford University. «Je croyais qu’en Amérique, tout allait être en anglais. J’ai été surprise de voir que l’espagnol est partout.» L’étudiante comprend que pour «saisir vraiment cet endroit», l’apprentissage de l’espagnol est indispensable.

Qu’en est-il de l’hindi ? Langue apprise à l’école, tout en se nourrissant de films de Bollywood. Nikhita Obeegadoo se souvient d’une question, «à laquelle je n’ai pas su répondre à l’époque». Pourquoi apprendre l’hindi et ne pas se concentrer sur l’anglais et le français ? «À Maurice, on est multiculturel, mais il y a toujours le sentiment que certaines langues valent mieux que d’autres.» Elle souligne aussi «qu’à Maurice, on est très axé sur l’expression écrite, alors qu’en Amérique c’est tout le contraire. Il faut parler. You have to perform. Toujours se mettre en avant. C’est l’une des choses les plus importantes que j’ai apprise en Amérique».

Vie publique : «Oui, ça m’intéresse»

Nikhita Obeegadoo se voit-elle entrer dans la vie publique ? «Oui, ça m’intéresse», dit-elle simplement. A-t-elle envisagé un avenir professionnel à Maurice après son doctorat ? Elle affirme s’être posé la question. «S’il y avait une possibilité de faire ici ce que je fais à l’étranger: créer et enseigner mes propres cours, j’aurais signé tout de suite. Je garde espoir.»