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Ram Dhurmea, nouveau directeur de la météo
«Nous prêtons attention à toutes les critiques du public»
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Ram Dhurmea, nouveau directeur de la météo
«Nous prêtons attention à toutes les critiques du public»
Vous êtes de la nouvelle génération. Quels changements pouvez-vous apporter pour améliorer les prévisions météorologiques et les avertissements ?
Tout d’abord, avec les changements du temps et du climat, engendrés par le réchauffement, le Mauritius Meteorological Service (MMS) doit rester vigilant en permanence et ajuster le système d’avertissements à chaque fois. Nous y avons récemment apporté des modifications nécessaires, notamment pour les cyclones et les fortes pluies.
Pour être plus proactifs, en termes de prévisions météorologiques et d’avertissements, nous travaillons sur l’opérationnalisation d’un modèle régional à haute résolution pour Maurice. Cela pourrait prendre environ deux ans. Pour ce projet, nous avons dû solliciter un soutien étranger et les services météorologiques allemands ont accepté de fournir une assistance suite à la recommandation de l’Organisation météorologique mondiale. Une fois opérationnel, le Limited Area Model permettrait le développement d’un système opérationnel de prévision des inondations. Les flash floods surviennent de plus en plus fréquemment et sont très dangereuses.
Comment la station météo est-elle appelée à se réinventer au cours des prochaines années ?
Actuellement, quand le public parle de services météorologiques, la première perception nous amène uniquement au temps qu’il fait et aux avertissements. C’est la perception mondiale, mais ce n’est pas que cela. Les données météorologiques sont intégrées dans les différentes activités socio-économiques du pays et contribuent à sa croissance. Le MMS contribue déjà à la fourniture de services climatiques, notamment en offrant de produits sur mesure. Le plan est de revitaliser ce service en créant un National Framework for Climate Services. Il permettra d’engager des dialogues et une collaboration entre le MMS et les différentes parties socio-économiques afin que le MMS puisse fournir des produits mieux adaptés à leurs besoins, notamment pour la prise de décision et la planification.
Pour cela, nous envisageons de créer une section de recherches et développement au sein du MMS, où toutes les données seraient traitées et converties en produits et services innovants. Les ressources humaines sont disponibles. Tout ce dont nous avons besoin, ce sont quelques bureaux. Maurice est renommé et le pays est un modèle en Afrique dans différents secteurs. Le MMS pourrait également devenir un modèle en météorologie pour la région. Nous avons la capacité de le faire. Nous avons besoin d’un investissement supplémentaire dans les ressources humaines, les équipements et les logiciels. Le MMS a récemment exprimé son intérêt pour faire partie d’un réseau de centres climatiques régionaux et nous projetons de renforcer les capacités pour atteindre cet objectif.
Le MMS est-il bien équipé pour relever les défis dus au changement climatique ?
Nous sommes bien équipés. Nous avons les moyens suffisants pour accomplir notre travail. Cependant, de nouveaux outils innovants ne sont jamais de trop. Les observations au sol sont essentielles et le MMS continue d’installer de nouvelles stations automatiques dans différents endroits du pays et de remplacer celles qui ont fait leur temps. Toutefois, nous ne pouvons pas être parfaits. Aucun service météorologique ne peut être parfait. Cette science elle-même est inexacte.
Le MMS a toujours été critiqué par le public. Est-ce justifié ?
En tant qu’individu, pour moi, la critique est un feedback gratuit et important. La critique assure du dynamisme dans un système. J’ai toujours construit sur la critique, et cela a fonctionné la plupart du temps. Quand j’étais étudiant, je m’appuyais sur les critiques de mes enseignants et, en tant que professionnel, les critiques de mes mentors et de ceux qui m’entourent m’ont aidé à progresser et à évoluer.
Les critiques envers le MMS indiquent qu’il y a des lacunes et éventuellement des défauts qui doivent être corrigés. Et surtout, ces critiques vous aident à apporter des changements ciblés qui sont utiles pour le public. Par exemple, basé sur des critiques constructives du public, le MMS a apporté des modifications à son système d’avertissement précoce pour les précipitations et les cyclones. Soyez rassurés ! Nous prêtons attention à toutes les critiques et les feedbacks du public. Nous faisons le nécessaire pour identifier les manquements et procédons à des rectifications pour combler les lacunes. Toute critique innovante et constructive est toujours la bienvenue.
Le MMS semble utiliser le même format copier-coller pour ces bulletins depuis des années. Devrions-nous tout revoir ?
Pas vraiment, le format des bulletins actuels est bien compris par le public. Il remplit sa fonction et c’est le plus important. Nous avons presque revu notre site web avec une page Facebook, mais pour des raisons techniques, il n’est toujours pas achevé. Nous espérons que l’année prochaine, il sera opérationnel. Il n’est pas très judicieux de passer à un autre site web pendant la saison estivale car l’été est très critique en termes de conditions météorologiques graves. Nous prévoyons d’avoir le nouveau site web d’ici la fin de la saison estivale.
Biodata
Le Dr Ram Dhurmea a rejoint la station de Vacoas en tant que météorologue stagiaire en 2001, puis a été nommé météorologue en 2003. Il a été promu chef météorologue en 2013 et, en 2017, on lui a demandé d’assumer les fonctions de directeur adjoint par intérim. En décembre 2019, il a été nommé directeur adjoint, de manière substantielle, avant d’être promu directeur en décembre 2023. Ram Dhurmea détient plusieurs qualifications, notamment un diplôme en science et technologie appliquées (UoM), un BSc (Hons) en physique (UOM), un diplôme d’études supérieures en météorologie (Centre de formation météorologique d’Égypte), un MSc en météorologie avec changement climatique et gestion (Université de Reading) et un Doctorat en modélisation du climat (UoM). Le Dr Dhurmea est le représentant des pays de l’océan Indien au sein du Groupe d’experts de l’Organisation météorologique mondiale EUMETSAT sur les satellites météorologiques. Il est aussi le vice-président du Comité de développement des capacités et de la recherche pour la communauté météorologique pour l’Afrique. Il représente aussi l’Afrique au sein du Conseil de recherches de l’Organisation météorologique mondiale.
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