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Questions à... Jimmy Veerapin
«On donne trop de pouvoirs à la police sur les concerts»
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Questions à... Jimmy Veerapin
«On donne trop de pouvoirs à la police sur les concerts»
Jimmy Veerapin, directeur de Culture Events.
Annulation de dernière heure d’un concert par la police. C’est ce qu’a vécu Jimmy Veerapin, directeur de Culture Events, il y a un peu plus de six mois. C’était le samedi 6 mai, pour le concert Maytal au Café du Vieux Conseil. Après l’interdiction du concert de Dadju, qui n’a pu avoir lieu samedi au stade Germain-Comarmond, Jimmy Veerapin ne pouvait rester insensible face au sort d’un autre organisateur aux mains de la police.
Vous avez vécu le calvaire de l’organisateur qui voit son concert annulé à la dernière minute par la police. Quel regard jetez-vous sur l’autorisation qui n’a pas été accordée pour le concert de Dadju, qui devait avoir lieu le samedi 2 décembre au stade Germain-Comarmond ? Un refus que la police a annoncé la veille du concert.
C’est terrible. Certains ne semblent pas au courant que nous vivons dans un pays où nous avons tous le droit de travailler. On ne peut pas se lever le matin et dire «on annule ce concert». On donne trop de pouvoirs à la police. Sa pe gat pei-la. Cela fait de nous un Etat-policier.
Avec les nouveaux règlements en vigueur, la police a l’autorité pour rentrer dans les concerts et mener des inspections.
C’est cela. La police fait ce qu’elle estime devoir faire. Sauf que cela contribue à créer une sorte de psychose qui décourage le public de sortir pour assister aux concerts. D’autant plus que les annulations se font sans qu’aucune raison ne soit donnée.
Le communiqué émis par la police vendredi dit seulement que le commissaire de police n’a pas accordé d’autorisation pour la tenue d’un concert le samedi 2 décembre, sans donner de raison, ni citer le nom des artistes concernés.
Pareil pour moi ! Savez-vous que dans le cas du concert Maytal, j’avais toutes les autorisations nécessaires ? Mais la police a dit que je n’avais pas tous les permis.
Quand le refus de la police tombe, le vendredi 1er décembre, l’organisateur du concert de Dadju, Hanshley Purmanund, affirme qu’il a obtenu toutes les autorisations nécessaires trois semaines auparavant.
Il a aussi payé pour l’autorisation de la Mauritus Society of Authors (NdlR : Jimmy Veerapin est membre du conseil d’administration de la MASA). Il a tous les permis. Ils sont valables pour une soirée qui dure jusqu’à minuit. Mais il a communiqué en disant que la soirée irait jusqu’à 4 heures du matin et a proposé des packages avec de l’alcool. Ce n’est pas autorisé de vendre de l’alcool durant un concert.
Est-ce que ce sont ces packages entre Rs 50 000 à Rs 250 000, avec de l’alcool pendant la soirée qui expliquent le refus de la police ?
Si c’était ça, la police aurait dû appeler l’organisateur pour lui dire que la vente d’alcool est interdite durant les concerts et que si la police constate qu’il enfreint cette interdiction, li pou aret konser-la anplas. Il faut laisser travailler les organisateurs et non pas annuler tout bonnement un concert comme ça. Si un organisateur fait une erreur sur un point, il faut régler ce point-là, mais ne pas l’empêcher de travailler.
Le refus de la police est tombé quelques heures à peine après que Dadju, artiste franco-congolais qui, en 2020, avait déjà vendu un million d’albums en France, ait atterri à Plaisance.
C’est très irrespectueux. Cela gâche l’image de Maurice. Fer nou pei gagn onte dan enn manier. Avant de refuser l’autorisation à un concert, il faut prendre en compte plusieurs facteurs, évaluer aussi les retombées. Si l’organisateur n’a pas de permis, là je suis d’accord que la police annule sa soirée. Si pe vinn fer frod mo dakor. Un organisateur ne peut pas opérer sans permis. Par contre, s’il a bien tous ses permis, qu’elle est la raison de ce refus ?
Vous êtes absolument sûr que l’organisateur du concert de Dadju a bien tous ses permis ?
Sûr.
Dans ce cas, qu’est-ce qui explique qu’à la veille du concert la police lui refuse l’autorisation ?
Peut-être qu’il y a d’autres enjeux derrière tout cela que nous ne connaissons pas encore… des enjeux politiques.
L’organisateur a affirmé que ces artistes ne reviendraient pas de sitôt chez nous parce que «leur cachet est devenu trop gros pour Maurice». En cas de manque à gagner des organisateurs suite à une annulation de ce type, qui prend cela en charge ?
Il devra assumer ses responsabilités. Ou alors entamer des poursuites judiciaires contre le commissaire de police pour avoir stoppé un concert sans fournir de raison. Ki sannla pou pey sa ? Mo leker kase kan mo trouv tousala. Mwesi monn pass dan sa problem-la.
On supplie pour avoir un permis pour faire vivre les prestataires, pour hisser Maurice sur le plan international, en faisant venir des artistes très connus. Nous voulons travailler dans une vraie industrie musicale, mais comment le faire si on n’obtient pas les permis ? Je suis triste pour les organisateurs. Sa kantite lamour, sa kantite letan kinn bizin pou fer enn Dadju vinn lor Moris. Nous sommes un peuple cultivé. Nous avons envie d’assister à des concerts, d’aller au théâtre, de profiter des séances de cinéma en plein air. Nou nepli kouma lontan kot ti ena zis fancy-fair. À ce peuple cultivé, il faut donner de la matière pour qu’il puisse grandir.
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