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Festival du livre de Trou-d’Eau-Douce

Ouverture Nathacha, l’oubliée vive

13 octobre 2023, 18:00

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Ouverture Nathacha, l’oubliée vive

Le troisième festival du Livre de Trou-d’Eau-Douce confirme, à sa manière, que l’adage «nul n’est prophète en son pays» se conjugue aussi au féminin. Pour cause : Nathacha Appanah est absente pour la troisième fois. Notre compatriote, qui mène une belle carrière littéraire en Europe, ne figure pas parmi la liste des invités importés de l’Inde, d’ici ou d’ailleurs. Et ce, alors qu’elle vient de publier, il y a quelques semaines, La mémoire délavée (chez Mercure de France), pour raconter l’immigration de ses ancêtres indiens à Maurice comme travailleurs engagés. Un roman autobiographique ayant un bel avenir à voir l’accueil chaleureux dont il fait l’objet en France.

La présence de Nathacha Appanah aurait été tout à fait pertinente, d’autant que ce festival est, cette année, consacré aux auteurs indiens de la Grande péninsule et à ceux d’ici. Pourtant, Nathacha Appanah était disponible. Elle était à Maurice pendant quelques jours pour visiter ses parents, avant de se rendre à La Réunion pour le Salon du Livre d’Athena, où, là encore, elle a eu un accueil chaleureux. Plusieurs auteurs mauriciens y étaient aussi et ils ont été étonnés d’apprendre qu’elle n’allait pas participer au Festival du Livre de Trou-d’Eau-Douce «parce qu’elle n’avait pas été invitée». De sources proches de l’organisation du Festival de Trou-d’Eau-Douce, l’on avance qu’elle sera «invitée» la prochaine fois. Même si le thème sera forcément moins adapté…

Cette année, des plumes de renom comme Murugan Perumal seront de la fête, ainsi que des «habitual criminals» locaux, devenus des «repeaters» à Trou-d’Eau-Douce, grâce à la coordination de Barlen Pyamootoo, qui selon Rama Poonoosamy, «finn réisi diminié distans ant lépep ek liv».

Programmation – Morceaux choisis

Vendredi 13 octobre

Hommage à Marcel Cabon. L’ancien président de la République Cassam Uteem lit des extraits de Namasté, Ananda Devi lit des extraits de Le rendez-vous de Lucknow, deux œuvres de Marcel Cabon.

Samedi 14 octobre

  • 10 heures : Hommage à trois auteurs hindiphones, Abhimanyu Unnuth, Somduth Bhuckory et Bhanumati Nagdan par Sarojini Asgarally, Issa Asgarally et Sachita Samboo.

  • 11 heures à midi : Animation pour les enfants par l’illustrateur indien Kartik Ilango autour de son album jeunesse, A night out in space/Une nuit dans l’espace

  • Midi : Tirthankar Chanda, journaliste à Radio France International, La littérature indienne des années 1980 à nos jours.

  • 14 heures : Melanie Pérès, auteure de Bouke Fler Kann. Modératrice : Daniella Bastien.

  • 14 heures à 15 heures : Animation pour les enfants par l’artiste indien Kartik Ilango autour de son album jeunesse, A night out in space/Une nuit dans l’espace.

  • 15 heures : Shoba Narayan, auteure de Bangalore. Elle a écrit Monsoon Diary: A memoir with recipes et The Milk Lady of Bangalore: an unexpected adventure. Elle parlera de «How to write a memoir about your life».

  • 17 heures : Geetanjali Shree, lauréate de l’International Booker Prize 2022. Elle parlera de A story is like a nomad. Modérateur : Yagnishsing Dawoor.

  • 20 heures à minuit : Nuit de la lecture. n

Dimanche 15 octobre

  • 10 heures : Lancement des œuvres complètes de Marcel Cabon par Corinne Fleury de l’Atelier des Nomades et Robert Furlong.

  • 11 heures à midi : Animation pour les enfants par l’artiste indien Kartik Ilango autour de son album-jeunesse, A night out in space/Une nuit dans l’espace.

  • Midi : Sarita Boodhoo parlera de Geet Gawai-An Ode to Geetharines of Mauritius.

  • 14 heures à 15 heures : Animation pour les enfants par l’artiste indien Kartik Ilango autour de son album-jeunesse, A night out in space/Une nuit dans l’espace.

  • 16 heures : Murugan Perumal, auteur d’expression tamoule. Modérateurs : Kormathi Munisami et Kavinien Karupudayyan.

  • 18 heures : Concert de clôture avec le Mo’zar Jazz Band dirigé par Philippe Thomas. Les conférences, encouragées par la presse locale, se déroulent dans l’amphithéâtre, à la plage publique de Trou-d’Eau-Douce. Entrée libre


Robert Furlong : «Adolescent, j’ai connu Marcel Cabon»

Marcel Cabon, alpha et oméga de la troisième édition du Festival du livre de Trou-d’Eau-Douce. Cet après-midi, en ouverture du festival, un hommage sera rendu à l’écrivain né en 1912, mort en 1972. Dimanche, 15 octobre, le jour de clôture du festival démarrera avec le lancement des œuvres complètes de Marcel Cabon rééditées par Corinne Fleury de l’Atelier des Nomades.

Robert Furlong a recensé – parfois déniché – l’œuvre abondante de Marcel Cabon. Mais au-delà de ce travail de recherche, pendant un an environ, notamment à la Bibliothèque nationale, la contribution de Robert Furlong à cette réédition revêt une dimension affective. Adolescent, il a côtoyé Marcel Cabon, l’homme, avant de connaître son œuvre.

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Robert Furlong se souvient. Marcel Cabon a été «mon voisin, à l’impasse Abbé Laval, à Curepipe Road. Il habitait à 50 mètres de chez moi». En 1963, Robert Furlong a 15 ans. Son voisin est un homme «agréable, sympathique». Mais «il faisait un peu peur. Un écrivain, je ne savais pas très bien ce que c’était». Marcel Cabon, qui a alors la cinquantaine, souffre d’un taux de cholestérol élevé. Un médecin lui recommande de pratiquer la marche. «Comme il cherchait un compagnon de marche, Marcel Cabon a demandé à ma mère si je pouvais l’accompagner. Elle a répondu : ‘S’il a fini ses devoirs, il n’y a pas de problème’». Voilà Robert Furlong en promenade, «trois fois par semaine». Jacqueline, fille de Marcel Cabon, les conduit en voiture jusqu’à la route de Piton-du-Milieu. «Il n’y avait pas d’embouteillages, comme aujourd’hui.» Le jeune marcheur accompagnait Marcel Cabon «pendant trois quarts d’heure à peu près». Avant que Jacqueline ne les ramène «à côté de l’église Sainte-Hélène».

Pourquoi Marcel Cabon l’a-t-il choisi ? À l’époque, l’adolescent est un scout aimant les sorties en forêt. «Mais je n’ai pas toujours compris l’importance de me promener avec un écrivain.» En plus, «je n’avais probablement pas encore lu un seul des écrits de Marcel Cabon». Ce qu’il retient, c’est la «bonhomie» de l’écrivain, «quelqu’un qui avait toujours quelque chose à partager. Ces après-midi-là étaient toujours un plaisir». Quand Marcel Cabon, «qui était un nomade», déménage, ce sera la fin des promenades.

Œuvres complètes : Un monument de la littérature mauricienne

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«Marcel Cabon est un pilier de la littérature mauricienne. Il a été un trait d’union, en montrant comment vivaient les petites gens des villages. À la même époque, Arthur Martial et Clément Charoux ont écrit sur les petites gens des propriétés sucrières. Ce n’est pas le même monde. Marcel Cabon n’est pas dans le pittoresque», analyse Robert Furlong.

Les œuvres complètes de Marcel rééditées par l’Atelier des Nomades se déclinent en quatre volumes. Le premier est consacré à la poésie et à ses écrits sur la littérature en général. Le deuxième volume fait la part belle aux contes. Pour Robert Furlong, Marcel Cabon est l’un des meilleurs conteurs mauriciens, «le plus dense». Il a écrit les 18 histoires qui composent Contes de Brunepaille. «Brunepaille, c’est Petite Rivière», explique Robert Furlong. Là où Marcel Cabon a passé son enfance et son adolescence. Il a aussi écrit les 20 contes de Cahier deuxième, «après avoir écrit dans une revue intitulée Cahier», précise Robert Furlong. Ont suivi, les neuf contes d’«Histoires de ma vallée». Puis les neuf histoires de L’enfant bihari : contes. «Ce qui fait 57 contes. En fouillant dans des revues, j’en ai trouvé 70.»

Le troisième volume, c’est les romans : Namasté (1965) et Brasse-au-Vent (1968). Un roman méconnu à Maurice, «La Séraphine», a été retrouvé dans «Tana Journal». Le quatrième volume regroupe les biographies signées Marcel Cabon : celle de SSR, de Remy Ollier et de Laurent-Rivet. Les essais y figureront aussi. Ces œuvres complètes regroupent les écrits de Marcel Cabon déjà parus, que ce soit dans des revues ou en livre. «Ce n’est pas des inédits. Cela appartient à la famille. Je souhaite que les inédits soient publiés un jour. On parle d’un roman, de poèmes jamais parus.»