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Musée de l’esclavage intercontinental
Ouverture reportée au 1ᵉʳ septembre
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Musée de l’esclavage intercontinental
Ouverture reportée au 1ᵉʳ septembre
Travaux de paysagisme dans la cour du musée. Photo prise le vendredi 25 août.
Un temps programmée pour le 23 août, pour coïncider avec la journée internationale du souvenir de l’abolition de la traite négrière, l’ouverture du musée de l’esclavage intercontinental avait été fixée au mercredi 30 août. Cela tombe le jour de la célébration fraternelle raksha bandhan. L’inauguration du musée – et de son exposition de préfiguration – aura lieu le vendredi 1ᵉʳ septembre. Karen Yvon, commissaire d’exposition, présente ce que les visiteurs pourront voir, entendre, apprendre et ressentir. Les portes seront ouvertes au public à partir du lundi 4 septembre.
Karen Yvon, commissaire d’exposition au musée de l’esclavage intercontinental.
Exposition de préfiguration montrer concrètement les intentions du musée
L’exposition de préfiguration présente l’intention du musée. Elle traduit dans le concret les travaux préalables à l’ouverture, dont les études techniques et les recommandations émises après l’exercice de consultation publique.
Cette exposition pose les premiers jalons des missions de reconnaissance, de réconciliation et de préservation du patrimoine culturel et historique lié à l’esclavage du musée, explique Karen Yvon, commissaire d’exposition. «Le musée est attendu depuis longtemps. Nous situons où nous en sommes dans un long processus encore à venir», dit-elle.
Deux étages de l’aile B de l’ex-hôpital militaire (à gauche à partir de l’entrée) abriteront le musée. Mais pour l’ouverture, l’exposition de préfiguration occupe neuf salles du rez-de-chaussée.
L’esclavé: un être humain avant tout
«Nous n’utilisons pas le mot ‘esclave’ dans le musée sauf exceptions», souligne la commissaire d’exposition. Le musée s’aligne sur la terminologie internationale, en adoptant les mots «esclavisé» et «esclavé» au lieu d’«esclave». En anglais : «enslaved» plutôt que «slave». «Le mot ‘esclave’ a tendance à être associé à une identité. Or, être esclave c’était un statut imposé, pas une identité. Quand ces personnes ont été mises en esclavage, elles n’ont eu aucun choix.» La commissaire d’exposition souligne qu’à Maurice, le terme «esclavé» est préféré à celui d’«esclavisé».
«Dans le musée, nous rappelons que l’esclavage a été vécu par des humains, des ancêtres d’une grande partie de la population mauricienne. L’esclavage a des conséquences directes, physiques encore visibles aujourd’hui», souligne la commissaire d’exposition.
Salle immersive: plonger dans le quotidien d’alors
Reproduction d’une case telle que montrée par des illustrations d’époque. Et par ce biais retrouver le vécu de l’esclavé mais, surtout, «participer à une nouvelle iconographie de l’esclavage. Contribuer à changer la façon dont les gens visualisent l’esclavage», indique la commissaire d’exposition. Exemple : les images d’esclavé portant du «goni» ou du coton blanc. «Cela vient de l’esclavage aux États-Unis. À Maurice, le contexte était différent. Avec les teintureries d’indigo, il y avait des couleurs.» Une autre salle est consacrée aux visages des esclavés, à partir d’une collection de bustes réalisée par Eugène de Froberville. Des bustes moulés directement sur le modèle en 1846. L’historienne et chercheure Klara Boyer-Rossol a épluché les volumineux carnets de notes d’Eugène de Froberville, qui a documenté le parcours des esclaves dont il avait moulé le buste. Un rendu en 3D de 12 des 46 bustes sera montré au musée. Les bustes seront en présentiel au musée une fois que les conditions de conservation (contrôle de température, d’humidité etc.) seront réunies. Ces images en 3D sont accompagnées de récits vocaux de l’existence de ces esclavés.
Artefacts: les pépites du vieux cimetière d’Albion
Des fouilles archéologiques ont été menées à Albion par l’équipe de Krish Seetah, du département d’anthropologie de l’université de Stanford. Les artefacts retrouvés dans l’ancien cimetière ont été donnés au musée par la famille de Bernard Li Kwong Ken, propriétaire du terrain à Albion. Parmi, une pépite : des boucles d’oreilles. Ce qui ouvre la porte aux questions de possession de biens, alors que l’esclavé est, selon le Code Noir, un «bien meuble». Le musée lance un appel aux artefacts, que ce soit en don ou en prêt.
Un site de conscience
Le musée est membre de la Coalition Internationale des Sites de Conscience. À ce titre, il participe au projet Correcting the Record «qui s’interroge sur la façon de remplir les vides dans les archives. Et rétablir les faits concernant des communautés à propos desquelles les archives sont silencieuses». Les conclusions d’une étude auprès de la communauté rasta seront présentées.
Le musée illustre aussi la résistance et la résilience. «Il y a des preuves de résistance à chaque étape, que ce soit à la capture, à bord du négrier pendant le voyage ou dans l’île.» Le marronnage n’est pas que terrestre mais aussi maritime. «Les esclavés de Madagascar prenaient des embarcations pour tenter de retourner dans la Grande île.» L’accent est mis sur les «stratégies féminines de résistance. Le statut d’esclave était transmis de la mère à l’enfant. Les implications de la résistance pour les mères étaient différentes».
Mission de réconciliation les noms de famille hérités de l’esclavage
«La réconciliation concerne à la fois les descendants, dont les noms de famille ont été attribués pendant l’esclavage. Aujourd’hui, est-ce une source de honte ? Si oui, comment la surmonter ? Cela concerne aussi les descendants des propriétaires d’esclaves qui ont donné ces noms en signe de protestation contre l’obligation d’enregistrer les esclavés», explique la commissaire d’exposition.
Entrée payante un principe acquis pour les tour
L’entrée au musée de l’esclavage intercontinental sera-t-elle payante ? Non pour les Mauriciens, oui pour les touristes, affirme Jean Maxy Simonet, président d’Intercontinental Slavery Museum Ltd. Le tarif n’est pas encore fixé, «mais ce ne sera pas exorbitant». La date d’entrée en vigueur de cette mesure n’a pas encore été décidée. «Nous allons voir quel est l’impact du musée à l’ouverture. Mais le principe est acquis.» Il confirme que c’est en raison de la fête raksha bandhan que l’inauguration du musée a été décalée du 30 août au 1ᵉʳ septembre.
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