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Manière de voir
Overplaying the Indian card?
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Manière de voir
Overplaying the Indian card?
Le ministre indien Vellamvelly Muraleedharan a bénéficié d’un traitement digne d’un chef d’État ou de gouvernement lors de sa visite officielle à Maurice. C’est ce qu’on pourrait déduire à partir du traitement qui lui a été réservé par le gouvernement et son programme d’activités. Il ne lui a manqué qu’une salve de coups de canon à l’aéroport.
Qu’est-ce qui explique cet acharnement débridé du gouvernement mauricien à rendre le séjour mauricien du ministre Vellamvelly Muraleedharan si mémorable et si productif ? Lui qui n’est qu’un simple ministre d’État après les 28 ministres de premier grade, les quatre ministres d’État de la catégorie «independent charge» et les sept premiers simples ministres d’État. Ce qui fait de lui le n°40.*
Imaginons – toutes proportions gardées – qu’un secrétaire parlementaire mauricien soit accueilli dans un pays étranger et qu’il y soit reçu comme un chef d’État, qu’il prenne part à des cérémonies de pose de la première pierre avec son nom gravé juste après celui du Premier ministre sur des plaques à être lues par des générations futures. Et que le petit parlementaire mauricien, habitué à voyager en Suzuki Maruti, soit véhiculé dans ce pays dans ce qu’il y a de plus fancy du Made in Germany. Voilà le traitement princier mauricien que le cher Vellamvelly Muraleedharan n’oubliera pas de sitôt.
Le high profile construit autour de cette visite sert certainement quelques objectifs communs aux deux pays, de même qu’à l’agenda particulier de l’un et l’autre. Reste à savoir comment cette présence indienne à l’occasion d’une célébration mauricienne a été orchestrée. Est-ce New-Delhi qui a exprimé le désir d’être présent pour la commémoration de l’arrivée des travailleurs engagés indiens ? Ou est-ce Port-Louis qui a invité le grand Narendra Modi et que ce dernier nous a délégué son n°40 ? Les chatwas diront sans doute que même en tant que le n°40, il a représenté le cher Bharat.
En ce qui concerne les Indiens, il est clair qu’il existe une stratégie de mise en place d’une présence militaire à Maurice et dans nos eaux territoriales. Ceci est souvent évoqué dans divers milieux politiques, de même que dans les médias indiens anglophones, mais aussi ceux utilisant les langues locales dont l’hindi. C’est ainsi que la chaîne hindi Times Now Navbharat a récemment annoncé comment l’armée indienne s’apprête à contrôler une partie de l’océan Indien en s’appuyant sur l’assistance de Maurice à partir d’Agalega. Le journaliste a annoncé que l’Inde serait en mesure de répondre au défi des Chinois dans cette région. Selon cette chaîne, la base d’Agalega est prête à devenir opérationnelle**.
Évidemment, cela sert les intérêts diplomatiques, militaires et économiques de l’Inde aussi longtemps que Maurice est vu comme un État satellite de New-Delhi. Ceci est parfaitement souligné par la présence physique incrémentale de différentes catégories d’opérateurs et d’équipements indiens sur le territoire mauricien.
Côté Maurice, l’Inde est vue comme le sauveur providentiel, le jour où notre île déclarerait faillite. En effet, quel que soit le gouvernement au pouvoir chez nous, l’Inde ne laissera jamais Maurice couler sous les eaux, géographiquement et économiquement parlant. Car Maurice est vu comme une extension de l’Inde dans le sud de l’océan Indien. La légende veut qu’aucune terre n’existe – sur une ligne droite – entre le millénaire temple Somnath dans le Goudjerate et l’Antarctique. Mais un tout petit crochet place Maurice sur cette trajectoire.
Puisque les Indiens ne parviennent pas à battre les Chinois au Sri Lanka et aux Maldives, Maurice devient un atout de taille pour eux. La classe politique mauricienne voudrait de ce fait se faire bien gentille pour traire la vache indienne.
Il est vrai que Maurice mange à tous les râteliers. De ce fait, nous maintenons d’excellentes relations avec la Chine et le Pakistan qui sont les deux pays les plus hostiles à l’Inde. Ainsi, les Chinois ne vont pas s’inquiéter outre mesure si le ministre Stephan Toussaint porte un dhoti orange pour accueillir un ministre indien dans un stade de chez nous. Car, pour eux, ce qui compte, c’est que les politiciens et les chefs d’entreprises publiques de Maurice aiment toujours faire du business avec les grosses entreprises chinoises. En Inde, par contre, dans le monde des affaires, on risque toujours de se faire démasquer dans les médias généralement très agressifs ou par l’opposition. Maurice y reçoit vite le label de «off-chor» comme pour parodier le terme offshore notoirement associé par les Indiens à notre pays. Chor voulant dire voleur en hindi.
Il n’y a pas que des affaires géopolitiques en jeu. Il faudrait aussi penser à la politicaille mauricienne. Ce qui laisse croire qu’on a sans doute tenté de réaliser un objectif particulier avec la visite de Vellamvelly Muraleedharan. Politique de communalisme-castéisme scientifique oblige. En effet, le MSM a mal géré son dossier tamoul avec l’affaire de terrain repris pour être réalloué au blue-eyed boy Avinash Gopee. Quelqu’un a-t-il voulu exploiter la valeur symbolique de la présence de Vellamvelly Muraleedharan qui vient du sud de l’Inde, du Kerala en particulier ? Malheureusement on a joué sur le n°40 alors que les deux Sudistes les plus puissants du gouvernement Modi sont Nirmala Sitharaman (n°4) et Subrahmanyam Jaishankar (n°6), tous deux de souche tamoule incontestable.
On ne le sait jamais avec le MSM. D’ici les élections générales, le parti trouvera sans doute une excellente formule pour réparer les dégâts causés par cette affaire de terrain au Réduit. Avec en prime une visite de Nirmala Sitharaman ou de Subrahmanyam Jaishankar.
* Wikipedia l Union Council of Ministers
** YouTube l TIMES NOW Navbharat
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