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Alertes cycloniques
Panic buying: certains dépensent jusqu’à Rs 8 000…
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Alertes cycloniques
Panic buying: certains dépensent jusqu’à Rs 8 000…
Dans le tumulte des annonces cycloniques et des alertes météorologiques, une danse frénétique s’empare des rayons des supermarchés et hypermarchés. C’est le ballet du «panic buying», une consommation guidée par la panique pour ceux cherchant à anticiper le moindre frémissement de pénurie. Depuis le passage du cyclone Belal, la menace de pénuries imminentes propulse la population dans une course effrénée pour sécuriser ses provisions, faisant de ce type d’achat compulsif un phénomène récurrent, une habitude face aux tempêtes à venir. Des familles peuvent dépenser jusqu’à Rs 8 000 pour des produits dont ils n’auraient pas forcément besoin, dans l’immédiat du moins...
Telle la cigale insouciante qui chantait tout l’été, la réalité frappe lorsque la bise arrive, laissant la fourmi dépourvue. Mais dans ce monde contemporain, la réponse à la crainte subconsciente du manque se matérialise par un défilé effréné dans les allées des supermarchés. L’urgence d’acheter avant que la tempête n’arrive, avant que les étagères ne se vident et que les prix ne grimpent, guide cette frénésie consumériste.
Cette surconsommation ne se réduit pas à une simple réponse pragmatique à la possibilité de pénurie. Elle est ancrée dans la psyché de chaque individu, où la consommation est devenue une valeur refuge, une manifestation de sécurité. Dès que le pays est passé en alerte II en ce qui concerne Candice, les Mauriciens se sont rués vers les supermarchés pour faire le plein de provisions, même une semaine après le passage de Belal. Les produits non périssables, tels que le riz, la farine et les boîtes de conserves, font partie des principaux achats. Les employés des supermarchés observent ce phénomène avec préoccupation. Certains partagent leurs impressions sur cette vague soudaine d’achats impulsifs. Jeanne, caissière depuis plus de dix ans, confie : «C’est incroyable de voir à quel point les clients réagissent de manière presque automatique. Les rayons se vident en un éclair et parfois l’on remarque que ce ne sont pas nécessairement des produits de base qu’ils achètent. Certains peuvent dépenser jusqu’à Rs 8 000.» Pierre, responsable des rayons, ajoute : «On se prépare en conséquence, mais parfois, même nos réserves sont mises à rude épreuve. Les gens ont peur du manque, et cela se traduit par cette ruée vers les produits de base.»
Produits variés
Cependant, ce comportement ne reflète pas les mêmes craintes au sein de chaque classe sociale. Les familles aisées peuvent se permettre d’élargir leur panier d’achats, y incluant des produits de luxe ou des biens de première nécessité souvent négligés par des temps plus calmes. Les denrées alimentaires de base se mêlent aux articles plus ‘sophistiqués’, dévoilant une approche de la prévoyance teintée de confort matériel. En revanche, pour les classes plus modestes, l’accent est mis sur l’essentiel. Les achats sont ciblés, concentrés sur les besoins fondamentaux pour assurer la subsistance. Les produits de base deviennent le point central, et les chariots débordent de biens nécessaires à la vie quotidienne.
On observe également une mise en scène de pénurie pour réveiller l’instinct de survie du consommateur. Les étagères délibérément clairsemées créent paradoxalement une atmosphère propice au «panic buying». «Les étagères vides attirent l’attention et déclenchent cette impulsion de se procurer quelque chose, n’importe quoi, avant qu’il ne soit trop tard. C’est incroyable de voir à quel point les gens réagissent à la simple vue d’une étagère partiellement vide. C’est comme si cela déclenchait une course contre la montre, et tout le monde veut être le premier à remplir son chariot», souligne un autre employé. Bien que l’on puisse imaginer une situation de pénurie imminente, ce n’est pas tant une rareté des produits que l’on observe, mais plutôt une surconsommation effrénée.
Achats à credit
Les rayons dégarnis, les chariots pleins à ras bord, et l’atmosphère empreinte d’urgence dans les supermarchés ne sont pas nécessairement le résultat d’une offre insuffisante. «Il est important de comprendre que la pénurie n’est souvent qu’une perception. Nous avons des réserves, mais la rapidité avec laquelle les gens achètent peut donner l’impression que les étagères sont vides. Les produits abondent toujours dans les entrepôts, mais la précipitation des acheteurs, motivée par la peur de la pénurie, crée une frénésie de consommation qui peut rapidement épuiser les stocks», confie un responsable des supermarchés Dreamprice.
L’autre aspect préoccupant de ces achats en grande quantité réside non seulement dans la surconsommation elle-même, mais également dans la manière dont de nombreux Mauriciens utilisent leur carte de crédit pour régler ces achats impulsifs. Cette tendance crée un effet domino sur les dettes individuelles et favorise une culture de l’achat à crédit. Les taux d’intérêt associés aux cartes de crédit peuvent rapidement s’accumuler, transformant une dépense ponctuelle en une dette persistante. Anne, une cliente régulière, partage son expérience : «Je me suis retrouvée à utiliser ma carte de crédit plus que d’habitude lors de ces périodes de ‘panic buying’. On se dit que c’est pour une bonne cause, pour être préparé, mais à la fin du mois, les factures de carte de crédit peuvent être élevées.»
Ainsi, la surconsommation causée par le «panic buying» révèle la puissance de la peur dans la dynamique du marché. La crainte du manque, exacerbée par des facteurs tels que les alertes météorologiques ou les crises, incite les consommateurs à agir de manière disproportionnée, créant une spirale où la demande alimente davantage la demande. Les consommateurs, poussés par des inquiétudes subconscientes, contribuent à créer une réalité perçue de pénurie, même lorsque les ressources sont abondantes.
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