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Plumes engagées
Pas radis
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Plumes engagées
Pas radis
À l’heure du tout à l’image et du buzz sans suite, «l’express» souhaite faire découvrir la plume de poètes, de chanteurs, d’écrivains et de tous ceux qui jettent leur âme sur le papier, et qui mettent en mots des réflexions profondes.
(Texte écrit et présenté lors de la soirée de la Francophonie 2023 au Bocage)
Je me souviens de ce rêve, soudain paru comme une trêve,
Une chimère, au goût amer, qui autrefois gisait sur mes lèvres
Ce mirage, un semi-voyage vers ce milieu mille fois oublié
Cette illusion que les saisons illuminent nos cœurs repliés
Essayer de se frayer un chemin, dans ce brouillon, ce brouillard
Avancer sur des terres minées, mais à pas déterminés, débrouillards
Errer, sans repère, sans armes, mais sans peur, et persister
Happé par ce sombre destin, ce sinistre dessein, si triste
Je vois s’ouvrir des portes, en sortir des sortes de pantins
Ils défilent sur des fils tendus, détendus avec entrain
Leurs mascarades, des charades, des masques sur des visages
Des figurines fourbes, aux figures floues qui me dévisagent
Ces scènes qui s’enchaînent sur tous écrans, toutes les chaînes
Et personne n’ose mettre sur pause, remettre les choses à l’ancienne
On cherche le mode accéléré, mais l’accès est cher ou démodé
Faut décrypter les symboles, des cris de cymbales à décoder
Je regarde nos espoirs, je regrette nos exploits incompris, incomplets
Ce jeu de regards pleins de désespoir, désormais insipides, insatisfaits
Nos voix intrépides, qui crient dans les voies les plus impénétrables
Qui se sont battues, mais se sont tues, abattues par l’irréparable
De la frénésie de nos cœurs aimants à la rancœur qui freine leur élan
De l’effervescence de nos pensées, l’essence même de notre passé et notre présent
Ne rejaillit plus cette espérance, cette véhémence qui jadis, inspirait
Dans la pénombre embrumée s’entassent des ombres, une hécatombe préméditée
Je me souviens de ce rêve, soudain paru comme une trêve,
Une chimère, au goût amer, qui autrefois gisait sur mes lèvres
Ce mirage, un semi-voyage vers ce milieu mille fois oublié
Cette illusion que les saisons illuminent nos cœurs repliés
Résilience et résistance, il ne reste que des résidus de poudre
Vaillance et bienveillance, on veille à toujours en découdre
L’héritage des passages des êtres sages, qui nous ont façonnés
Liberté et vérité, vestiges de nos aïeux, nos alliés, ils les ont aliénés
Des lions et des loups qui s’ameutent, des pions et des fous, qui d’entre eux ment ?
Tous des déments, qui démentent mais qui méritent un lourd châtiment
Quelqu’un, quelque part a dit, qu’ici il fait bon, comme au paradis
Mais pour certains, ici, l’avenir est incertain, avec pas un rond, pas un radis
Francesca Ducasse
Bio
Enseignante de «Kreol Morisien» en primaire depuis 2012, c’est sa langue maternelle qui lui a donné l’envie d’écrire, de faire de la poésie et du slam. Elle a eu la chance de participer à plusieurs événements autour de la poésie comme le «Festival Kreol», «Poezi Fam» et la Journée de la francophonie.
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