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Presse sous pression

7 octobre 2023, 08:04

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Ce n’est plus une nouvelle, mais il convient d’en reparler dans ce monde en mouvance et mouvements variés. La presse, tant sur le plan mondial que local, traverse une crise historique depuis une quinzaine d’années. La crise s'est amplifiée avec les nouvelles technologies et la pandémie qui ont fracassé les habitudes de lecture et des lecteurs de la presse traditionnelle. Constat : de plus en plus de journaux sur tous les continents se voient contraints de lâcher le format papier à cause des difficultés économiques et financières (hausses du prix du papier, de l’encre, de l’impression, et d’autres intrants, de la main-d’œuvre aussi, chute du nombre de journaux vendus, mais augmentation de lecteurs en raison des réseaux sociaux et des PDF piratés ! baisse du volume publicitaire).

Solutions envisagées de part et d’autre : passer au tout-digital avec une panoplie de nouveaux produits audio et vidéo pour rameuter les jeunes qui tendent à devenir allergiques à la lecture. Tout un programme, plein de challenges. La solution idéale, pas forcément réaliste, pour les groupes de presse : continuer à fournir le meilleur des deux mondes (papier et digital), mais cela suppose une réflexion longue et approfondie, de nouvelles stratégies. C’est ce que nous faisons à l’express depuis 2013, cela, bien avant le Covid-19.

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En France, la présidence de la République convoque depuis cette semaine les états généraux de l’information qui étaient une promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2022. Cette initiative gouvernementale vise à garantir le droit à l’information à l’heure numérique. Mais d’autres éléments interpellent tout autant : Fake News/Deep Fake, révolutions technologiques comme l’impact de l’intelligence artificielle sur la profession, le secret des sources, les sources de financement, l’ingérence politicienne, entre autres. Les problèmes qui seront discutés lors de ces états généraux en France concernent, à des degrés divers, tous les journalistes. Dans la plupart de nos démocraties, les espaces informationnels ont été construits sur une base nationale. Or aujourd’hui l’espace public et la place de la presse dépassent les frontières d’hier.

Hier, à l’auditorium Octave Wiehe, l’express était parmi pratiquement 200 Fact Checkers venant principalement du continent africain pour des échanges intéressants sur comment contrer les Fake News d’une part, et comment, d’autre part, utiliser l’intelligence artificielle pour optimiser les produits journalistiques. Alors qu’on y était pour saluer cette initiative soutenue par l’université de Maurice, on nous a fait remarquer que sur l’affiche de la conférence Africa Facts Summit, le logo de l’université de Maurice avait été maladroitement masqué par un autocollant blanc. Renseignements pris : le gouvernement et l’université de Maurice ont préféré ne pas s’associer à cet événement d’envergure.

De quoi ont eu peur nos autorités ? Qu’on monte une unité de fact-checking sur le plan national en fédérant les différentes salles de rédaction ? L’un des participants à la conférence, notre confrère Jean-Luc Mootoosamy, pense ceci : «(...) la grande mode de la diffusion en Facebook «live» de tout et n’importe quelle conférence de presse ou déclaration tonitruante avec du vrai et du faux a rendu le fact-checking nécessaire. Cette discipline implique une vérification des faits qui nous arrivent pratiquement en temps réel. Le flot d’informations que nous recevons à chaque instant contient de tout, y compris des fake news, ces éléments fabriqués pour nuire. Le fact-checking est une discipline qui met en place des protocoles pour les contenir. Participer à ces partages d’expérience, entendre ces leçons apprises, ces bonnes pratiques est une chance pour tout journaliste. La somme de connaissance réunie à l’auditorium Octave Wiehe – loué à l’occasion par les organisateurs jusqu’à vendredi soir – est considérable.»

Dommage, donc, que l’université de Maurice, le lieu où l’on devrait nourrir l’esprit critique, ait choisi de boycotter l’événement, au lieu de s’aligner avec Africa Check, Google News Initiative, National Endowment for Democracy, IFCN, Bill and Melinda Gates Foundation, Konrad Adenauer Stiftung ; des organisations qui soutiennent la démocratie au lieu de la châtier...