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Quand la macronie implose

2 juillet 2024, 08:42

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Quand la macronie implose

Emmanuel Macron voulait redonner la parole aux électeurs afin qu’ils apportent une «clarification» à la situation politique en France après le succès inédit du Rassemblement National aux élections européennes. C’est fait. Les Français se sont rendus en masse aux urnes pour les législatives ; participation record de 66 % des électeurs. Ceux-ci ont dit un non sonore au camp présidentiel, ont confirmé le fait que l’extrême droite est devenu le plus grand parti politique en France, talonné de près par l’extrême gauche. Le centre ou l’hyper-centre de Macron implose. Le «ni à droite ni à gauche», qui hier donnait vie à la macronie, n’existe plus !

Il ne reste désormais que six jours avant le deuxième tour. Macron aura-t-il le temps et les moyens pour barrer la route de Matignon au Rassemblement National du tandem Le Pen-Bardella ? En appelant à un «large rassemblement clairement démocrate et républicain», le président français tente de sauver la face quitte à sacrifier des membres de son camp, alors que les sondages octroient entre 230 et 280 sièges, dans la nouvelle Assemblée nationale (AN), au parti d’extrême droite. Une révolution !

Le chef de l’État français, qui répète n’avoir plus d’avenir politique personnel (puisqu’il ne peut plus rempiler après deux mandats comme président), avait choisi, en procédant à la dissolution-surprise de l’AN le 9 juin, de placer ses compatriotes «devant leurs responsabilités» face à la montée en puissance de l’extrême droite. Il avait utilisé une arme ultime, qui avait surpris son Premier ministre et ses ministres, pour chambouler le paysage politique et forcer l’ennemi à venir l’affronter sur un terrain inconnu, celui du pouvoir exécutif. Et afin de prouver à la gauche (alors) désunie et au centre, voire à une section de la droite, qu’il n’a pas peur d’affronter l’extrême droite au sein du gouvernement.

La seule consolation pour Macron : sa dissolution a provoqué un sursaut civique chez les Français qui n’avaient jamais été aussi nombreux à voter aux législatives depuis presque trois décennies. Mais sur le plan personnel, Macron a perdu. Son coup de poker n’a pas été à son avantage.

Les politologues s’attardent ces jours-ci sur l’affaissement de la macronie (ou du macronisme), ce grand courant central, système imposé il y a sept ans. Cette force nouvelle, majoritaire en 2017, encore dominante en 2022, se retrouve aujourd’hui en troisième position. Dans un très grand nombre de circonscriptions, le camp présidentiel se retrouve réduit à se demander à qui faire barrage ou qui faire élire dimanche…

À l’issue de ce premier tour, l’incertitude demeure et la décomposition du paysage politique atteint un stade avancé.

Emmanuel Macron voulait donner la parole au peuple. Le peuple a parlé et a promu les deux extrêmes au détriment du centre. Bien évidemment, dans un scrutin à deux tours, la messe n’est pas encore dite. Jamais l’entre-deux-tours aura été aussi déterminant. On parlera beaucoup immigration, insécurité, dette, déficits, crises des services publics, désindustrialisation… cela va intéresser les indécis ou les flottants. Le gros des électeurs, eux, ont déjà leur camp : la macronie doit foutre le camp et disparaître comme elle est apparue, dans l’air, de rien…