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Clash constitutionnel
Quand le recours aux KC illustre le manque de compétences locales
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Clash constitutionnel
Quand le recours aux KC illustre le manque de compétences locales
Dans le procès avec la commission de pourvoi en grâce, le DDP Ahmine a pu personnellement paraître. Mais dans le cas du commissaire de police contre lui, il ne le peut et fait appel à Geoffrey Cox.
L’express faisait hier ressortir que l’argent des contribuables sera dépensé, sans consultation avec ceux qui vont casquer, pour payer les deux King’s Counsels – Mᵉˢ Paul Ozin et Geoffrey Cox – qui s’affrontent dans l’affaire de la plainte constitutionnelle du commissaire de police contre le Directeur des poursuites publiques (DPP). Outre l’aspect pécuniaire, il y a aussi l’aspect du manque des compétences locales, tant au niveau des hommes de loi qu’à celui des cours de justice, puisqu’il y a consensus que cette affaire finira au Privy Council.
«Clearly the involvement of the KC’s is telling of our local competence to address such issues, be it of the legal profession or of our local courts», souligne un membre respecté du barreau mauricien.
Un ancien ministre et avocat-parlementaire, tout en abondant dans le même sens, a un propos plus nuancé sur la question : «(...) Because this is a constitutional issue, it makes sense to have British KC’s as this is likely to go to the Privy Council. Frankly nowadays we do not have constitutional lawyers…» Son commentaire est partagé par plusieurs avocats, qui évoquent des ténors du barreau d’antan qui ont disparu, mais qui n’ont pas été remplacés. Les noms de Renganaden Seeneevassen, Sir Gaëtan Duval, Madun Gujadhur, Guy Ollivry, Marc David et l’avoué Parama Mootoosamy reviennent souvent dans les évocations de ceux qui maîtrisaient la Constitution sur le bout des doigts. «Aujourd’hui nos jeunes juristes ont recours à Google pour la plupart», avoue un jeune membre du barreau, même s’il plaide le fait qu’il ne faut pas «généraliser».
Le «rule of law»
Dans l’entourage du bureau du DPP, on a une autre lecture par rapport au clash constitutionnel avec le chef de la police (CP). La lecture porte moins sur les dépenses liées aux KC mais plutôt sur le besoin de maintenir le «rule of law». «Who’s behind the CP’ acts and doings? That is the true question. One should not gather the impression the DPP is willingly and with pleasure getting involved in all that. What some people don’t understand is that when one is attacked, one needs to defend oneself. It is for an important cause-it’s all about preventing some people who would wish to transform our country into a police state. There’s no price for that cause which is fighting to maintain the rule of law in this country», explique une source proche de Garden Tower.
Sortant de sa réserve, précisément à cause de la gravité des choses qui se passent actuellement, un membre du judiciaire fait, lui, l’observation suivante : «Since you are talking about public money being used: yesterday’s (NdlR, Monday) case of DPP V Commission of Prerogative of Mercy can be an example of Mauritian resources being used instead of having recourse to costly KCs. The DPP himself appeared in person. But it is understandable that in the case of the CP against him that he cannot appear nor that of any of his officers since it’s his very person and office and that his officers who are under attack…»
Pour l’ancien Attorney General, Rama Valayden, ce à quoi l’on assiste ressemble ni plus ni moins à une «big colonial inferiority». Pour Valayden, «il ne faut pas qu’on soit complexé. Les Mauriciens sont capables eux aussi. De toute façon, on demande à des Britanniques qui n’ont même pas une Constitution de venir se battre par rapport à la Constitution mauricienne. N’est-ce pas paradoxal ?»
Concluons sur les mots sages d’un ancien membre en vue du judiciaire : «I would not agree with the view that the involvement of the British KC’s is telling of our local competence to address such issues. Nor do I agree that, because a constitutional issue is involved and/or because the issue is likely to go to the Judicial Committee of the Privy Council, the recourse to British KC’s is justified. In my view, the best local SC’s would be perfectly competent to deal with the matter and would in fact be in a better position to do so because of their knowledge and understanding of local conditions of which the Law Lords always seek to be apprised.» Il ajoute un point important :«However the political dimensions which the conflict CP v DPP has assumed and the fact that our “ténors du barreau” do have political affinities could justify the recourse to British KC’s perceived as being politically detached and independent.»
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