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Mare-Chicose
Quand les déchets jettent le feu aux poudres
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Mare-Chicose
Quand les déchets jettent le feu aux poudres
Un incendie ravage Mare-Chicose depuis le 6 novembre. Entre fumées et conditions éprouvantes pour les pompiers, le ministre de l’Environnement parle d’une «bombe écologique». Ce n’est pas la première fois que des flammes embrasent ce site, qui a été le théâtre de plusieurs incendies au fil des années, aggravant les préoccupations écologiques et sanitaires. Face à cette crise récurrente qui enfume le pays, les autorités redoublent d’efforts pour maîtriser les flammes. Une véritable course contre la montre s’est engagée pour éteindre le feu et limiter les dégâts.
Dépotoirs
Éviter que Maurice ne devienne une poubelle
En 2001, Maurice faisait déjà face à un problème croissant de gestion des déchets. Avec une population de plus de 1,2 million d’habitants, le pays disposait d’un unique site d’enfouissement technique à Mare-Chicose. Ce site, déjà insuffisant pour gérer les 370 000 tonnes de déchets produits annuellement, risquait d’être saturé dès 2005 avec un volume de 800 tonnes par jour, rapportait l’express du 4 février 2001.
Le centre d’enfouissement le 4 octobre 2010. Dès 2001, «l’express» rapportait que la production annuelle
de déchets atteindrait 500 000 tonnes en 2010.
Plusieurs solutions étaient envisagées : l’incinération des déchets, recommandée par le Fitchner’s Report commandité par la Banque mondiale, ou encore la création d’un second site d’enfouissement, comme suggéré dans le National Environmental Action Plan for the Next Decade (NEAP II) de 1999. Le compostage était également évoqué. Cependant, toutes ces alternatives nécessitaient des investissements importants. Des pompiers s’efforcent de maîtriser l’incendie à Mare-Chicose, le 19 novembre 2024
La gestion des déchets toxiques et des huiles usées posait des défis majeurs, aggravés par l’absence de réglementations adaptées. Par ailleurs, l’augmentation de la pollution due aux bouteilles en plastique jetées dans la nature, estimées à 700 000 par an, nécessitait des actions urgentes. Le gouvernement prévoyait d’introduire des règlements pour le recyclage des plastiques PET, bien que des politiques concrètes étaient encore à définir.
Scène similaire le 25 octobre 2013, où des déchets ont été ravagés par les flammes.
Une sensibilisation accrue au compostage domestique était encouragée pour réduire le volume des déchets envoyés aux décharges, tandis que des opérateurs privés s’intéressaient à exploiter la valeur énergétique des déchets pour alimenter le réseau électrique national.
Des habitants, le 9 mars 2005, exprimant leur inquiétude face à la pollution causée par le dépotoir
Extrait de «l’express» du mardi 29 octobre 2013.
Extrait de «l’express» du 19 novembre 2022.
Une lutte acharnée
Depuis le 6 novembre, pompiers et opérateurs d’engins affrontent un incendie majeur au centre d’enfouissement de Mare-Chicose. Lors d’une visite sur place ce samedi, une équipe de «l’express» a recueilli des témoignages poignants. «Avec la chaleur et nos combinaisons, travailler ici est épuisant. L’odeur est si insupportable qu’il est impossible de manger sur place», confie un pompier. Beaucoup souffrent de maux de tête, de toux et de problèmes respiratoires conséquences des fumées toxiques. Le ministre de l’Environnement, Rajesh Bhagwan, sur place, a qualifié la situation de «bombe écologique», attribuée à une «mauvaise gestion». Il a annoncé que 9 000 m² avaient été maîtrisés, mais que 31 500 m² restaient en feu. Grâce à des renforts, il espère que l’incendie sera circonscrit en 20 jours, contre les deux mois initialement prévus. Joanna Bérenger, «junior minister», a souligné l’importance de protéger les travailleurs et a appelé à une mobilisation collective pour surmonter cette crise
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