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Changement climatique
Que fait Maurice ?
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Changement climatique
Que fait Maurice ?
Les actions des êtres humains sont la principale raison du changement climatique. Ce problème affecte le temps et le climat de la planète. Maurice, tout comme le reste du monde, est touché causant des problèmes économiques et affectant la vie des gens, particulièrement les plus vulnérables. D’ailleurs, après chaque inondation, les décideurs brandissent cette carte pour expliquer les dégâts causés aux infrastructures et maisons. Mais sinon, que fait le pays concrètement pour éviter la catastrophe ?
Selon les auteurs du rapport «State of Climate Action», Maurice et pratiquement tous les pays du monde sont loin de faire ce qu’il faut pour lutter contre le changement climatique. Et les conséquences de cette inaction sont visibles partout, avec d’importantes catastrophes comme les incendies de forêt au Canada ou encore des décès dus à la chaleur en Méditerranée. À Maurice, nous ressentons également les effets du changement climatique (voir détails en hors-texte). Après un hiver qui n’a pas été aussi froid que les précédents, la météo prévoit un été plus chaud avec un taux d’humidité élevé et davantage de pluies, ainsi que la formation de plusieurs systèmes. Nous avons déjà connu des averses abondantes et des accumulations d’eau depuis le début de novembre. Et selon Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur environnemental et océanographe, l’on peut s’attendre à «des phénomènes beaucoup plus violents et imprévisibles»…
Les environnementalistes à Maurice, comme ailleurs, déplorent toujours un manque de volonté politique et d’actions concrètes pour préserver la biodiversité et lutter contre le changement climatique, voire atteindre les modestes objectifs fixés. Les données sur l’environnement publiées par Statistics Mauritius fin juillet n’ont pas démontré d’améliorations, selon Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, qui a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises. Il attire l’attention, entre autres, sur la perte du «carbon sink». Bien que le rythme de la perte de forêt soit moindre, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, notamment celles de l’énergie et des déchets, et la production d’énergie renouvelable a chuté selon les dernières statistiques. Par rapport à ce manque d’action au niveau mondial, António Guterres, le chef de l’ONU, a soutenu que la conférence sur le climat, COP28, qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre prochain, doit être l’occasion de combler d’urgence le manque d’ambition climatique, car les émissions continuent d’augmenter et le chaos climatique s’intensifie.
Les actions des autorités
Nous avons sollicité le ministère de l’Environnement pour savoir ce qui est fait pour s’adapter au changement climatique et en atténuer les effets. Le ministère nous indique que Maurice s’est fixé des objectifs ambitieux à travers ses contributions déterminées au niveau national (CDN), mises à jour en 2021, qui comprennent la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 et une série de mesures d’adaptation dans des secteurs tels que l’eau, l’agriculture, le tourisme, la protection des zones côtières, les infrastructures, la santé, la pêche, la gestion des risques et catastrophes et la biodiversité marine et terrestre. «Les mesures comprennent, entre autres, la mise en œuvre du Land Drainage Master Plan pour protéger la population et leurs moyens de subsistance, des travaux pour la protection de la zone côtière afin de protéger nos plages et l’industrie touristique, du plan d’action pour la gestion des risques et catastrophes, du National Disaster Risk Reduction Management Strategy and Action Plan 2020-2030’, la protection et conservation des écosystèmes terrestres et marins ; et des mesures pour résoudre les problèmes de sécurité alimentaire et hydrique grâce à une agriculture intelligente et raisonnée.»
Toutefois, soutient le ministère, pour la mise en œuvre des mesures mentionnées dans le plan d’action du CDN, les besoins financiers sont estimés à 6,5 milliards de dollars. Il est prévu que 35 % de ce montant proviendra des investissements du gouvernement et du secteur privé. La différence devra être mobilisée auprès de la communauté internationale et des bailleurs de fonds. «Le gouvernement fait un effort sans précédent depuis 2018 pour mobiliser près de Rs 2 milliards chaque année pour soutenir les mesures d’adaptation, notamment pour la gestion des inondations et la protection du littoral. Malgré les contraintes survenues à cause de la pandémie, cette enveloppe a été maintenue durant le dernier exercice budgétaire.»
Un registre national, notamment «MauNDC Registry», est également en cours de finalisation pour faire le suivi de la mise en œuvre du CDN en termes de mesures d’atténuation et d’adaptation ainsi que les soutiens financiers, technologiques et de renforcement de capacités. En outre, il est indiqué que Maurice bénéficie d’un appui du gouvernement français à travers la Facilité 2050 pour l’élaboration d’une stratégie de long terme sur le changement climatique afin d’assurer la cohérence entre les objectifs de nos contributions déterminées au niveau national et le double impératif de neutralité carbone et de résilience. Quatre secteurs sont concernés par cet appui : les deux secteurs les plus émissifs de gaz à effet de serre – et donc les plus dépendants à ce jour des énergies fossiles – que sont l’énergie et les transports, et les deux secteurs les plus vulnérables au changement climatique, l’agriculture et le tourisme.
Maurice bénéficie aussi du soutien FEXTE «Etude du littoral» du gouvernement français, qui comprend des études de vulnérabilité sur l’ensemble des littoraux de Maurice et de Rodrigues dans le but de fournir au gouvernement une base scientifique pour l’élaboration de stratégies et mesures pour la gestion des risques et catastrophes. L’étude comprend l’évaluation, l’analyse et la cartographie des aléas, des risques côtiers et des actifs exposés. Le ministère rappelle la Climate Change Act 2020 qui a été promulguée le 22 avril 2021, dont l’objectif principal est d’établir un cadre juridique visant à faire de Maurice un pays résilient au changement climatique et à faibles émissions. Ainsi que de protéger nos précieux atouts naturels qui soutiennent notre économie et prévoir un mécanisme de rapport sur les actions d’atténuation et d’adaptation au changement climatique pour le secteur public et le secteur privé ; et permettre à Maurice de domestiquer les obligations en vertu du Cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Le ministère prend aussi plusieurs initiatives en vue d’une île plus propre et l’adoption d’un système de gestion des déchets solides plus durable, conformément au concept d’économie circulaire et avec l’objectif ambitieux de détourner 70 % des déchets de la mise en décharge d’ici 2030. La protection du port est aussi cruciale, soutient le ministère. «Une évaluation complète de la vulnérabilité du port a été achevée en 2021. Elle a recommandé la construction d’un brise-lames d’un montant d’environ 350 millions de dollars pour réduire les temps d’arrêt dus aux conditions météorologiques extrêmes et au changement climatique.»
Pour améliorer les systèmes de surveillance et d’alerte précoce pour les maladies sensibles au climat, «un plan national d’adaptation pour le secteur de la santé est en cours d’élaboration avec le soutien technique fourni par le Fonds Vert pour le Climat. Les éléments de ce plan comprendront l’évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptation afin d’élaborer des stratégies d’adaptation contextuelles ; renforcer les capacités du personnel de santé».
Par ailleurs, le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, rappelle souvent lors de ces discours que la préservation et la protection de l’environnement sont le devoir de tout un chacun : du gouvernement, du secteur privé et des citoyens.
Notre île extrêmement vulnérable
Les émissions de gaz à effet de serre de Maurice sont négligeables, mais notre petit État insulaire en développement (PEID) est extrêmement vulnérable face aux conséquences néfastes du changement climatique. Voici quelques données qui donnent froid dans le dos :
La température moyenne a augmenté d’environ 1,39 °C.
Il y a une tendance à la baisse des précipitations annuelles de 8 % à Maurice depuis les années 1950. La diminution des ressources en eau est estimée à environ 13 % d’ici 2050.
L’élévation du niveau de la mer s’accélère à environ 5,6 mm par an, dépassant la moyenne mondiale de 3,3 mm par an. La projection pour l’élévation du niveau de la mer est d’environ 1 mètre d’ici 2100.
La fréquence des événements météorologiques extrêmes, tels que des pluies torrentielles provoquant des crues soudaines, est en augmentation.
Les cyclones de catégorie 5 s’intensifient rapidement.
Les plages subissent une érosion accentuée, avec une perte de 20 mètres de largeur au cours de la dernière décennie.
Plus de 50% de notre récif corallien est touché par le blanchiment.
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