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Kronik KC Ranzé

Réformer, oui, mais quoi ?

4 août 2024, 09:29

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Réformer, oui, mais quoi ?

Vouloir réformer c’est bien. Le faire correctement et améliorer la vie citoyenne, en conséquence, c’est tout autre chose !

Quelques exemples sportifs, éparpillés sur ces dernières années.

Bien motivé, on a voulu réformer les jeux inter-collèges. Je ne pourrais pas jurer sur les motivations officielles retenues pour ce faire à l’époque, mais le sentiment, alors, était clairement qu’un collège, en l’occurrence le Saint-Esprit, «gagnait trop». Comme élève au Collège Royal de Curepipe, cela ne m’a jamais particulièrement gêné ou embêté. Les victoires des «petits collèges» sportifs ne prenaient que plus de valeur, en fait ! Comme les victoires des petits pays face à l’ogre américain ou chinois aux Jeux olympiques d’ailleurs ! Cette journée sportive rayonnait dans le calendrier scolaire de l’époque, rassemblait la jeunesse dans une belle journée d’excitation, et récompensait ceux qui avaient su doser suffisamment leurs efforts sur leurs talents intrinsèques.

Cette grand-messe de la jeunesse a été cassée pour être remplacée par pas grand-chose, sinon des écrans de téléphones portables, plus de licence sexuelle, TikTok comme diffuseur «d’informations» et l’avènement d’un plus grand nombre de «jockeys» vendeurs de drogues diverses. C’est mieux ?

Bien motivé aussi, on a souhaité réformer la ligue de football nationale, afin de la dé-communaliser. On a certainement atteint ce but, mais le football en a grandement souffert, malgré les efforts soutenus de Paul Jones et de George Chung Tik Kan ? Il n’y a qu’à voir ce que sont devenus nos stades principaux (dont le bassin de George V) et de repasser sur nos cinq derniers résultats aux Jeux des îles, dont deux défaites douloureuses face à Mayotte.

Plus récemment, c’est le monde hippique que l’on a voulu réformer. Le gouvernement se disait bien motivé évidemment et décidé à «mettre de l’ordre» dans le sillage du rapport Parry publié en 2015. À cette époque, le MTC était scindé en deux, les paris illégaux étaient estimés à Rs 800 millions par an et on évoquait plus fréquemment les courses truquées. Le remède – de cheval – va inclure, à partir de 2022, la marginalisation délibérée du MTC et l’ascendance du PTP de Jean Michel Lee Shim, largement engagé dans les paris, d’ailleurs couronné «Homme de l’année» en 2023, par nul autre que le journal… Mazavaroo ! Après divers épisodes désolants, le gouvernement reprend contact avec le MTC cette année, pour, semble-t-il, tenter de recoller les morceaux. Ce ne sera pas facile sans que quelqu’un ne perde la face !

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La politique est un sacré sac de nœuds ! La nomination d’Adrien Duval au poste de speaker a reçu beaucoup d’attention ces dernières semaines. Parfois pour de bonnes raisons, parfois pour de moins bonnes. Parfois même pour de bien moins bonnes !

Constats.

Que Phokeer soit parti est un progrès indéniable. Que le PM choisisse de remplacer Phokeer si tardivement dans la présente législature ne saurait normalement jouer en sa faveur, parce que bien trop suggestif d’opportunisme électoral. Que le PM ait choisi Adrien Duval plutôt que le deputy speaker Nazurally comme speaker du Parlement n’est sûrement pas basé sur le seul critère de la «méritocratie» ; d’autant qu’il avait sévèrement critiqué Duval, au Parlement, notamment pour sa conduite en état d’ivresse après un accident. Que l’opposition se soit fourguée en évoquant l’article 50 de la Constitution plutôt que l’article 32, est aujourd’hui évident. Qu’elle soit incapable de s’excuser pour le tintouin inutile causé au Parlement il y a deux semaines relève d’une suffisance, il est vrai bien trop présente dans tous les milieux politiques depuis tellement longtemps. Que XLD nous assure qu’il n’y aucun lien entre cette nomination et une éventuelle alliance PMSD/MSM relève au moins de l’improbable et peut-être même du fantasmagorique. Qu’Arvin Boolell s’interroge sur l’indépendance du nouveau speaker est légitime, mais cela ne pourra se juger que sur pièce. Que le nouveau speaker ait rapidement désavoué, déjà, quatre des décisions précédentes de Phokeer indique au moins un début de volonté de faire contraste utile. Que l’opposition, après un boycott court, se présente au Parlement under protest relève d’un enfantillage mal aisé. Que le gouvernement, PM en tête, choisisse la raillerie et la moquerie au retour de l’opposition, ne vole pas bien plus haut…

D’autant que, pendant que les honorables joutent au Parlement, les vrais problèmes ne disparaissent pas ! Et demandent leur attention. Peut-être même leurs propositions de solution ?

Car la drogue s’infiltre partout, les «jockeys» n’étant plus seulement au Champ-de-Mars, et des dizaines de milliers de familles étant éviscérées, impactant sévèrement la disponibilité des Mauriciens pour travailler. Car le port reste un poutou entier de sous-productivité qui reste à digérer. Car les déchets s’accumulent de plus en plus, y compris illégalement et brûlent même là où ils ne devraient pas se trouver. Car, avec des réservoirs pourtant remplis, l’eau n’est toujours pas fournie 24/7 et les pertes dans les tuyaux ne baissent certainement pas... Car le déficit de la balance commerciale, déjà intolérable, s’aggrave. Car le déficit de la balance des comptes courants, sans la «transfusion» récente et déconcertante de l’offshore, reste insoutenable à 12 % du PIB. Car l’énergie renouvelable, au lieu d’augmenter vers les 60 % promis pour 2030, baisse encore à 17,2 % du total en 2023. Car le «trou» de la CSG qui va s’aggraver avec le vieillissement de la population, on va le boucher comment? Car le «trou» des fonds de pension Defined Benefit du parapublic et des collectivités locales (Rs 46 milliards à juin 2022 !), ne semble inquiéter personne. Car les Rs 146 milliards de fonds de la NPF sont insuffisants, on ne sait pas exactement par combien, pour respecter les obligations des décades à venir ? De plus, va-t-on vraiment pomper le lagon de son sable dans l’espoir que l’érosion des plages soit ainsi, invraisemblablement, stoppé ? Qui a cru que nous étions vraiment le 13e pays le mieux ficelé pour l’ease of doing business mondialement ? Lisez, à cet effet, Rocco Evola, restaurateur, qui a le courage de dire ce que le secteur privé tait, en grognant toujours… Qui est alarmé par la qualité de l’éducation nationale, de la baisse des standards pour les résultats d’examens, du manque de comparaison globale et indépendant, style PISA ? Qui croit que notre avenir sera riche, en maintenant nos gaspillages, nos compromissions, notre indiscipline, et sans plus de productivité ?

La politique a le don de s’occuper d’abord du périphérique, du futile et du dérisoire, alimenté en cela par des ego surdimensionnés, ou pire, des panses qu’on ne semble jamais pouvoir assouvir. Et l’électorat va-t-il se réformer ou encore gober ?

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Encore trois morts avec des chauffe-eau à gaz en salle de bains ! Et certains croient toujours qu’il suffit de mettre la bonbonne de gaz dehors !

N’est-il pas temps pour les «autorités» d’assumer leurs responsabilités devant l’irresponsabilité des installations potentiellement mortelles ? Où va-t-on juste faire le constat des morts et déplorer les comportements irréfléchis? Après tout, en subventionnant le prix du gaz, le gouvernement n’a-t-il pas, au moins en partie, encouragé une utilisation plus large de gaz, qu’en situation non subventionnée ?

Petite suggestion : tout vendeur de chauffe-eau à gaz aura désormais l’OBLIGATION d’installer, aux normes, le chauffe-eau qu’il vend, en offrant les services d’un technicien qualifié. Il n’aura qu’à ajouter le coût de cette installation correcte dans son prix de vente. Y ajouter l’obligation d’une police d’assurance appropriée ? Alternativement, faire en sorte que le gouvernement rembourse le coût d’installation aux vendeurs… ?

Il est sans doute difficile de retracer TOUS les chauffe-eau jamais vendus et installés jusqu’ici. Malheureusement, des centaines sont sûrement mal installés. Des milliers d’autres, vieux, rouillés et sans entretien, sont devenus potentiellement dangereux. Suggestion additionnelle pour les chauffe-eau DÉJÀ installés : inviter, grâce à une campagne publicitaire, toute personne ayant un chauffe-eau chez lui, à contacter le vendeur de «sa» marque, pour un diagnostic gratuit dont le coût sera remboursé par le gouvernement.

Dès lors, diagnostic en main, chacun assumera ses responsabilités !

Je réagis, là, à l’horreur de m’être imaginé, anticipant une douche tonifiante, respirant, à la place, ce gaz inodore et incolore qu’est le monoxyde de carbone, et, tout bêtement, de m’éteindre. De disparaître !

J’espère que politiciens et bureaucrates responsables sauront réagir au plus vite, à mettre donc enn komite dibout et à conclure avec des actions décisives… avant le prochain mort !

Perdre une vie de cette manière-là, c’est vraiment trop stupide ! Vivement une réforme ! Une bonne !