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Renversements
Un club des étudiants qui a tout renversé. Le lauréat du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a rendu hommage, hier au Bangladesh, aux personnes tuées lors des manifestations meurtrières qui ont renversé le gouvernement et la dynastie de Sheikh Hasina. Les sacrifices engendrent, selon le banquier des pauvres, une «seconde indépendance», une libération, une nouvelle ère pour le peuple. L’homme providentiel débarquait alors à l’aéroport de Dhaka, juste après son retour au pays pour diriger un gouvernement intérimaire. Son appel : rétablissement de l’ordre après des semaines de violence qui ont fait au moins 455 morts. «L’ordre public est notre première tâche (...) Nous ne pouvons pas avancer si nous ne rétablissons pas l’ordre public. Mon appel au peuple est le suivant : si vous avez confiance en moi, assurez-vous qu’il n’y aura pas d’attaques contre quiconque, nulle part dans le pays. Chaque personne est notre frère (...) notre tâche est de les protéger. Le Bangladesh tout entier est une grande famille.»
Fait démocratique rassurant. L’armée bangladaise et les étudiants manifestants s’accordent sur le prix Nobel de 84 ans pour diriger le gouvernement intérimaire. Ce dernier n’a pas manqué de rendre hommage à la jeunesse qui a déclenché le mouvement de protestation et à ceux qui ont tout risqué pour leur désir de changement; il leur conseille d’abandonner désormais l’obsession de règlements de comptes dans un pays en proie à la violence politique, aux émeutes de masse et aux coups d’État depuis son indépendance en 1971. Lundi 5 août, la Première ministre Sheikh Hasina, dont la dérive autocratique avait augmenté au fil d’un «règne» trop long de 15 ans, n’a dû son salut qu’à sa fuite. Des centaines de milliers de manifestants, nourris par la vengeance, marchaient sur sa résidence. Nos confrères du Bangladesh confient qu’elle n’a même pas pu rédiger le discours de démission auquel elle s’était résignée. Cette fuite en avant de la Première ministre Sheikh Hasina a scellé l’effondrement d’une famille boulonnée au pouvoir depuis l’indépendance du Bangladesh.
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Ça gagne en momentum chez nos amis démocrates aux États-Unis et du côté de tantine Kamala Harris. Le choix bien mijoté de Tim Walz comme vice-président ne peut que la renforcer, alors que le candidat recruté par Donald Trump, le très droitier J. D. Vance, n’inspire pas trop les électeurs modérés et les alliés des États-Unis. Rattrapé encore plus, après le retrait de l’octogénaire Joe Biden, par ses 78 ans, Trump a été contraint de rebattre bien des cartes face à la pétillante Kamala Harris, une figure plutôt centriste. Tim Walz, lui, est un homme de gauche. Élu du Minnesota, le plus «nordique» des États américains, la presse trouve qu’il est le portrait craché de l’Américain moyen, «provincial, ouvert et patriote». D’aucuns pensent que le «ticket» Harris-Walz pourrait être gagnant. Mais il reste encore près de trois mois avant le 5 novembre.
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La flamme des Jeux olympiques masque les épaisses fumées qui s’amoncellent autour de l’Assemblée nationale en France. L’illusion, Macron le sait, est éphémère ; la réalité, elle, est moins sublime que les médailles d’or. L’absence de majorité obligera le président à convoquer des législatives anticipées dans un an, les députés fraîchement élus se préparent déjà à repartir en campagne, note «Le Figaro».
Face à l’Hémicycle ingouvernable qui les attend à la rentrée, de nombreux parlementaires avancent qu’ils n’iront pas jusqu’au bout de leur mandat. Tous anticipent une situation de blocage qui ne laissera pas d’autre choix au président que de renverser la table et de rappeler la France aux urnes. À cet égard, la gauche et une partie du bloc central font cause commune pour l’introduction de la proportionnelle, qui pourrait garantir une certaine stabilité. «Le paysage politique semble être durablement éclaté (...) il faut empêcher que des majorités négatives se forment», analyse le politologue Pascal Perrineau.
Avant les Jeux olympiques, Emmanuel Macron voulait redonner la parole aux électeurs afin qu’ils apportent une «clarification» à la situation politique en France après le succès inédit du Rassemblement National aux élections européennes. Les Français se sont rendus en masse aux urnes pour les législatives ; participation record de 66 % des électeurs. Ceux-ci ont dit un non sonore au camp présidentiel. Le centre ou l’hypercentre de Macron a implosé. Le «ni à droite ni à gauche», qui hier donnait vie à la macronie, n’existe plus ! Les politologues s’attardent sur l’affaissement de la macronie (ou du macronisme), ce grand courant central, système imposé il y a sept ans.
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