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Reste encore un peu Jürgen…
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Reste encore un peu Jürgen…
Le vendredi 26 janvier 2024 restera un jour sombre pour les supporters de Liverpool. Un de ces jours où tout allait bien, en apparence, mais où soudain une irrésistible envie de vous couper du monde et de vous planquer sous le lit vous assaille. Vous savez pertinemment que, désormais, plus rien ne sera jamais comme avant.
Lorsque Jürgen Klopp a annoncé qu’il quittait le Liverpool Football Club en fin de saison, on a d’abord cru à une blague. Une simple fake news de plus pour faire du buzz sur le mercato. Une info bidon quoi. Ou alors une tactique pour s’enlever la pression, forcer les Américains à investir davantage et gagner plusieurs titres alors que les Reds sont toujours en course pour un fabuleux quadruplé (Premier League, Europa League, FA Cup, League Cup)…
Mais en écoutant l’interview de l’entraîneur allemand, on comprend très vite que c’est du sérieux. Peu de place au doute dans cette annonce. Pas de calcul. D’ailleurs, le bougre n’a jamais été un adepte du «mind games» pratiqué par les Ferguson, Mourinho, Benitez ou Wenger. Cet homme au regard poignant, ce sanguin qui sait transmettre ses émotions comme personne, avait l’air dévasté. Au bout du rouleau. Usé par tant de batailles dévastatrices, dont nous ne mesurons pas l’énorme implication physique, morale et psychologique au quotidien.
«Je n’ai plus d’énergie pour continuer.» Ça y est, la phrase fatidique est lâchée. Lourde de sens. Sous-entendant qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible. Même si le proprio américain décide de casser sa tirelire et de lui offrir par exemple un Kylian Mbappé sur un plateau d’argent (un joueur avec qui il aurait adoré travailler de son propre aveu si son club avait les moyens de se l’offrir…).
«Je n’ai plus d’énergie pour continuer.» Ça peut paraître anodin dit comme ça, mais c’est en même temps très fort. Ce n’est pas un aveu d’impuissance, mais plutôt un cri de détresse. Pour nous dire qu’il a compris, malgré lui semble-il expliquer, que son corps disait stop. Qu’il fallait s’arrêter maintenant. Pour ne pas risquer de graves problèmes de santé comme Gérard Houllier ? Il est vrai qu’en le voyant agiter le poing rageusement vers ses supporters à la fin de chaque match gagné, on pouvait se poser la question : mais d’où puise-t-il cette énergie et toute cette force ?
Ne nous voilons pas la face, il y aura un avant et un après Jürgen Klopp à Liverpool. Si le trio magique Mohamed Salah-Sadio Mané-Roberto Firmino a déjà marqué l’histoire comme l’une des plus belles triplettes d’attaque qu’on ait vue, à l’image du MSN (Messi-Suarez-Neymar) ou de la BBC (Bale-Benzema-Cristiano Ronaldo), c’est bien le technicien allemand qui a impulsé les gênes de la gagne au club d’Anfield Road.
«Let’s move from doubters to believers», avait-il clamé d’emblée à son arrivée. Une phrase qui en avait fait rire plus d’un à l’époque lorsqu’il avait les longs cheveux et que la «hype» de l’époque faisait de Pep Guardiola et lui les deux paris les plus «bankable» pour relancer un grand club qui rêvait de gloire clé en main. Alex Ferguson l’avait bien senti aussi au moment de son départ, étant fan des deux. Mais ça ne s’est pas fait. Et, c’est Liverpool qui a hérité du gros lot, tandis que Guardiola rejoignait Man City quelques années plus tard. And the rest is history, dirait l’anglais !
Quelles belles années footballistiques. Quels fantastiques mano a mano entre les ex-mentors respectifs du Borussia Dortmund et du Bayern Munich. Une rivalité sportive intense qui aura produit des matchs de folie à Anfield et l’Etihad Stadium. Et complètement rehaussé le niveau de la Premier League, pour en faire officiellement le meilleur championnat du monde.
Ceux qui ont l’esprit taquin vous diront que Klopp n’a gagné qu’UNE SEULE Premier League et que ça ne pèse pas lourd devant les 13 merveilles de sir Alex Ferguson… Certes, mais ce serait quand même très réducteur et injuste de résumer l’héritage kloppien à une histoire de chiffres non ? N’a-t-il pas fini le championnat trois fois au-delà des 90 points (99, 97 et 92), étant devancé deux fois sur la photo finish par City, alors que le grand Manchester Utd qui écrasait tout à l’époque de SAF n’a jamais dépassé les 91 points ? On en rediscutera dans quelques années, lorsque sa statue trônera aux côtés de Bill Shankly.
N’oublions pas non plus que les débuts de Klopp avec les Reds ne furent pas aussi simples que ça, perdant plusieurs finales d’affilée, dans la foulée de celles perdues avant en Allemagne. L’appellation loser fut vite brandie par ses détracteurs. Mais son management à l’affectif, son sens tactile avec ses joueurs avec des «hugs» fougueux dans les bons comme dans les mauvais moments, ont fini par triompher. En même temps que les titres et la gloire tombaient en flot ininter- rompu. Klopp le paternaliste était enfin devenu Klopp le winner. Et aujourd’hui, un seul mot prédomine, chez ses partisans comme ses rivaux : RESPECT.
Car l’Allemand a bien tenu sa promesse en ramenant brutalement Liverpool sur le toit de l’Europe d’abord, puis d’Angleterre et enfin du monde, en raflant tout ce qu’il y avait à gagner avec son fameux «gegen pressing», loin de faire l’unanimité au début. En attendant cette fin de saison qui peut encore sourire au peuple d’Anfield avec la conquête de nouveaux Graals à l’horizon…
Fureur, larmes, goals, célébrations, foule en délire, remontadas, «heavy metal football». Nul ne sait de quoi demain sera fait, mais chacun sait que rien ne sera jamais pareil sans lui. À 30 matchs (minimum) de la fin de son histoire avec les Reds, chaque fan aimerait juste le retenir par le bras et lui dire : reste encore un peu Jürgen…
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