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«Roar for Justice»
La mort atroce de la russe Zaliia Shamigluvo par notre compatriote Pooryabirsingh Soondur ne cesse de provoquer une colère quasi généralisée. Au-delà de la vie brisée d’une jeune adulte et de la détresse incommensurable de ses proches, il y va de la violence inqualifiable faite contre les femmes, c’est-à-dire contre nos mamans, nos cousines et nos filles, qui croisent, souvent malgré elles, des bourreaux ou des loups sanguinaires qui se drapent dans des manteaux d’agneau.
Le mauvais traitement que subissent les femmes dépasse notre entendement et nos frontières. Rien qu’en Inde, selon les données gouvernementales, une moyenne de… 90 viols par jour a été signalée en 2022. Dans la nuit sombre du 9 août, une jeune médecin-stagiaire au R. G. Kar Medical College, s’était rendue dans une salle de séminaire pour se reposer après un épuisant service ininterrompu de 36 heures. Elle était l’unique enfant de ses parents et travaillait dur pour devenir médecin pour faire la fierté des siens. «Nous venons d’un milieu modeste et avons tout construit par nous-mêmes. Quand elle était petite, nous avons eu des difficultés financières», a déclaré le père, qui est tailleur, à la presse. Il y a eu des moments où la famille n’avait même pas d’argent pour acheter des grenades, le fruit préféré de leur fille, a-t-il poursuivi.
La mère se rappelle comment sa fille écrivait dans son journal tous les soirs avant de se coucher. «Elle écrivait qu’elle voulait remporter une médaille d’or pour son diplôme de médecine. Elle voulait mener une bonne vie et prendre soin de nous aussi.»
Le père, qui souffre d’hypertension, a confié aux journalistes que sa fille s’assurait toujours qu’il prenne ses médicaments à l’heure. «Une fois, j’avais épuisé mes médicaments et je me suis dit que je les achèterais le lendemain. Mais elle l’a découvert, et même s’il était 22 heures ou 23 heures, elle a dit que personne ne mangerait tant que les médicaments ne seraient pas là», a-t-il dit.
Comme les parents de Zaliia, ceux de la jeune Indienne, ou ceux des filles de castes inférieures, dont les histoires ne sont pas reprises dans la presse internationale, ne peuvent toujours pas croire que quelque chose «d’aussi barbare» ait pu arriver à leur fille.
La mort de la jeune médecin-stagiaire ravive les souvenirs d’un cas de 2012, lorsqu’une autre stagiaire, celle-ci en physiothérapie, âgée de 22 ans, avait été violée en groupe dans un bus en mouvement à Delhi, la capitale. Ses blessures lui avaient été fatales. À la suite de cette agression – qui a fait la une des journaux mondiaux et conduit à des semaines de manifestations –, l’Inde a renforcé ses lois contre les violences sexuelles. Malgré cela, le nombre de cas signalés d’agressions sexuelles ne cesse d’augmenter et l’accès à la justice reste un défi pour les femmes.
La semaine dernière, des milliers de personnes ont participé à une marche «Reclaim the Night» à Kolkata pour exiger la sécurité des femmes à travers le pays.
Le cas de la jeune docteure a également mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les professionnels de la santé, qui ont demandé une enquête approfondie et impartiale sur le meurtre et une loi fédérale pour les protéger – en particulier les femmes – sur leur lieu de travail.
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Hier, j’ai reçu une vidéo via WhatsApp, envoyée par un fidèle lecteur. Son titre, «Roar for Justice», est une chanson mélancolique, aux accents tragiques. Les premières lignes coïncident de manière surprenante et troublante avec ce qui s’est passé à Kolkata le 9 août, au R. G. Kar Medical College and Hospital. «Dans le silence de la nuit, une tragédie se déroule. La vie d’une jeune soignante, si brutalement volée… Ensemble, nous lutterons, nous réglerons les comptes… Unissons-nous, levons-nous, battons-nous pour son âme…»
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