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Journée portes ouvertes
Shakti Callikan: Palette terre
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Journée portes ouvertes
Shakti Callikan: Palette terre
Un hobby? Shakti Callikan se plaît à dire que la poterie est l’un de ses passe-temps. Mais c’est une activité qu’elle prend au sérieux. Début décembre 2023, elle nous avait entraînés dans un tour de Maurice, via l’exposition Terres marronnes à l’Institut Français (IFM). Descente au creux de mama later. Recueillant de la terre de Chamarel à Midlands, de Piton du Milieu à Yemen en passant par Choisy, Pailles et tant d’autres localités. Se penchant avec une rigueur scientifique sur les dosages avec du grès blanc importé. Notant la texture et les camaïeux. Cette exposition s’était achevée avec le festival Krea’Terre, rassemblant une quinzaine d’artisans céramistes.
Six mois se sont écoulés depuis. Le samedi 22 juin, c’est dans son atelier, près du débarcadère à Poudre-d’Or, que Shakti Callikan accueillait les visiteurs. C’était l’occasion d’une journée portes-ouvertes dans huit studios de poterie à travers l’île. Sa recherche autour de la matière terre a négocié un nouveau virage. S’il y a six mois, elle avait les yeux rivés sur l’aspect plus scientifique des mélanges de terre pour créer des formes viables, aujourd’hui, «avec ces informations-là, je m’amuse». À fabriquer des objets avec les couleurs qui l’attirent le plus. Le monochrome a cédé la place à des objets toujours fonctionnels mais plus colorés. Aux surfaces lisses se sont ajoutées des finitions plus rugueuses. «Avec la poterie, on se rend compte que l’on travaille avec du vide. C’est explorer à quel point une pièce peut évoluer autour du vide avant de s’écrouler», explique-t-elle. «C’est essayer d’aller le plus loin possible dans l’approche du vide.»
Mais le vrai tournant de cette recherche, c’est «de transformer la terre en couleurs», détaille Shakti Callikan. Un procédé qui demande de tamiser et d’écraser la terre pour obtenir «la matière la plus fine possible». Une fois les nuances des pigments obtenues, «on peut faire de l’aquarelle, de la gouache, de la gravure, de la teinture». Émerveillée, elle partage : «Ce qui est extra, c’est de se dire que l’on peut peindre avec les couleurs de Maurice, des couleurs home made.»
De là à s’intéresser aux couleurs de ce qui pousse dans cette terre, il n’y a qu’un bond de la pensée. Allègrement exécuté par Shakti Callikan. Elle se penche désormais sur «les couleurs des arbres endémiques, des racines. De ce que l’on appelle les mauvaises herbes mais qui sont en réalité des herbes dont personne ne veut». Par exemple, la racine du pie-lafous a attiré son œil. «Au bout, c’est un peu rouge, ensuite cela tire sur le jaune, avant de devenir marron. Je me suis demandé quelle couleur avait cette racine.» L’écorce de litchi aussi l’a inspirée. Elle a extrait les couleurs d’environ une trentaine de plantes. Des tests de couleurs sont en cours sur du coton, de la soie, du papier. «Cela approfondit le questionnement sur notre rapport à l’environnement, à cette nature qui au départ de la colonisation n’était qu’une commodité.»
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