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Signe d’apaisement après les distorsions sur le marché des changes

17 juillet 2024, 10:00

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Au lendemain du Budget, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, surprenait plus d’un en déclarant que la roupie est surévaluée et que l’ancien régime avait pour des raisons inavouables maintenu la monnaie locale à un taux supérieur à sa valeur réelle. Il n’a pas tout à fait tort. Déjà, l’on se souviendra qu’en 2012, le Fonds monétaire international (FMI) avait soutenu que la roupie ne reflétait pas les fondamentaux de l’économie et qu’elle était «légèrement surévaluée».

En juillet 2021, alors que le pays était encore paralysé et que la quasi-absence de recettes touristiques aggravait les problèmes structurels propres à l’économie mauricienne, le FMI calculait que la roupie était surévaluée de 30 % à 40 %. Pour sortir de l’ornière, l’organisme de Bretton Woods recommandait au gouvernement de s’engager dans des réformes afin d’améliorer la compétitivité du pays et de réduire ainsi l’écart du compte courant.

Aujourd’hui, alors que l’économie mauricienne est dans une phase ascendante, la question de surévaluation de la roupie ne semble pas vraiment se poser. Bien au contraire. Le sentiment des analystes est que notre monnaie s’est trop dépréciée. Cela a eu pour conséquence que notre facture d’importation est devenue beaucoup plus chère, avec des répercussions directes sur le pouvoir d’achat. Selon les chiffres compilés par AXYS, la roupie s’est dépréciée de l’ordre de 46 % face au dollar depuis 2014.

Dans les semaines suivant la présentation du Budget, la roupie a curieusement faibli face au dollar. Cela en raison d’une hausse des pratiques spéculatives sur le marché des changes. Concrètement, les banques et les cambistes ont privilégié l’instrument du forward rate plutôt que le spot rate pour les transactions en devises étrangères. L’on a noté également que ces transactions nécessitant un contrat à terme se font sur une très courte période, soit parfois sur 1 jour.

L’utilisation à tout-va du forward rate a non seulement chamboulé le marché des changes en provoquant une pénurie de devises, mais encore elle a favorisé la spéculation en faveur du dollar et, ipso facto, impacté la valeur de la roupie. Ainsi, entre le 7 juin et le 28 juin, la roupie s’est dépréciée de 2,38 % vis-à-vis du dollar.

Dans le même temps, ces distorsions sur le marché des changes ont lourdement pénalisé les opérateurs qui, pour payer par exemple leurs achats, ont été contraints d’acheter du dollar au prix cher.

Sensible aux griefs des opérateurs, la Banque de Maurice est intervenue une première fois sur le marché des changes le 8 juillet en vendant aux banques 50 millions de dollars au prix de Rs 46,76 l’unité. Cette intervention a quelque peu réduit la pression par rapport à la disponibilité des devises. Parallèlement, la tension constante sur la roupie s’est relâchée, avec la monnaie locale gagnant 0,3 % contre le billet vert sur la période du 8 au 15 juillet.

Décidée à suivre la situation de près, la Banque de Maurice a annoncé en fin de semaine dernière qu’elle a mis en place un bureau dédié pour permettre aux particuliers et aux entreprises de partager leurs préoccupations concernant la disponibilité des devises avec les banques. Les doléances doivent être envoyées à la Banque de Maurice par courriel à fxcomplaints@bom.mu.

La Banque centrale est intervenue une nouvelle fois sur le marché des changes ce lundi 15 juillet en vendant 50 millions de dollars aux banques au prix de Rs 46,60 l’unité. En arrosant le marché de dollars, les banques sont, à leur tour, encouragées à lâcher du lest et à vendre davantage au taux spot. Quant à la roupie, elle devrait retrouver une certaine stabilité dans les semaines à venir.

Par ailleurs, le Gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, a adopté un ton rassurant lors de sa rencontre avec la presse suivant la réunion du comité de politique monétaire. Tout en indiquant que la demande pour les devises augmente ces jours-ci car la plupart des importateurs commencent à passer leurs commandes pour les approvisionnements de fin d’année, il devait préciser que les réserves brutes du pays totalisent 8,2 milliards de dollars. Ce qui fait que l’autorité monétaire dispose d’une marge suffisante pour approvisionner le marché et contrôler toute volatilité excessive.

Concernant le forward rate, Harvesh Seegolam a fait remarquer que la Banque de Maurice a engagé des consultations avec les banquiers en vue d’établir des lignes directives régissant le recours à cet instrument. Un tel encadrement nous semble nécessaire pour, d’une part, éviter les distorsions sur le marché des changes et, d’autre part, défendre la roupie.