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Sortie de rails et nouveaux horizons
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Sortie de rails et nouveaux horizons
Pourquoi le Chief Executive Officer de Metro Express Ltd (MEL) s’envole vers d’autres horizons sans faire un bilan de ses six années de service ? Est-ce vrai que MEL est dans le rouge et qu’il sera un désastre financier confirmé ? En termes de sécurité, après quatre morts sur les rails, le tram mauricien constitue-t-il un danger public ? Va-t-il s’offrir un pot de départ pour s’auto-congratuler ou fera-t-il son mea culpa ? Dass Mootanah sent-il le vent électoral tourner ou lui a-t-on tout bonnement demandé de partir pour donner l’impression que le pouvoir effectue un balayage de ses éléments controversés ? Autant de questions, plus celles sur les berlines du commissaire de police, que l’on se pose dans la rue.
De Britannia à Baie-du-Tombeau, en passant sur le nouveau Pont Bruniquel, entre Poste-de-Flacq et Cotteau Raffin, des affiches et symboles divers plantent le décor. Le pays profond est animé, exalté, sans être révolutionnaire pour autant… Dans l’arrière-pays, on cultive aussi du moins bon : du castéisme de bas étage au pouvoir de l’argent facile.
L’effervescence nouvelle, conjoncturelle, détonne du vert quasi-uniforme des champs de canne, des murs en pierre sèche et du bitume routinier, qui ornent le paysage rural. Cette énergie positive détonne aussi de la politique telle qu’elle se pratique au niveau national, où des chefs de tribus, distributeurs de prébendes, couettes ou micro-ondes/Karchers, se comportent, trop souvent, comme des enfants, plus soucieux de leur ego (et de leur plaque d’immatriculation) que du bien commun et de la santé du pays.
Sur notre route quotidienne à travers le pays, on s’arrête à chaque congrès, attroupement ou discussion animée sous la varangue d’une boutique. On arpente le terrain, on écoute des débats, on assiste aux meetings de quartier. On entend des coups de gueule, plusieurs revendications citoyennes. Des coups de blues aussi. Le désir de changement est manifeste mais changer quoi ou quoi ?
C’est évident : ceux qui veulent chanter les louanges du Sun Trust ne peuvent pas tenir un discours de rupture. lls n’arrivent pas à se connecter aux problèmes du petit peuple mais doivent répondre à leurs interrogations immédiates : manque d’eau, absence de loisirs, manque de projets pouvant intégrer les habitants, ravages des drogues de synthèse.
Au fil de nos pérégrinations, une réponse est revenue : à défaut de pouvoir changer le visage de Maurice, plusieurs veulent améliorer celui de leur village natal ou d’adoption. Louable initiative de ceux-là dont l’énergie contraste avec le suivisme de certains, qui n’ont tiré aucune leçon de la condamnation d’Ashok Jugnauth au numéro 8 pour corruption électorale. Peut-être en raison de l’affaire non gagnée de Suren Dayal devant le Privy Council, interprétée, à tort, par certains comme un chèque en blanc.
D’autres pointent du doigt la faillite des politiciens au niveau national – et leur incapacité à tenir leurs promesses électorales – comme de l’eau «24/7» dont la définition a été revue, une Freedom of Information Act plus nécessaire que jamais, une MBC qui pourrait, enfin, privilégier le débat public. Ils n’acceptent pas que Ganoo et consorts viennent leur dire : ne votez pas contre le gouvernement car cela va freiner le développement de votre quartier ! Si ce n’est pas du chantage, cela y ressemble beaucoup, en tout cas.
Alors, signe de renouveau ou excitation passagère ? Est-ce que cet engouement rural serait la preuve vivante que notre démocratie a compris le besoin de se renouveler, de prendre une logique de proximité ? Que le temps est venu de changer la donne et d’élargir la base en montrant le chemin aux élites traditionnelles, comme c’est le cas avec un tiers de femmes sur la liste des candidats ruraux alors qu’à l’Assemblée nationale, nous sommes encore loin du compte équitable.
Les jeunes comprennent que le véritable enjeu politique demeure la méritocratie alors que l’impartialité est le principal enjeu économique. Et que pour changer le système, il faut bien commencer par balayer devant sa porte. C’est quand ils n’arrivent pas à changer la donne qu’ils pensent à mettre les voiles comme Dass Mootanah. Tranquillement. Pour explorer, nous dit-on, de «nouveaux horizons...»
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