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Sortir du confort de l’État providence
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Sortir du confort de l’État providence
À trop se focaliser sur nos différends internes, nous perdons de vue le monde extérieur auquel nous sommes pourtant connectés. Les flots tumultueux de la mondialisation peuvent alors nous faire chavirer. En l’absence d’une véritable diplomatie économique et d’une équipe de stratèges tournés sur les relations internationales, qui sont cruciales pour pallier la fin des privilèges du temps jadis et les nouveaux challenges post-Covid, il sera difficile pour notre petit pays d’affronter concomitamment l’absence de régulation de la finance internationale et la criminalisation de l’économie mondiale (avec par exemple l’argent sale provenant d’Angola qui peut infiltrer des projets colossaux comme Royal Park).
Alors que le ministre des Finances s’active sur son dernier Budget de la présente législature, un consensus se dessine : l’économie doit avoir une meilleure considération et, surtout, devrait pouvoir mobiliser tout un chacun. Pour les spécialistes des relations internationales, l’extension du champ diplomatique traditionnel des États vers le domaine économique s’avère incontournable en raison des interdépendances entre les économies. Si, dans ses discours, Padayachy souligne souvent le besoin de ces nombreux changements relatifs à la «mondialisation économique». Ceux-ci sont venus en fait redéfinir, depuis le démantèlement de l’accord multifibre et la fin du Protocole sucre, le cadre de l’action extérieure des États, soit cette diplomatie économique qu’il nous faut sans cesse réinventer. Mais chez nous, les actualités et acteurs politiques font pâtir les réformes structurelles de notre économie. Et alors que le débat aurait dû se focaliser, comme ailleurs, avec plusieurs États qui sont contraints de passer progressivement du «welfare state» au «competitive state», soit de l’État-providence à l’État compétitif.
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Maurice serait-elle dans la situation d’un Welfare State «gone wrong» ? Depuis plus de 30 ans, sa politique économique, prise globalement, a été la poursuite d’une agréable chimère : il suffisait de redistribuer les richesses pour accéder au paradis de l’État providence. Installé dans le rôle commode de redistribuer, le régime avait divisé le monde en deux : les gros méchants, source intarissable de taxes et les petites gens (les ‘ti dimounn’), vouées à manifester aux gouvernants une reconnaissance éternelle puisque, au demeurant, capables de nous fournir tous les cinq ans une majorité électorale confortable (...) Si le peuple gueulait, on serrait la vis fiscale et on ouvrait les vannes de la distribution.
Et, vers la fin de 1983, ce qui devait arriver arriva (car on n’a pas trouvé «du pétrole sur les bancs de Saya de Malha») :
• 1) Le budget de l’État puisait des richesses nationales pour les redistribuer en largesses improductives.
• 2) Il n’y avait qu’une fraction qui restait pour créer des richesses additionnelles.
• 3) Avec une pression fiscale «absurde», personne ne voulait se lancer pour augmenter le gâteau national.
• 4) La balance de paiement devint fortement déficitaire ; ce qui entraîna deux douloureuses dévaluations.
• 5) Avec une démographie galopante (qui n’allait pas de pair avec les infrastructures et travaux publics), le chômage prit des proportions alarmantes.
Pour redresser le cap, le remède était connu : l’économie avait besoin de consommation et davantage de production. Pour sortir de la crise, l’express du Dr Forget prescrivait : des investissements pour accroître les exportations et les produits de substitution; des emplois productifs et permanents qui vont générer d’autres emplois («grâce à l’effet multiplicateur»); moins de dépenses pour canaliser les économies vers l’investissement ; moins d’importations énergétiques et davantage de développement des sources d’énergie indigènes et renouvelables (solaire et éolienne) ainsi que celui des ressources négligées (lagon, mer, barachois), entre autres.
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On repose la question qui, à raison, fait souvent débat à l’approche de chaque échéance électorale : un gouvernement qui est en campagne pour se faire réélire a-t-il le droit moral de présenter un Budget ? Pour que tout le beau monde politique soit à la même enseigne, ne devrait-on pas laisser aux hauts fonctionnairestechniciens (ils sont capables et ont plusieurs Budgets dans les jambes), le soin de présenter un Budget de fonctionnement qui serait politiquement (ou plutôt politiciennement) neutre ?
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