Publicité

22 ans après les attentats du «9/11»

Souvenirs et commentaires des Mauriciens installés aux États-Unis

11 septembre 2023, 17:58

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Souvenirs et commentaires des Mauriciens installés aux États-Unis

Rattan Gujadhur était dans l’État du Massachusetts le 11 septembre 2001. «Americans are great people and the sense of democratic values remains strong», dit-il.

Ceux qui ont vu à la télévision les images des «Twin Towers» percutées par deux avions kamikazes, le 11 septembre 2001, s’en souviennent toujours. Quid de ceux qui ont vu ou vécu ces attaques alors qu’ils se trouvaient aux États-Unis ? Nous avons interrogé quelques Mauriciens en cette Journée mondiale de lutte contre le terrorisme.

On l’appelle «9/11», le 11 septembre, les Américains mettant le mois avant le jour. Ce jour-là de l’an 2001, quatre attentats-suicides sont perpétrés par des terroristes d’AlQaeda, se déroulant en l’espace de deux heures. Deux avions de ligne avec leurs passagers et les terroristes sont projetés, à Manhattan, contre les Twin Towers du World Trade Center (WTC), qui s’effondrent peu après sous les yeux ébahis des New-Yorkais. Un troisième avion s’abat sur le Pentagone, à Washington. Un quatrième appareil s’écrase en Pennsylvanie après l’intervention de quelques héroïques passagers. On ne sait pas vers quelle cible se dirigeait cet avion-kamikaze. Bilan de toutes ces attaques: 2 977 morts, dont 2 753 rien qu’au WTC, et 6 291 blessés. Ce fut l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire. Parmi les morts, seules 1 647 victimes ont été identifiées à ce jour. L’exercice d’identification continue.

Rattan Gujadhur a quitté l’île Maurice pour la Californie en 1999. Docteur en chimie, il a été dirigeant dans l’industrie biopharmaceutique américaine. Le 11 septembre 2001, il était dans l’État du Massachusetts. Ses impressions après ces attentats: «There was an instant fear in the country that there would be a backlash against immigrants. Although a few incidents did happen in the Midwest, I must say that I never felt the hate. Americans are great people and the sense of democratic values remains strong.»

Cependant, il blâme les faucons du gouvernement républicain de l’époque d’avoir réagi d’une manière irresponsable, illégitime et même ridicule après ces attentats. «History will not be kind to them. We responded with more desolation. Technology could have helped target and arrest the culprits, not this monstrous massive regional terror. Since I feel both American and Mauritian, and love both my countries, I am deeply saddened to say that the words of Rabindranath Tagore in 1920, when he visited the World War I trenches, still ring true today, and we, as Americans, did not honor the terrifying loss of lives in New York, ‘The awful calm of desolation, which still bore wrinkles of pain – death struggles stiffened into ugly ridges – brought before my mind the vision of a huge demon, which had no shape, no meaning, yet had two arms that could strike and break and tear, a gaping mouth that could devour, and bulging brains that good conspire and plan.’»

Tout près du Pentagone

Pamela Jahier, elle, venait tout juste de débarquer à Washington D.C., deux mois avant les attentats, pour poursuivre des études en relations internationales à l’American University. Le 11 septembre, elle était donc à l’université lorsqu’elle a vu tout le monde s’engouffrer dans la librairie pour regarder la télévision. «Le premier avion-kamikaze venait de percuter une des Twin Towers. Nous pensions que c’était un des accidents de ces petits avions dont le pilote est confondu par le reflet du ciel sur ces buildings. On regardait l’incendie qui commençait à se propager lorsqu’on a vu un autre avion de ligne foncer vers la seconde tour jumelle pour s’y exploser.»

Cris, peurs, choc devant l’écran. À partir de ce momentlà, tout comme ses amis de l’université, Pamela s’attendait au pire. Était-ce une attaque militaire ? Devrait-on s’attendre à une attaque nucléaire ? «Heureusement, il n’y a pas eu d’autres attaques et à la télé, on parlait déjà d’un attentat terroriste.»

Pour rappel, à Maurice, on pouvait voir sur Sky TV, ce jour-là, un reportage sur la détection des fuites de gaz dans les conduites souterraines à Manhattan. Et la caméra s’est soudain pointée vers le ciel où le second avion volait un peu trop bas. Et ainsi, on a pu voir le Boeing transpercer, si l’on peut dire, une des Twin Towers. Et de là, on a pu assister à l’effondrement de ces buildings qui ont emporté un autre building dans sa chute.

Mais revenons à Pamela. Comme les autres étudiants de l’American University, elle a dû rester sur le campus toute la journée et ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’elle a pu rentrer à son domicile à pied. Des amis l’ont suivie pour passer la nuit chez elle car habitant loin et n’ayant aucun transport pour rentrer. «De plus, nous raconte-t-elle, toutes les communications étaient coupées. On ne pouvait ni téléphoner ni envoyer de messages. Le seul lien avec l’extérieur était à travers la télé et la radio.» Quant au Pentagone qui se trouvait à une dizaine de kilomètres, tout le périmètre avait déjà été bouclé.

«Sam wants you» Le lendemain, Pamela a noté un sursaut de patriotisme de la part de beaucoup d’Américains. «Il y avait même un de mes amis qui est venu à l’université avec une épée samouraï en bandoulière. Il nous a informés qu’il allait se joindre à l’armée sur-le-champ pour défendre la patrie.» Tout est-il revenu à la normale depuis ? «Bien sûr que non. Vous pouvez le constater 22 ans après, notamment à l’aéroport où tout est contrôlé. Plus généralement, on est surveillé de près et l’on sait que toutes les conversations téléphoniques sont écoutées.»

Pamela Jahier a aussi constaté une méfiance envers les Arabes depuis ces attentats. «À l’université, beaucoup d’étudiants venus des pays du Moyen-Orient sont promptement rentrés chez eux, le climat n’étant pas propice pour eux. Les menaces étaient omniprésentes. Heureusement, cette hostilité s’est estompée avec le temps même si elle existe toujours.»

Une Mauricienne, qui habite près de Washington D.C. depuis plus de 30 ans, nous raconte que ce jour-là, elle était dans un autre État. Cependant, elle était inquiète pour sa famille car le Pentagone se trouve à environ 10 km de sa résidence. Toutefois, nous dit-elle, elle s’est vite rassurée que tout allait bien chez elle et en rentrant, elle a pu constater que sa maison, sa famille et ses voisins n’étaient pas touchés. «Un voisin m’a dit avoir ressenti le choc du crash.»

Les ondes de choc de ces attentats continuent à être ressenties partout dans le monde. On se rappelle des mesures de représailles lancées contre l’Irak et Saddam Hussein notamment. Comme nous le rappelle le Dr Rattan Gujadhur: «Who does not remember Colin Powell’s blatant lies to Congress about Saddam’s so-called biological weapons of mass destruction ?» La vengeance a été terrible et aveugle, nous dit un interlocuteur.

wtc.jpg Tous ceux qui ont vu les images choquantes des deux avions percutant les tours jumelles du World Trade Center s’en souviennent encore.