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Test de maturité
Dans une semaine, jour pour jour, les urnes vont commencer à parler et l’on saura si l’électeur mauricien saura, entre autres, résister à la tentation du 14ᵉ mois. Ce sera un véritable test de maturité grandeur nature, étant donné que les foules disputées des meetings et congrès ne représentent qu’un très faible pourcentage du nombre des électeurs.
En attendant le décompte de lundi prochain, bien malin celui ou celle qui pourrait prédire l’issue des urnes. C’est sans doute en raison de cette équation aussi incertaine que complexe que toutes sortes de chiffres circulent sur les réseaux sociaux libérés. Les pronostics, les cotes des bookies clandestins, les pseudo-sondages et les rapports de force des agents (secrets ou politiques) varient d’une source à une autre. Comment calculer la majorité sur 31 sièges ou 36 sièges en incluant les Best Losers ? Comment calculer les Best Losers quand d’aucuns ont choisi d’être étiquetés «population générale», voire «sino-mauricien». Et quid des élus rodriguais : vont-ils grossir les rangs de Lepep ou du Changement ? Et quid des candidats en verve de Linion Reform – vont-ils diviser les votes ? En faveur de qui ?
Comme la visibilité, à J-6, est faible, beaucoup d’observateurs font, encore une fois, appel à la lutte triangulaire de 1976 pour dégager des hypothèses électorales et post-électorales – même si 48 ans de cela, quand le PTr, le MMM et le PMSD s’affrontaient, la situation était autre.
Comme déjà souligné ici, la première leçon de la joute triangulaire de 1976, c’est qu’il n’y a pas eu de majorité nette : avec 38,66 % des voix et 30 sièges sur 62 (soit deux de moins que la majorité requise), c’est le MMM qui est sorti en tête, avant l’attribution des sièges ethniques et de l’arrangement post-électoral entre Ramgoolam-père et Duval-père. Mais entre-temps, les Rouges (38,06 % et 25 sièges) et les Bleus (16,48 % et sept députés, dont deux à Rodrigues) se sont alliés, après neuf jours d’intenses tractations, afin de barrer la route, vers le pouvoir, aux Mauves, encore inexpérimentés en politique.
Autre leçon utile : en 1976, les huit sièges de Best Losers ont été répartis comme suit : quatre au MMM, trois au PTr et un au PMSD. Ce qui a résulté en un décompte final : MMM (34 députés), PTr (28), PMSD (8). Le MMM d’avant 1983 n’est plus le même aujourd’hui, il a explosé et a engendré le MSM, et les petits partis de Collendavelloo, Ganoo et Obeegadoo. Même s’il bénéficie actuellement de la guerre sans merci entre le PTr et le MSM, le MMM connaît ses limites en milieu rural.
Il ne faut pas non plus sous-estimer le phénomène aste-vande. On aura vu comment s’est pris le MSM pour attirer des «militants» d’autres partis. On sait aussi qu’on n’a toujours pas légiféré contre le transfugisme : d’ailleurs, il y a des candidats qui ont dû faire plus de deux ou trois partis et qui sont des recordmen de la transfugite. Ceux-là courent derrière une seule chose, peu importe le leader de son alliance : un ministère ou une ambassade.
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· Attaques, contre-attaques, feux, contrefeux, davantage feu de paille que feu de brousse, mais terre brûlée quand même, fracturée, nation fissurée. Les coups bas et les attaques personnelles, souvent sous la ceinture, contre les adversaires, et l’inflation des mesures populistes ont pris le pas sur la bataille des idées, susceptibles de peser sur l’orientation stratégique du pays.
· Ce n’est pas la peine de relire les manifestes électoraux des uns et des autres partis traditionnels. Depuis l’Indépendance, notre journal souligne l’absence d’un plan sérieux – pas un de ces programmes visant à faire élire «en bloc» des candidats ethniques savamment alignés par les chefs de parti (et puis l’on s’étonne qu’ils aient peur du «coupé-tranché » pouvant rompre l’équilibre de LEURS quotas «communalistes»). L’immobilisme qui frappe les chefs de parti – qui ont le culot de marmonner le mot «rupture» – est leur problème existentiel. Cela ne devrait pas être le nôtre pour autant !
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