Publicité

Manière de voir

The «savat dodo» magic gone?

15 juin 2024, 09:50

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

The «savat dodo» magic gone?

La fameuse déclaration d’Abraham Lincoln sur «fooling people» s’applique-t-elle aussi à notre ministre des Finances, Renganaden Padayach? Qu’avait dit exactement ce grand président américain ? «You can fool all the people some of the time and some of the people all the time but you cannot fool all the people all the time», avait ainsi affirmé Lincoln.

Dans le cas de Padayachy par rapport à son dernier exercice budgétaire, sa démarche engagée, le vendredi 7 juin, ne cachait pas des visées électoralistes. D’ailleurs, il était condamné à adopter une telle attitude car le présent Parlement sera automatiquement dissous en novembre 2014, ce qui fait que le pays sera invité à participer à des élections générales. Donc, le MSM devait forcément utiliser le budget pour tenter de consolider sa base électorale et atteindre d’autres segments de la population.

Contrairement aux années précédentes, l’exercice budgétaire du gouvernement de 2024 a suscité de nombreuses interrogations de professionnels rompus aux sciences économiques et de mouvements comme Resistans ek Alternativ qui se sont chargés d’expliquer les faiblesses, les manquements et les vulnérabilités décelés dans le grand oral du ministre Padayachy.

Pour leur part, les grands patrons ne disent rien de négatif sur le budget du gouvernement. Cette pudibonderie de vouloir play safe remonte à 1983 quand sir Anerood Jugnauth s’arma d’un têtu pour assommer une classe particulière de Mauriciens.

Les syndicalistes, eux, n’ont jamais été aussi «bons enfants» de toute l’histoire du pays. Il est vrai que dans le contexte actuel, des représentants de travailleurs bénéficient de per diem du gouvernement et font partie de délégations officielles dirigées par le ministre du Travail se rendant à l’étranger. Heureusement pour le pays, que des professionnels ayant étudié les sciences économiques soient venus assurer un travail fort utile de pédagogie auprès de la population. Il faudrait aussi reconnaître l’excellent exercice de communication de Roshi Bhadain qui s’est chargé de démystifier l’exercice politique et budgétaire du MSM.

Les Mauriciens seraient maintenant mieux exposés au sérieux problème posé par l’affaiblissement graduel, mois après mois, de la roupie et une inflation galopante qui entament en grande partie tout gain à leur revenu annoncé par le ministre Padayachy. Ils comprennent mieux comment le gouvernement finit par collecter gros en termes d’impôts et de taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Il a ainsi été prouvé que le ministre collecte davantage qu’il ne donne en «cadeaux».

Le fait que le pouvoir ait été impliqué dans de nombreux scandales financiers au cours des dernières années contribuerait aussi à entamer la crédibilité du ministre Padayachy en matière de gestion financière. Donc, même si le ministre des Finances est motivé par la plus noble intention, il suscitera néanmoins une réaction de méfiance dans certains milieux.

En attendant les élections générales, le pouvoir d’achat et la dépréciation de la roupie resteront au centre des préoccupations des Mauriciens. On se retrouve plus ou moins dans la même situation qu’à la fin des années 1970 quand deux dévaluations successives de la roupie avaient mis le pays à genoux. Avec les résultats que l’on sait.

Dans le contexte actuel, on n’annonce pas officiellement et formellement la dévaluation de la roupie comme le faisait sir Veerasamy Ringadoo. La roupie dégringole, poussée qu’elle est par plusieurs facteurs, notamment le déficit commercial et l’endettement du pays. Le gouvernement encaisse davantage à travers la TVA alors que les exportateurs et grands patrons du secteur touristique et hôtelier payés en devises fortes profitent de la roupie faible.

Alors que les défenseurs du MSM collent l’étiquette «socialiste» à l’exercice budgétaire, les grands patrons restent les principaux bénéficiaires des mesures annoncées. En s’armant de la matraque que serait l’emploi de travailleurs étrangers à Rs 22 500 par mois, les employeurs disposent maintenant d’une arme redoutable pour neutraliser les revendications salariales de plusieurs catégories d’employés, pas seulement ceux se retrouvant avec «le bol de charité» de Rs 20 000.