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Kronik KC Ranzé
Today is the day ! Aujourd’hui, nous votons !
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Kronik KC Ranzé
Today is the day ! Aujourd’hui, nous votons !
Les meetings de fin de campagne sont terminés. Les discussions stupides sur la taille des foules respectives de dimanche dernier sont derrière nous. Les manifestes électoraux ont été publiés et les promesses électorales qui coûteront cher s’entassent, pour l’heure, face à des sources de financement inconnues. Aujourd’hui, c’est le jour de décision. Pour décider de notre avenir, ce qui s’est passé, plutôt que les promesses, reste le seul socle solide sur lequel s’appuyer pour décider…
Les dix dernières années de l’Alliance Lepep ont été marquées par quelques réalisations non négligeables, d’autant que leur parcours a été sévèrement secoué par la pandémie : le salaire minimum, les logements sociaux, l’augmentation de la pension de vieillesse, des travaux publics d’envergure (métro, SAJ bridge, drains…), une pandémie relativement bien gérée médicalement, un nouvel hôpital à Flacq, une économie réactivée post-Covid – notamment à travers de nombreuses initiatives de soutien économique.
Cependant, ce qu’ils ont concrétisé porte un prix lourd (déficits, endettement…) et aura été systématiquement défait par une gouvernance viciée et parfois effrayante. Lepep ne croit pas dans la nécessité d’institutions libres et indépendantes. Ils veulent tout contrôler et à défaut de pouvoir contrôler, ils veulent au moins pouvoir tout influencer et ils ne reculent devant pas grand-chose pour ce faire. L’État, c’est eux ! De leur point de vue, les contrepouvoirs, c’est de la rigolade pas nécessaire. Pire, les opinions libres ou contradictoires, cela frise, à leurs yeux, l’antipatriotisme. On a bien vu cet état d’esprit en 2016 avec la Prosecution Commission Bill, qui voulait garrotter le DPP.
Plus récemment, les audios de Missie Moustass sont venus souligner l’envergure de la gangrène. Le gouvernement intervient ouvertement dans la police (pourtant constitutionnellement protégée), choisit de contrôler le speaker au Parlement, fait voter la Financial Crimes Commission pour étendre son influence, tente même d’embobiner juges et magistrats – heureusement sans trop de casse jusqu’ici ! Ces comportements révèlent une absence d’esprit démocratique qui, lors d’un 3e mandat, peut faire craindre le pire, car le pouvoir qui leur est déjà monté à la tête, risquerait maintenant de les faire… décoller ! Lepep confirme fortement le diagnostic que le pays affiche une façade de démocratie, mais que nous sommes de plus en plus… à court de démocrates !
La même mentalité aura mené Lepep à blacklister, et souvent punir, les citoyens qui se démarquent et qui s’expriment librement. Le pouvoir gouvernemental aurait pu choisir de gagner des débats d’idées, de favoriser le mérite et d’essayer de convaincre, mais il trouve sans doute plus jouissif et plus ‘productif’ de favoriser seuls les siens ou les béni-oui-oui de circonstance.
Lepep a aussi perdu la bataille de la crédibilité sur sa gestion des services (et de l’argent …) publics. Le port est loin d’être productif – (classé 369e par la Banque mondiale !) ; après dix ans, l’eau 24/7 relève toujours du rêve (les pertes d’eau ont d’ailleurs augmenté à 64 % de l’eau traitée !) ; Air Mauritius 2.0 n’est pas encore stabilisée ; l’éducation nationale est au plus mal ; le CEB et la STC essuient de grosses pertes (Rs 5 milliards et Rs 3,7 milliards respectivement aux derniers chiffres disponibles); la santé publique ne fait pas l’unanimité ; l’énergie renouvelable à 60 % du total en 2030 est, pour le moment, en baisse, à 17,2 % en 2023…
Par ailleurs, les «investissements» de Rs 20,9 milliards dans Mauritius Post, National Property Fund, NTC et Maubank ont dû être «written off», selon le directeur de l’Audit. Comme ça. D’un trait. De plus, toujours selon le même auditeur, 85 % du portefeuille d’investissement du gouvernement, soit Rs 77,5 milliards n’ont, jusqu’ici, JAMAIS généré aucun dividende… Qui peut encore justifier les Rs 18 milliards investis dans Safe City ? Ou les Rs 14 milliards minimum que l’on a dépensées à Agaléga, soi-disant pour nos 234 «frères» ? Que va encore nous coûter la Silver Bank, après Banyan Tree ? Qui s’est soucié du «trou» de la CSG qui ne peut que grossir, alors que la population vieillit et vit plus longtemps ? Y a-t-il quelqu’un en charge de régler le «trou» des pensions Defined Benefit du parapublic et des collectivités locales de Rs 46 milliards à juin 2022 ? Comment est-ce que le NPF, remplacé, car jugé «pas viable» et maintenant que l’on n’y contribue plus, va trouver ses Rs 146 milliards suffisantes pour assumer les obligations des prochaines années ? Comment va-t-on faire pour juguler le «trou» de 12 % à la balance des comptes courants, net de la «contribution» de l’offshore ?
Jusqu’à dimanche dernier, on évoquait non pas des stratégies pour sortir de ces ornières, mais plutôt les «dizaines de milliards» à récolter, éventuellement, de la loterie de Diego et qui appartiennent pourtant d’abord aux Chagossiens ! C’est tellement plus facile… Depuis dimanche dernier, les 15 mesures phares de Lepep qui coûtaient déjà gros (la pension de vieillesse à Rs 20 000/mois c’est Rs 70 milliards par an, les médicaments gratuits pour tous, encore Rs 11,8 milliards minimum, les prêts logements à 0 %, Rs 38 milliards/5 ans, l’allocation des femmes au foyer, Rs 8,2 milliards, entre autres) ont été agrémentées de prêts à 0 % pour les PME, et d’une baisse de la TVA par 5 % sur les «essentiels» qui regroupent l’eau (en bouteille !), les détergents, les vêtements et les souliers ! On s’habillera mieux et propre pour «manger, boire» ! On y a, depuis, ajouté, 21e gâterie, l’essence…
Mais le clou aura été le 14e mois (la 20e des 15 mesures phares…) présenté comme étant un «incentive» pour augmenter… la productivité qui va être, désormais et après 10 ans de batifolage sur la question, une priorité nationale ! Selon cette logique, si cela ne suffisait pas, faudrait-il, pour améliorer la productivité nationale, en sus d’introniser le 14e mois annuellement, penser à un 15e mois ? À plus ?? Même si le leader de l’opposition appellera cela de «l’illusion monétaire» à la faveur d’un dollar valant alors Rs 60 ? Ou plus ? Ou paierons-nous, désormais, nos importations en roubles et en yuans ? Ou mieux encore, en roupies non convertibles… comme la STC a cru devoir s’en vanter pour les achats d’essence ?
Le parti du Changement s’il est loin d’être parfait, et s’il s’est aussi laissé tenter par des promesses démagogiques (pension à Rs 21 500, baisse du prix de l’essence, transport gratuit pour tous, y compris les vans scolaires, Rs 10 milliards de subventions des achats quotidiens, subvention pour les médicaments, internet gratuit, couverture intégrale des frais de traitement médical à l’étranger non disponible localement, exemption fiscale à moins de Rs 1 M de revenus annuels et pour les 18 à 28 ans, etc.), a quand même montré un peu plus de retenue et de sens de responsabilité. Il n’y a qu’une explication à cela : le gouvernement sortant veut absolument ne pas perdre les élections, parce qu’il craint désespérément les conséquences, notamment au niveau de la mise au grand jour de ce qui a été jusqu’ici tenu caché.
Pour les électeurs, les casseroles d’un pouvoir frelaté et largement usé devraient peser bien trop lourd après deux mandats et alors qu’un troisième pourrait être fatal au pays. Pour cela, il faudra que les électeurs voient clair et refusent les «incentives» que l’on leur fait miroiter pour les détourner de l’essentiel.
Ce ne sera pas facile. Mais c’est nécessaire, si l’on veut préserver LE PAYS d’un avenir à la Sri Lanka… En effet, l’électeur lambda pourrait être acheté par la promesse d’un 14e mois et de Rs 5 000 par mois, par enfant, car cela lui permettrait, comme l’explique un bloggeur séduit (ou chatwa…), d’affirmer, de manière inspirée, que «moralite pa ranpli vant» avant d’ajouter qu’il avait le droit de «trouv kamaron ek dind roti dan mo lasiet pou reveyon.» C’est un point de vue, même si nous risquons, après coup, de manger du bombli agrémenté de manioc, pour les réveillons qui suivront ! Car le 14e mois salarial annuel, c’est encore Rs 20 milliards et le 14e mois des pensionnés, ce sera Rs 4 milliards de plus.
Comment payer tout cela ? En baissant une partie de la TVA et en enlevant l’excise duty sur l’essence, vous pensez ? En envoyant la facture de nos délires électoraux à Diego ? Londres ? Mar-a-Lago ? Moody’s ? Ou aurait-on, béni des dieux que nous sommes apparemment, trouvé… la pierre philosophale ?
P. S. : Le prix de l’huile a augmenté de 6/7 %, la paire de dholl-puri de Dewa devait passer de Rs 20 à Rs 25 (+ 25 %) – avant d’annoncer qu’il se rétracte pour l’instant –, les produits UBP augmentent de 5 %. Pour Brinks, c’était +15 % plus tôt. De nombreux autres produits et services augmentent/eront aussi à la suite des initiatives pré-électorales, notamment salariales. Depuis, a émergé la certitude, cette semaine, du 14e mois qui restera à payer. L’Alliance du changement, contrainte à faire pareil pour ne pas perdre, aurait pu, pour changer, avoir peut-être pris l’initiative d’être progressiste et de ne payer le 14e mois qu’à ceux ayant des revenus de, mettons, moins que Rs 50 000 ? Vous croyez vraiment qu’un ministre sortant, le directeur de la FSC ou de la FCC, ou un CEO méritent un 14e mois pour être «plus productif» ?
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