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Conférence de PricewaterhouseCoopers

Transformation irréversible de la gestion d’actifs et de patrimoine

4 décembre 2023, 22:00

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Transformation irréversible de la gestion d’actifs et de patrimoine

Olwyn Alexander, «Global Asset and Wealth Management Leader» de PwC Ireland, face à l’auditoire, mercredi au «Hennessy Park Hotel», à Ébène.

Le rapport «Asset and Wealth Management Revolution 2023 : The New Revolution», commenté par Olwyn Alexander de PwC Ireland, invitée de la branche locale, a jeté un froid dans l’auditoire lorsqu’elle a annoncé que d’ici quatre ans, 16 % des sociétés de gestion d’actifs et de patrimoine devront fermer boutique. Raison évoquée : le marché se redéfinit avec les opérations de la moitié des actifs des fonds communs de placement se concentrant dans les dix plus importantes sociétés de ce secteur.

Jamais sans doute l’expression Adapt or perish, puisée de The Science of Life de l’auteur anglais de science-fiction Herbert George Wells, n’aura eu autant d’impact dans cette conférence tenue au Hennessy Park Hotel, à Ébène, sur la gestion d’actifs et de patrimoine avec pour animatrice Olwyn Alexander, Global Asset and Wealth Management Leader de PwC Ireland. «D’ici 2027, devaitelle dire avec force et insistance, 16 % du nombre actuel de sociétés spécialisées en gestion d’actifs et de patrimoine auront été, soit englouties, soit contraintes à abandonner leurs activités. Ce taux est le double du taux courant de fermeture.» C’est un des principaux résultats mis en évidence par une enquête intitulée «La révolution en 2023 de la gestion d’actifs et du patrimoine» et réalisée en 2023 auprès de 250 institutions d’investissements et un nombre égal de sociétés de gestion d’actifs et de patrimoine.

Ce résultat témoigne des défis qui attendent ces derniers. Le rapport fait état de facteurs potentiellement perturbateurs ayant jusqu’ici joué un rôle secondaire dans le secteur des services financiers qui devront se muscler. Ils sont : la transformation dans le mode de fonctionnement des sociétés par l’entrée en scène du numérique ; l’évolution des attentes des investisseurs qui de plus en plus prônent le basculement vers d’autres alternatives ; la nouvelle tendance dans le segment des fonds d’investissement qu’il faut revoir la stratégie de rechercher des investisseurs détenant d’importants moyens financiers et cibler des individus, que les Anglais appellent la retailisation.

En d’autres mots, il faut s’attendre à ce qu’il ne soit pas chose aisée de retenir les investisseurs déterminés à changer d’air. L’annonce de cet élément de ce rapport a plongé la salle dans un silence où le bruit des battements d’ailes d’une mouche serait à peine perceptible. De manière générale, tout semble être pour le mieux pour les services financiers dont un des principaux soucis est son incapacité à retenir ses éléments prêts à faire le saut vers d’autres juridictions où les salaires sont bien supérieurs. Il n’est donc pas interdit d’imaginer que cet aspect du rapport ait contraint certains à se demander s’ils ne sont pas les prochains sur la liste des échecs annoncés. Pour Olwyn Alexander, il n’y a rien d’étonnant. Elle évolue dans un domaine où les acteurs disposent d’un mandat en bonne et due forme pour indiquer ce que valent à une date donnée tous les actifs d’un individu ou d’une institution financière. Un exercice qui peut non seulement repérer les facteurs à risque mais peut également identifier les portes de sortie dans un monde où le changement imposera la règle du jeu. Le rapport en indique cinq.

Les trois premières sont : l’obligation de s’armer des capacités permettant à un opérateur de transcender l’évolution d’un marché où se croiseront les effets de l’inflation et la volatilité propre aux marchés durant les 12 à 24 prochains mois ; la nécessité d’être au plus près de la clientèle alors que deux phénomènes ont changé la règle du jeu – l’entrée en scène d’un environnement d’affaires marqué par la montée en puissance des marchés privés avec la possibilité pour les acheteurs et vendeurs de négocier directement leurs transactions sans passer par des intermédiaires ; et la conviction notée chez presque 90 % des responsables d’institutions d’investissement interrogés que le recours aux technologies innovantes mais «perturbatrices», particulièrement le Big Data, l’Intelligence artificielle ou la Blockchain, est considéré comme une initiative susceptible de favoriser l’émergence de facteurs qui amèneront de bons résultats pour les portefeuilles qu’ils gèrent.

Respect des obligations

Les deux suivantes sont : la mise en place d’un système capable de déployer des services à très grande échelle car d’ici 2027, la concentration grandissante des activités des gestionnaires d’actifs aboutira à une situation où seules les dix plus importantes sociétés dans ce domaine détiendraient presque la moitié de tous les actifs déposés dans des fonds communs de placement ; la prédisposition des opérateurs à démontrer devant n’importe quelle instance d’évaluation qu’ils respectent leurs obligations pour que leurs activités économiques ne constituent aucun risque pour l’environnement, le social et la gouvernance dans un développement sans aucun préjudice pour les futures générations.

Bien que le rapport ait pu provoquer des inquiétudes par rapport à son contenu, Olwyn Alexander a refusé de porter le chapeau de prophète de malheur car le secteur local a pu rebondir face à ces risques, grâce à sa résilience jusqu’ici à faire le point sur les changements devant sa porte pour repérer la posture appropriée, s’adapter et les surmonter.

Quelles nouvelles filières sont susceptibles de susciter l’intérêt des investisseurs, y compris ceux installés à Maurice et tentés d’aller voir ailleurs ? Le rapport pointe le regard vers les juridictions de l’AsiePacifique et les marchés émergents situés tant en Afrique qu’au Moyen Orient. «Ces juridictions vont donner le ton en matière de croissance», indique le rapport. «Sur la base de notre scénario de référence, le taux de croissance dans la région AsiePacifique sera plus ou moins 50 % supérieur à ce qu’il sera en Amérique du Nord vers 2027.» Quelles sont les chances qu’Olwyn Alexander accorde à une juridiction comme Maurice, coin perdu de l’océan Indien ? Elle n’est pas pessimiste du tout pour l’avenir de la juridiction si ses dirigeants restent éveillés et prennent à temps les décisions qu’impose un environnement que des changements peuvent rendre volatile. Elle estime que Maurice peut trouver une porte de sortie sur le marché privé où évoluent des sociétés appartenant un seul propriétaire qui n’a pas besoin d’intermédiaire pour enclencher toute négociation. «Maurice a un important rôle à jouer sur ce plan», dira-t-elle.

Pour le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun, Maurice ne se contente pas de regarder passer le train du changement. «Nous sommes loin d’être des témoins passifs de la grande transformation que le secteur financier global subit. Notre nation reste déterminée à tout mettre en œuvre pour qu’en matière de gestion d’actifs et du patrimoine, la juridiction affiche son ambition d’être une destination incontournable.» Pour lui, la réponse aux défis qu’impose une situation d’incertitude, c’est d’améliorer la résilience.Il fait ressortir que «la force de la juridiction s’articule autour des atouts que sont l’existence d’un environnement qui favorise la conduite des affaires, la stabilité politique, un niveau élevé de croissance économique, une position géographique qui lui donne l’étoffe d’une destination de choix pour des hommes d’affaires africains, investisseurs, des gestionnaires de biens de familles fortunées ici et à l’étranger».

Mahen Seeruttun est optimiste et cite ainsi une liste de facteurs qui font de Maurice une destination de choix pour les investisseurs. «Nous allons incessamment présenter l’ossature de notre politique sur les obligations pour un mode de développement durable qui s’articule autour de notre politique en matière d’ESG. À la question de savoir si l’avenir du secteur des affaires internationales à Maurice repose sur la filière de la gestion d’actifs et de patrimoine, notre réponse ne peut être que oui.»