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Candice

Travayer pa dékourazé…

24 janvier 2024, 17:30

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Travayer pa dékourazé…

Malgré l’alerte II, des touristes profitent de leur journée en se promenant dans une capitale privée de son animation coutumière.

À certains endroits de la capitale, on pourrait entendre une mouche – et des oiseaux voler en ce mardi 23 janvier… Des routes sont quasi-désertes, comme la rue La Poudrière, celles jouxtant le Jardin de la Compagnie ou encore le marché central. Une tranquillité qui contraste nettement avec les deux gares routières, qui grouillent de monde et où plusieurs autobus attendent leurs passagers. Bien que la plupart des employés du secteur public, à l’exception des services essentiels, aient bénéficié d’un jour de congé, le secteur privé a continué ses opérations, le télétravail n’étant pas adapté à tous les métiers…

Il n’a pas ménagé ses efforts aujourd’hui. C’est vraiment du «business as usual», affirme Sailesh (prénom d’emprunt), infirmier à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, observe que cette journée ressemble à une journée normale. «Nous avons des admissions et des personnes qui viennent à leurs rendez-vous. Pour le moment, on ne ressent pas vraiment l’impact de l’alerte cyclonique.» Dans un communiqué, le ministère de la Santé indiquait que les mediclinics, les dispensaires et les centres de santé régionaux devaient fonctionner normalement, alors que nous étions en alerte II. Au moment où nous lui parlions, notre interlocuteur estimait que la situation n’avait rien de comparable à celle de Belal la semaine dernière. «J’ai dû effectuer trois shifts pendant cette période-là, soit 36 heures de travail d’affilée…»

De plus, alors que l’alerte III était en vigueur dans le pays, il a également dû gérer des admissions.

Le service du SAMU était également complètement dépassé en début de semaine dernière. De plus, «il y a une pénurie au niveau du personnel soignant, et une fois que vous avez terminé votre travail dans votre salle, il faut recommencer tout le processus dans une autre. Par conséquent, la fatigue et le manque de sommeil se font sentir. De plus, le jour de repos qui vous est accordé par la suite n’est pas suffisant pour récupérer après la charge de travail supplémentaire.» Ce n’est pas seulement le manque d’effectif qui pose problème, mais aussi les conditions au sein de l’hôpital. «Il n’y a pas de climatisation. Lorsque l’on se plaint, cela ne donne rien de positif. Certains infirmiers ne font que du travail administratif ; vous ne les voyez jamais en salle. Pourtant, lorsqu’il y avait des allocations à distribuer pendant la période de Covid-19, ils étaient les premiers à réclamer leur part…»

À Port-Louis, hier, certains n’ont pas hésité à venir travailler, comme l’un des marchands de dholl-puris d’Original Chapeau La Paille. Cependant, il constate que le commerce n’a pas attiré autant de monde que d’habitude. «Il y a beaucoup moins de clients, même s’il y a beaucoup de personnes qui circulent dans les rues.» Il envisageait au moment où nous nous entretenions avec lui, de rester à son stand jusqu’à 17 heures, dépendant de l’évolution des alertes cycloniques. De son côté, Prisca (prénom d’emprunt) ne savait pas trop ce qui l’attendait durant la journée, les mauvais souvenirs des inondations engendrées par Belal étant toujours vivaces. «Au sein de notre entreprise, on nous a tous demandé de privilégier le télétravail. Je veux bien le faire, mais avec quel équipement ? Je n’ai pas d’ordinateur portable !» Cette dernière se demande si la direction de sa compagnie ne va pas réduire une partie de ses congés annuels.

En revanche, Raveena, elle, est profondément bouleversée après la mésaventure qu’elle a vécue hier. Cette habitante du Sud, qui travaille dans une entreprise basée à Highlands, se confie. «Nous avons contacté notre patron pour lui demander si nous devions venir travailler, et il a répondu par l’affirmative.» Elle a donc quitté son domicile à 7 h 15. «Un autobus passe tous les jours à 7 h 30 et me permet de me rendre à Port-Louis. J’ai attendu jusqu’à 8 h 45 à l’arrêt sans le voir arriver. Pendant ce temps, j’ai appelé mon patron pour l’informer de la situation, mais il n’a pas répondu à mes appels. J’ai également demandé à mes collègues s’il y avait une solution pour résoudre ce problème, mais en vain.»

C’est alors qu’elle voit un bus en direction de Curepipe approcher. «J’ai demandé au receveur si le bus de Port-Louis allait venir, mais il a laissé entendre que ce ne serait pas le cas.» Elle a ensuite tenté de rappeler son patron, qui lui a fait comprendre que ce n’était pas son problème si elle n’arrivait pas à trouver un transport, car ses autres collègues étaient déjà au travail. S’ensuit alors une série d’appels à la compagnie d’autobus desservant sa région, et elle apprend qu’il n’y en aura pas. «J’ai demandé à mon patron de mettre une voiture à ma disposition juste pour venir me récupérer, mais il a refusé. Finalement, il m’a dit de prendre un jour de congé et que cela serait déduit de mon salaire à la fin du mois. Je peux vous dire que j’ai beaucoup pleuré et que je suis stressée après avoir vécu cette situation.» Elle pense qu’elle n’est pas la seule à avoir subi pareil stress, hier.

Par ailleurs, des employés d’une compagnie privée, géant spécialisé dans la vente d’ameublements, notamment, ont été sommés de se rendre au travail en fin de matinée. «Le département des ressources humaines nous a appelés pour nous dire qu’on devait être au bureau même vers 12 h 30 alors qu’on croyait qu’on allait être en congé toute la journée. Je n’ai pas pris ma voiture de peur de vivre la même chose que les gens à Port-Louis, la dernière fois, après les averses de Belal… Mes collègues et moi leur avons dit de nous donner un transport en cas d’alerte III…» confie James, technicien.