Publicité

Maltraitance animale

Une morsure de réalité pour les défenseurs des animaux…

19 août 2024, 20:49

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Une morsure de réalité pour les défenseurs des animaux…

Nombreux sont ceux qui défendent nos amis à quatre pattes, incapables de se faire entendre. Parmi eux, Linley Moothien de 4 Tilapat, qui a relancé le mois dernier l’affaire des chiens enfermés à la MSAW qui se dévoraient entre eux. Il a déposé une plainte contre les ministres Maneesh Gobin et Mahen Seeruttun, et Julien George, directeur de la MSAW. Chaque défenseur joue un rôle crucial et s’engage pleinement dans cette cause. Tous lancent un appel urgent aux autorités pour qu’elles s’impliquent également dans cette lutte, afin de mettre un terme à la maltraitance animale.

Des chiens boitillant ou à l’apparence émaciée sont des scènes courantes dans nos rues, visibles à chaque coin de rue. Nombre d’entre eux ont pourtant eu un foyer, mais une fois passée la période où ils sont «mignons», ils sont souvent rejetés et deviennent des errants. Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) se battent quotidiennement pour leur offrir un peu d’affection et de nourriture. On estime qu’environ 300 000 chiens errants circulent à travers le pays. Ces chiffres sont alarmants, d’autant plus que des campagnes massives de stérilisation sont menées, non seulement par la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), mais aussi par des associations telles que celle présidée par Manishi Doolub Gaungoo, fondatrice de l’ONG Well-being of Strays.

Selon elle, la police joue un rôle crucial dans la lutte contre la maltraitance animale. Elle regrette cependant que les plaintes déposées auprès de la police ne soient souvent pas prises en compte. «Nous avons l’impression que les officiers ne prennent pas au sérieux ce que nous leur rapportons. Parfois, nous leur expliquons que certains propriétaires maltraitent leurs chiens, voire les torturent, mais ils nous renvoient vers la MSAW.» Elle estime que la force policière pourrait intervenir pour sévir contre les agresseurs. «Par exemple, ils pourraient nous autoriser à organiser des causeries à travers le pays pour sensibiliser le public à ce sujet qui préoccupe de nombreuses personnes. De plus, la police pourrait suivre de près les personnes faisant l’objet de plaintes et vérifier si des améliorations sont constatées. Si, après trois visites, rien ne change, une amende pourrait être infligée.»

Il existe plusieurs formes de maltraitance animale, et le fait de ne pas fournir un abri propre et adéquat en fait partie, affirme Manishi Doolub Gaungoo.«On ne peut pas laisser les chiens dormir dans un abri fait seulement de quelques feuilles de tôle !» Ce problème touche également l’activiste Reda Chamroo, un fervent défenseur de la cause animale, qui soutient que la loi doit être amendée. «Il n’y a pas assez d’agents d’exécution pour couvrir l’ensemble de l’île et assurer le respect de la loi.» Cependant, certaines autorités, comme le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), prennent très au sérieux les cas de maltraitance animale. Me Rashid Ahmine, par exemple, a désigné un officier pour traiter directement avec la police sur les affaires de cruauté rapportées. L’année dernière, lors d’une rencontre avec l’Animal Welfare Coalition menée par Reda Chamroo, il a été souligné que dans les cas où des éléments essentiels manqueraient dans les dossiers de maltraitance, le bureau du DPP pourrait demander une enquête plus approfondie.

Toutefois, rejoignant le point soulevé par Manishi Doolub Gaungoo, Reda Chamroo exprime également le souhait de voir la création d’une unité spéciale dédiée à la protection des animaux. «Chaque année, on recrute des policiers. Alors pourquoi ne pas former une petite équipe spécialisée pour s’occuper de cette cause, comme cela se fait à l’étranger ?» Selon lui, il est nécessaire de mener davantage de campagnes de sensibilisation pour expliquer aux gens comment bien s’occuper d’un animal.* «Beaucoup pensent qu’un acte de cruauté se limite à ne pas nourrir un animal. Cependant, il existe plusieurs formes de maltraitance. Par exemple, retirer ses petits à une chienne ou l’attacher à la maison sont des formes de cruauté.»* En tant qu’observateur régulier sur le terrain, il constate un manque de volonté de la part du gouvernement pour résoudre ce problème. «Lors du dernier Finance Bill, nous espérions que le gouvernement introduirait de nouvelles mesures, surtout après nos nombreuses conférences de presse et manifestations, mais aucune modification n’a été apportée à la loi. Nous avons été déçus par l’absence de volonté politique à cet égard.»

La nécessité d’un sanctuaire

Reda Chamroo est aussi revenu sur l’incident des singes retrouvés morts à JinFei. Plusieurs de ces animaux ont succombé à des maladies ou à des bagarres, comme l’avait indiqué à l’époque le ministre de l’Agro-industrie, Vikram Hurdoyal, en réponse à une question de la députée Joanna Bérenger à l’Assemblée nationale. «Que dire alors du dernier rapport révélant la mort de plus de 800 chiens dans l’enceinte de la MSAW entre 2020 et 2021 ? Ensuite, le ministre de l’Agro-industrie s’est livré à de la démagogie sur les ondes d’une radio privée. Pendant toutes ces années, le rapport a été tenu secret, et ce n’est que maintenant que nous découvrons la réalité des faits. C’est pourquoi il est temps de réagir ! Le ministre nous a demandé quelle était notre motivation dans cette affaire, mais nous voulons savoir quelles sanctions ont été prises contre les responsables de ces négligences.» Il faut savoir que le ministre Mahen Seeruttun a remis en question la motivation des secouristes des animaux en détresse, et s’est interrogé sur la raison pour laquelle ils avaient tardé à réagir et ne le faisaient que maintenant.

De son côté, Pretty Saachi, fondatrice de Rescuer of Animals in Distress, estime qu’il est nécessaire de durcir les lois pour mieux protéger les animaux. «Il faut instaurer des peines d’emprisonnement. Une fois que les Mauriciens comprendront les risques qu’ils encourent s’ils sont reconnus coupables, cela changera la situation.» Elle exprime sa profonde inquiétude face à la recrudescence des cas d’empoisonnement, devenus très courants. «Certaines personnes empoisonnent des animaux simplement parce qu’elles ne veulent pas que des chiens ou des chats traversent leur cour. Chaque jour, je reçois plusieurs appels à ce sujet.» D’ajouter que l’abandon des chiens est devenu de plus en plus fréquent ces dernières années. «Au cours des six derniers mois, j’ai reçu plus d’une centaine d’appels signalant des chiens abandonnés par leurs propriétaires. Certains partent en voyage et laissent leurs chiens derrière eux, tandis que d’autres changent de travail ou déménagent et n’ont plus de temps pour s’occuper de leurs animaux.»

Le constat est très préoccupant. «À qui pouvons-nous nous adresser pour expliquer cette situation ? Les autorités sont impuissantes.» Une solution possible serait la création d’un sanctuaire pour ces animaux. «Même la MSAW est submergée par le nombre croissant de chiens abandonnés. L’organisation ne peut que fournir des soins à certains chiens malades et blessés, mais ensuite, il faut les relâcher pour faire de la place à d’autres. L’idéal serait donc de trouver un terrain pour construire un sanctuaire, où ces animaux pourraient être réhabilités. Les stériliser et les nourrir ne suffit malheureusement pas.» Elle souligne également la préférence de beaucoup pour les petits chiens «mignons» plutôt que pour les chiens adultes. «Tout le monde adore les chiots, mais une fois qu’ils grandissent, certains n’en veulent plus, et il devient difficile de les faire adopter.» Elle espère qu’un jour, ce rêve de sanctuaire, synonyme de foyer et de paix, pourra se réaliser.


Linley Moothien, président de 4 Tilapat «Le manque d’éducation est un facteur majeur»

Quelles sont les raisons derrière la maltraitance des animaux ?

L’une des principales causes de la maltraitance animale est l’ignorance du fait que l’animal est un être sensible. Contrairement à un objet inanimé, il perçoit et ressent tout ce qui se passe autour de lui. Il existe également un manque d’éducation quant à la véritable place des animaux dans notre société.

Quelles actions peuvent être entreprises pour lutter contre ce problème ?

Malheureusement, il est désormais trop tard pour espérer que l’éducation et la sensibilisation suffisent à provoquer une prise de conscience générale. Les abus persistent et les lois en place sont souvent ignorées. Le temps presse. La seule solution immédiate est d’agir avec urgence en appliquant strictement les lois et en prenant des mesures correctives. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les actions de 4 Tilapat. Par des mesures punitives, il est impératif de sensibiliser la population, même si cela doit se faire par la crainte. C’est malheureusement la seule voie possible à court terme.

Comment l’exploitation des singes, qui a récemment fait les gros titres à Maurice, affecte-t-elle l’image de l’île à l’échelle internationale ?

Il a été démontré que l’exploitation des singes à Maurice ne se limite plus aux tests en laboratoire, mais concerne également d’autres activités obscures. L’exportation de ces singes ne se destine plus uniquement à la recherche médicale ; une infime partie seulement y est utilisée. La majorité des singes est envoyée vers d’immenses camps de transit, où ils sont parqués par milliers en attendant d’être redéployés vers d’autres destinations pour des usages illicites et inconnus. Une fois que nos singes quittent nos frontières, ils sont soumis à toutes sortes de pratiques sous d’autres juridictions.

Depuis plus de 20 ans, une mobilisation populaire s’oppose à l’exploitation des singes en laboratoire. Au cours des trois dernières années, nos actions ont permis de braquer les projecteurs sur ce commerce. Désormais, rares sont les touristes qui peuvent ignorer cette réalité. La lutte contre l’exploitation des singes s’est intensifiée en Europe et aux États-Unis. Les citoyens des villes et villages où sont relocalisées les fermes de singes mauriciens se regroupent et s’opposent fermement à l’installation de telles infrastructures dans leurs localités. Cela a entraîné une double condamnation de Maurice sur la scène internationale, d’autant plus qu’il est évident que le respect de la loi, notamment de l’Animal Welfare Act, est de moins en moins observé.


Julien George, directeur de la MSAW «Il est malheureux de minimiser le travail de la MSAW»

De nombreuses accusations sont portées contre la MSAW et certains vont jusqu’à demander sa dissolution. Quelle est votre réponse face à ces critiques ? Les cr itiques qui concernent la MSAW datent de 2020, et le nouveau conseil d’administration ainsi que le nouveau management ont pris leurs fonctions en 2021. Il est triste que certaines personnes tentent désespérément de minimiser le travail colossal de changement apporté à la MSAW. Cet acharnement à faire porter le chapeau au nouveau management de tous les problèmes survenus avant son arrivée ne tient pas la route. Plusieurs initiatives ont été mises sur pied pour améliorer les conditions dans lesquelles les chiens et les chats sont gardés. D’ailleurs, j’invite le public à visiter nos chenils et à tirer leurs propres conclusions.

**Que peut-on faire pour rétablir la confiance entre la MSAW et le public, surtout après le rapport d’un comité disciplinaire réalisé d’octobre 2020 à février 2021 ? En toute humilité, la confiance s’est installée depuis notre arrivée en 2021. Les développements au sein de la MSAW et la participation du public à travers l’île dans les projets de la MSAW nous prouvent que la relation entre la MSAW et le public a vu une grande amélioration. Durant les trois dernières années, nous avons lancé plusieurs services, et nous notons une forte demande et une satisfaction grandissante de la population. Permettez-moi de souligner que nos services ont touché des milliers de citoyens et j’invite vos lecteurs à se référer à notre page Facebook, MSAW Mauritius, pour constater la forte demande de nos services et les appréciations du public.

La stérilisation est au cœur des actions de la MSAW. Où en est le projet actuellement ?

Le projet a démarré en 2022 avec la collaboration des vétérinaires du secteur privé, une première à Maurice. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour souligner que ce gouvernement est le seul à avoir autant investi dans les projets ayant un lien avec le bien-être des animaux. Plus de 15 000 chiens ont été stérilisés et nous avons organisé plus de 200 campagnes. La MSAW a rendu possible la stérilisation gratuite à travers l’île. Nos chiffres ont considérablement augmenté et nous nous attaquons aussi bien aux chiens ayant des propriétaires qu’aux chiens errants. La forte participation du public lors de nos campagnes de stérilisation démontre la confiance placée en la MSAW.