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Cinquième Festival international du film au féminin

«Verbatim» : une ouverture empreinte d’émotion

27 novembre 2024, 20:21

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«Verbatim» : une ouverture empreinte d’émotion

Le lundi 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, s’est tenue l’ouverture du Festival international du film au féminin à la Cité des arts, à Saint-Denis de La Réunion. Une soirée marquée par l’espoir, la résilience et le courage, sous l’égide d’Edith Semmani, organisatrice de l’événement, et brillamment animée par Laurence Lefevre. Le préfet de La Réunion, Patrice Latron, était parmi les figures locales venues soutenir cette initiative. La responsable de Canal+ Réunion a livré un discours poignant, laissant la salle silencieuse et émue. En ouverture, le nouveau clip de Gwendoline Absalon, Violet, a donné le ton avec une sensibilité qui a touché le public en plein cœur. Une belle manière de célébrer les talents féminins, comme l’a voulu Edith Semmani en mettant en lumière cette artiste exceptionnelle qui a, à sa manière, dénoncé les violences envers les femmes.

Le choc du documentaire

Après cette note musicale, place au film documentaire Verbatim, réalisé par Sabrina Hoarau. Il met en lumière le parcours de six Dionysiennes, anciennes victimes de violences familiales, qui transforment leur douleur en force à travers un atelier cinématographique. Face caméra, elles racontent leurs traumatismes, viols, violences, humiliations et le chemin courageux qu’elles ont emprunté pour dire stop à leurs agresseurs. Les témoignages bruts et sincères ont ému aux larmes la salle entière, soulignant la force de ces femmes qui osent briser le silence. Le public a également redécouvert Sabrina Hoarau, une réalisatrice engagée qui, à travers ce projet, transforme la douleur en art. Elle qui a eu beaucoup de difficultés à assurer la projection de son film a pu, lundi soir, faire entendre son message, un message commun de ces femmes qui veulent oser ou qui osent.

Sabrina Hoarau : Une voix puissante contre le silence

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Ancienne sous officière de l’armée française et victime elle-même de violences, Sabrina Hoarau (photo) n’a pas été entendue dans son combat initial de victime de violence alors qu’elle était en poste. Mais c’est avec sa caméra qu’elle a trouvé sa justice. Après des années de formation entre La Réunion et Paris, elle a fondé Janelie Films et les ateliers Verbatim, permettant à d’autres femmes de libérer leur parole. Avec Verbatim, elle signe un documentaire poignant, reconnu par Canal+ Réunion et la préfecture. Sabrina Hoarau incarne l’espoir et la force de celles qui refusent de se taire. En donnant vie à ce film, elle offre une plateforme aux voix souvent ignorées et éclaire le chemin de la guérison.

Un symbole de solidarité

La soirée s’est clôturée avec un geste fort : des bracelets symboliques ont été offerts aux femmes qui ont eu le courage de monter sur scène pour dire non à la violence, mais aussi à ces autres femmes qui jusqu’ici n’ont pas osé et qui, lundi soir, après avoir regardé Verbatim, ont décidé de prendre la parole pour dire stop. Ces bracelets représentent un soutien, un rappel qu’elles ne sont pas seules dans ce combat.

Le Festival du film au féminin a ouvert avec puissance et émotion, rappelant que la lutte contre les violences faites aux femmes est une bataille collective. Bravo à toutes ces femmes résilientes et guerrières, et à celles qui, comme Sabrina Hoarau, transforment la douleur en lumière.

Ancienne victime de violences : Le témoignage poignant d’une actrice

À la fin de la projection de «Verbatim», j’ai croisé le regard d’une des actrices, une ancienne victime, aujourd’hui debout, forte, vibrante de courage. Elle m’a confié, avec une simplicité désarmante : «Je croyais qu’il ne me restait rien, pas même ma voix. Mais devant la caméra, j’ai compris que mon histoire pouvait devenir une lumière pour d’autres. Aujourd’hui, ce silence qui m’étouffait est devenu un cri d’espoir.» Ces mots m’ont profondément bouleversé. Comme journaliste, on assiste à des tragédies, on couvre des faits, mais on est rarement témoin d’un tel éclat de vie après tant de douleurs. Ces femmes, que l’on pourrait penser brisées, deviennent des phares dans l’obscurité. Le documentaire ne se limite pas à raconter des histoires de souffrance. Il dévoile une force presque sacrée, celle de celles qui ont su transformer leurs blessures en armes de résilience. «Verbatim» n’est pas seulement un film ; c’est un cri collectif, un poème écrit à plusieurs voix, un hymne à la vie malgré tout. En quittant la salle, j’ai emporté bien plus que des images ou des mots. J’ai emporté un souffle, celui d’un monde où les voix étouffées retrouvent enfin leur écho.


Questions à… Edith Semmani, organisatrice du Festival international du film au féminin

Alors que le lundi 25 novembre a marqué l’ouverture du Festival international du film au féminin, nous avons pu nous entretenir avec Edith Semmani, organisatrice, à la Cité des arts, à Saint-Denis. Cela, après la projection toute en émotion du film «Verbatim», par la réalisatrice Sabrina Hoarau, qui met en lumière la violence faite aux femmes.

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Edith Semmani, un mot après la projection du film «Verbatim» à la Cité des arts. Beaucoup d’émotion.

Effectivement, c’était une soirée très, très émouvante. Je connais la réalisatrice Sabrina Hoarau depuis longtemps. Je l’ai vue naître artistiquement, s’émanciper et se réparer grâce à l’image. Hier soir, c’était un moment de partage intense, un véritable accouchement émotionnel, la délivrance d’un chemin de résilience qu’elle a courageusement emprunté.

Pourquoi l’idée de mettre en avant la sensibilisation aux violences ?

Ce n’est pas la première fois que j’aborde ce thème dans le festival. À chaque édition, je projette un film traitant de la violence faite aux femmes et aux enfants. C’est un engagement personnel qui existe depuis le début et qui représente aussi le point de départ de ce festival. Je suis profondément investie dans la lutte pour le droit des femmes et leur égalité.

Quelle est l’idée derrière ce festival et pourquoi l’axer sur les femmes ?

Je suis une grande passionnée de cinéma et très engagée pour les droits des femmes. L’idée est née un jour où je discutais avec Sonia Rolland. En plaisantant, je lui ai dit que je voulais créer un festival dédié aux réalisatrices. Elle m’a lancé un défi : «Tu es chiche ?» Et j’ai répondu : «Oui, je suis chiche !» C’est comme ça que tout a commencé. Depuis, Sonia répond toujours présente pour soutenir le festival. Elle sera d’ailleurs à Maurice, dès le 9 décembre, pour présenter ses documentaires et un film qu’elle a réalisé sur son parcours en tant que Miss France.

Comment choisissez-vous les films du festival, sachant que ces œuvres, bien qu’essentielles, sont parfois peu diffusées ?

Je passe énormément de temps à chercher. Je regarde au moins un film par jour. Je lis des articles, je scrute les sorties et je suis de près des événements comme le Festival de Cannes. C’est toujours un coup de cœur et une question d’instinct. Jusqu’à présent, je ne me suis pas trompée, car le public est au rendez-vous et les films touchent profondément.

Le festival continue toute la semaine à La Réunion et se poursuit à Maurice à partir du 9 décembre...

Exactement ! Nous vous attendons ici à La Réunion pour la suite et à Maurice dès le 9 décembre.

Qui est Edith Semmani ?

Edith Semmani est une femme de passion et d’engagement. Diplômée en communication, elle a travaillé dans des agences parisiennes dans des secteurs variés, tels que la mode, l’art de vivre, la grande distribution et l’immobilier. Forte de plus de 18 ans d’expérience, elle a fondé sa propre agence de communication en 2003, où elle a offert ses services en stratégie, identité visuelle, relations presse, partenariats et organisation d’événements. Originaire de La Réunion, Edith a choisi de revenir sur l’île de ses ancêtres pour s’y investir pleinement. Elle a créé l’association Cœur Vert et met son expertise au service du rayonnement de l’île. Le Festival international du film au féminin est une initiative née de son engagement pour les droits des femmes et de sa passion pour le cinéma. La philosophie du festival repose sur l’universalité : représenter toutes les femmes, quelles que soient leurs origines, cultures ou conditions sociales. Edith aspire à susciter chez les jeunes femmes le désir d’oser, de croire en elles et de se surpasser. Avec ce festival, elle offre une plateforme unique où l’art se met au service de la résilience, de l’échange et de l’espoir.


Projection du film «Diamant Brut» au Ciné Grand Sud, Saint-Pierre

Le Ciné Grand Sud de Saint-Pierre, à La Réunion, accueillait hier matin une projection scolaire du film Diamant Brut dans le cadre du Festival international du film au féminin. Une matinée dédiée aux élèves des lycées de SaintPierre et de Saint-Louis, en présence de Malou Khebizi, l’actrice principale du film, et d’Edith Semmani, organisatrice du festival.

film.jpg (Malou Khebizi face aux questions des élèves du lycée de St-Louis.)

Les jeunes ont été à la fois émerveillés et choqués par ce long-métrage. Diamant Brut dépeint l’envers du décor du monde de la téléréalité, un univers souvent idéalisé mais ici montré sous un jour brut et impitoyable. La salle a été suspendue aux scènes qui mettent en lumière les sacrifices, les illusions et les désillusions des personnages. À l’issue de la projection, une session d’échanges entre les élèves et Malou Khebizi a permis d’approfondir leur compréhension du film. Les jeunes, très curieux, ont posé de nombreuses questions, notamment sur les coulisses du tournage. Malou, souriante et pleine d’humilité, a partagé les défis rencontrés lors du tournage, notamment la scène du casting qu’elle a confié avoir été tournée en un plan-séquence de quatre minutes et qui a nécessité une concentration sans faille. «Pas le droit à l’erreur, il fallait que tout soit parfait», confie-t-elle. La scène avec trois hommes : «C’était compliqué, surtout parce que les acteurs étaient plus âgés. Tourner cette scène encore et encore a été un vrai challenge.» Malou a également révélé sa scène préférée : un moment léger dans un snack où Dino et elle, un autre personnage, s’envoient des frites. «Ce passage apporte une bouffée d’air dans un film assez intense», explique-t-elle avec un sourire.

Originaire de Marseille, où elle a grandi entre 14 et 19 ans, Malou a tourné Diamant Brut à Fréjus, près de la Côte d’Azur. Grâce à ce rôle, elle a signé avec une agence à Paris et a récemment terminé une série pour Netflix. Une annonce qui a électrisé la salle, les jeunes étant particulièrement friands de la plateforme.

Ancré dans la réalité

Lorsqu’un élève a demandé le lien entre le titre du film et son histoire, Malou a répondu : «Diamant Brut, c’est une pierre précieuse, mais non polie. Mon personnage, Liane, est à la fois vulgaire et lumineux.» Sur son parcours personnel, l’actrice a fait preuve d’une grande sincérité, confiant qu’elle n’était pas «un exemple de réussite éducative». Elle a tenté des études en communication tout en travaillant en restaurant et en boîte de nuit pour subvenir à ses besoins. Cette expérience lui a même permis de maîtriser les talons aiguilles, un atout précieux pour le rôle car malheureusement, les patrons de boîte de nuit exigeaient le port de talons aiguilles.

La matinée s’est conclue par une séance photo entre les élèves et Malou Khebizi. Enthousiastes et inspirés, les jeunes ont immortalisé ce moment unique, leurs yeux brillants d’admiration.

Synopsis

Dans «Diamant Brut», Malou Khebizi incarne Liane, une jeune femme de 19 ans, téméraire et flamboyante, qui vit avec sa mère et sa petite sœur à Fréjus. Obsédée par la beauté et en quête de reconnaissance, elle voit dans la téléréalité l’opportunité de devenir quelqu’un. Son destin prend un tournant inattendu lorsqu’elle passe un casting pour l’émission «Miracle Island».