Publicité

Éducation préscolaire gratuite

Vers une extension du délai d’adhésion

16 septembre 2023, 21:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Vers une extension du délai d’adhésion

Le 7 septembre marquait la date limite accordée par le ministère de l’Éducation aux directeurs d’écoles préscolaires privées payantes pour décider d’opter ou non pour le «Grant-in-Aid Scheme» lié à l’éducation gratuite. Mais ce délai pourrait être reporté, nous explique l’autorité. Les bénéfices financiers qu’apporte cette initiative ont encouragé de petites écoles privées à y adhérer, soulageant aussi des parents. Cependant, plusieurs autres ont préféré ne pas accepter les conditions. Quant au nombre exact d’adhérents, les autorités ne l’ont pas finalisé, des questions restent en suspens.

Dans le cadre de la mesure annoncée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, visant à rendre les écoles pré-primaires gratuites pour tous à partir de janvier 2024, les modalités relatives au Grant-in-Aid Scheme pour assurer cet objectif avaient été dévoilées aux responsables de différentes écoles pré-primaires privées le mois dernier par la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun. Notant que cette formule Grant-in-Aid sera valable pour une période de trois ans et sera revue par la suite, un délai de deux semaines, soit jusqu’au 7 septembre, avait été accordé par le ministère aux directeurs de ces écoles pour faire connaître leur décision. Les établissements qui souhaitaient bénéficier de cette subvention devraient être enregistrés auprès de l’Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA), relevant du ministère de l’Éducation, sous laquelle les opérations liées à ce projet seront supervisées.

Petites écoles et parents

En outre, ce projet propose aux écoles pré-primaires privées de bénéficier de certaines facilités financières. Notamment, il financera les frais du personnel et les coûts opérationnels. Les frais du personnel comprendront les salaires des managers, des enseignants, des Assistant Teachers et des School Attendants. Leurs salaires seront conformes aux recommandations du PRB et seront versés directement sur leurs comptes bancaires. Les coûts opérationnels, quant à eux, incluront les dépenses liées au matériel pédagogique, à l’équipement de bureau, aux services publics et aux réparations mineures.

Pour les dépenses additionnelles telles que les repas, toutefois, les parents devront s’arranger avec l’école. Une initiative qui, néanmoins, représente un soulagement pour de nombreuses petites écoles privées qui y adhèrent. Soulagement également pour des parents d’élèves. «La direction de l’école nous a expliqué, lors d’une récente réunion tenue pour élaborer sur les avantages et la mise en œuvre de ce plan, que le gouvernement prendrait tout en charge, ce qui rendrait le tout quasiment gratuit pour nous, et c’est louable» , confie une mère dont les deux enfants fréquentent une école privée dans la région de Quatre-Bornes. L’établissement pré-primaire compte environ 80 élèves, avec 20 enfants par classe et, à présent, deux enseignants par classe.

«Actuellement, les frais mensuels pour un enfant s’élèvent à Rs 1 400 et couvrent l’apprentissage académique et les activités parascolaires. Je me charge d’envoyer leur repas de la maison, et nous payons par ailleurs une somme annuelle de Rs 800 pour le matériel scolaire. Avec ce nouveau projet, l’école nous a expliqué qu’elle allait suivre le programme d’étude du ministère de l’Éducation qui, je dois l’avouer, est très basique en comparaison de ce qui est actuellement enseigné à mes enfants. Cependant », nous dit-elle, «l’école nous a précisé qu’étant donné qu’une partie de la contrainte financière leur sera enlevée – comme les réparations mineures, le matériel scolaire, les rémunérations des enseignants, l’électricité – elle pourra offrir d’autres activités ne relevant pas du financement de ce programme avec l’argent économisé et prendre en charge elle-même ces activités, ce qui permettra de rattraper la qualité de l’éducation offerte à mes enfants et de la rendre absolument gratuite pour nous, les parents.»

Les écoles qui optent pour cette initiative devront également soumettre un rapport financier à l’ECCEA, afin de veiller à ce que les sommes allouées par le gouvernement soient utilisées correctement aux fins prévues. Au total, 511 écoles pré-primaires privées étaient concernées par la décision d’adhérer ou non à l’initiative.

Nous avons tenté d’obtenir de l’ECCEA le nombre précis d’écoles qui ont accepté de faire partie de cette initiative. Celle-ci nous explique qu’à l’heure actuelle, certains aspects du projet sont encore en cours d’élaboration, y compris par le ministère de l’Éducation, compte tenu de certaines questions soulevées concernant certaines modalités, et le nombre d’écoles qui ont adhéré à l’initiative n’est pas encore finalisé. Une extension pourrait également être accordée et un nouveau délai attribué car de nombreuses écoles n’ont pas encore soumis leurs formulaires en raison de questions concernant certains aspects du projet. Nous avions également sollicité le ministère de l’Éducation pour des renseignements. À l’heure où nous mettions sous presse, une réponse était toujours attendue.

«Montant insuffisant pour couvrir les coûts de base»

En revanche, plusieurs établissements privés d’enseignement pré-primaire ont pour leur part préféré continuer à offrir leurs services comme auparavant, contre des frais de scolarité. Parmi les principales raisons évoquées : lorsque l’on considère le montant total actuellement consacré au sein de ces écoles aux frais de personnel et aux infrastructures appropriées pour les élèves, entre autres, le montant annuel offert sous forme de subvention n’est pas suffisant pour couvrir même les frais de base. À noter que le montant accordé comme frais opérationnels est déterminé en fonction du nombre d’élèves inscrits : Rs 240 000 par an (Rs 20 000 par mois) pour les écoles comptant entre 10 et 25 élèves, allant jusqu’à Rs 650 000 pour celles qui comptent 176 élèves et plus. Le ratio enseignant/élèves de 1:25 soulève également des questions quant à l’attention accordée à un enfant, qui pourrait être compromise.

«Nous accueillons 140 enfants, et les dépenses pour un enfant par mois afin de garantir les meilleurs soins holistiques s’élèvent en moyenne à un minimum de Rs 6 000. Compte tenu du montant de la subvention, tant en termes de frais opérationnels que de frais de personnel, il ne suffirait pas à couvrir les coûts de base ni à payer les membres de notre personnel, qui bénéficient d’une formation interne et régulière, même après leur recrutement, afin de s’adapter à la dynamique du métier qui évolue rapidement. Ensuite, adhérer aux critères impliquerait que nous ne pourrions pas continuer à offrir la même qualité et le même niveau de services que ceux que nous offrons actuellement» , explique la direction d’une école maternelle privée du Nord.

«Par exemple , souligne-t-on, dans le cadre des activités liées au développement et à l’apprentissage de l’enfant, nous avons la natation, la danse, le théâtre, les «creative arts», le yoga, la musique, et le sport, entre autres. Nous avons également deux enseignants pour 24 élèves, alors que le ratio enseignant-élève imposé par le projet est de 1-25. Nous ne pouvons pas compromettre la qualité.»

«Axé sur les finances»

Nazline, qui exerce elle-même en tant qu’enseignante dans un collège et dont l’enfant fréquente l’école maternelle privée en question, nous confie que malgré les avantages potentiels qu’offre le Grant-in-Aid Scheme à des écoles privées accueillant relativement moins d’enfants, la mesure est, selon elle, axée sur la question des finances et ne prend pas en compte d’autres aspects importants tels que le développement holistique de l’enfant ou la qualité du contenu pédagogique élaboré. D’où, dit-elle, la décision de continuer à scolariser son enfant au sein de la même école privée même si elle doit continuer à payer les frais.

«Je suis consciente de la cherté de la vie et du fait que continuer à envoyer mon enfant à la même école revient à continuer à payer les frais mensuels. Cependant, je dois m’assurer que mon enfant ait une éducation holistique, qui lui permette non seulement d’apprendre les matières académiques, mais aussi de développer sa personnalité dès le plus jeune âge, avec une attention particulière de la part de ses enseignants à l’égard de son comportement (…) L’une de mes priorités reste la sécurité de mon enfant. Étant moi-même enseignante, j’arrive tôt sur mon lieu de travail et, parfois, en période d’examens, je repars tard après avoir corrigé les épreuves. À son école privée, je peux déposer mon enfant à 7 h 15 et le reprendre à 16 h 30 contre paiement additionnel, ce qui n’est pas possible dans une école publique qui fonctionne de 9 heures à 15 h 30» , fait-elle ressortir.

Même son de cloche chez R.M., qui, bien qu’elle doive continuer à payer Rs 7 800 par mois à une école maternelle privée, est d’avis que la priorité reste d’offrir à son enfant une éducation de qualité à un prix abordable plutôt que de l’intégrer à un système d’éducation gratuit mais du genre «one-size-fits-all» qui se concentre principalement sur l’apprentissage académique. «Avec 25 élèves dans une classe et un seul enseignant qui dispose d’une énergie limitée, l’enfant ayant le meilleur comportement et la meilleure note sera favorisé, pour intégrer ensuite un système compétitif pour le reste de son parcours scolaire, car il sera plus facile pour l’enseignant de travailler avec ce type d’enfant», affirme-t-elle. «Qu’en est-il des slow learners qui peuvent très bien réussir mais qui ont besoin de plus d’attention et d’encouragement à un jeune âge ? Il faut plutôt travailler à améliorer ces aspects dans les écoles publiques.»

Philosophie et système éducatif différents

Par ailleurs, choisir une école permettant la formation de base tout en répondant aux enjeux de la société globalisée actuelle peut s’avérer une véritable épreuve pour les parents. Pour répondre à ce défi, plusieurs écoles privées proposent une pédagogie progressive issue des cadres éducatifs internationaux. À titre d’exemple : la pédagogie australienne ou celle du Royaume-Uni.

La direction d’un établissement qui compte plus de 300 élèves inscrits au niveau pré-primaire et qui utilise des cadres éducatifs internationaux, nous en parle. «Bien que cette initiative soit louable, vu que notre enseignement et cadre éducatif, conformément à notre philosophie et vision, sont fondamentalement différents de la pédagogie appliquée dans les écoles maternelles publiques, nous n’avons pas opté pour le Grant-in-Aid.» L’école conçoit, entre autres, des plans d’apprentissage individuels pour les enfants qui ont besoin d’une assistance et d’une attention supplémentaires afin de surmonter toute difficulté, des séances individuelles leur étant consacrées.

Hormis les différentes activités, afin d’assurer le bon développement de l’enfant, l’école met également en place un suivi toutes les trois semaines, avec un board académique évaluant le profil de l’enfant. «Dans les cas où nous constatons que l’enfant éprouve des difficultés, nous expliquons aux parents notre constat. Nous élaborons ensuite un plan de travail que nous mettons en œuvre avec le soutien et la collaboration des parents pour aider l’enfant.»

Le coût de l’investissement par enfant sur une base mensuelle, y compris les repas, le matériel pédagogique et autres, peut s’élever dans sa globalité à environ Rs 10 000 voire Rs 15 000. «Notre programme d’études suit également une approche thématique, ce qui nécessite un autre investissement pour s’assurer que nos enseignants sont bien préparés et capables de répondre aux normes requises. Ceci ne serait pas réalisable sous le programme Grant-in-Aid», fait-on valoir.