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Roumila Maunick, la seule femme skipper de Deux-Frères

20 juillet 2014, 15:42

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Roumila Maunick, la seule femme skipper de Deux-Frères

Elle assure le passage entre les berges de Deux-Frères et de Grande-Rivière-Sud-Est depuis maintenant six ans. Roumila Maunick, qui aura bientôt 46 ans, est la seule femme skipper de la région. Mais son avenir dans ce métier est incertain, car son contrat arrive bientôt à échéance. Retour sur le parcours d’une femme passionnée par son travail…

 

Tous les jours, de 6 heures à 18 heures, cette habitante de Deux-Frères prend des gens à bord de son bateau Luv pour les déposer de l’autre côté et vice versa. Ce service, offert par l’État, leur permet d’éviter de longues heures d’attente pour prendre le bus. «Sel plasdan moris kot fer sa navet la», explique fièrement Roumila Maunick.

 

Comment s’est-elle jetée à l’eau ? Vêtue d’un sweater bleu marine, d’une paire de jeans et de sandales, le tout surmonté d’un pashmina, la femme skipper nous raconte : «Avant de mourir, mon mari, Raj, avait acheté le bateau, que j’ai baptisé Luv. Il voulait devenir skipper et prendre des clients pour les emmener à la cascade et à l’île-aux-Cerfs. Mais il n’a jamais pu le faire.»C’est Akshay, le fils aîné,qui a poussé sa mère à apprendre à naviguer et à passer le test pour devenir skipper avant de chercher un emploi. À cette époque, le gouvernement cherchait un skipper pour faire la navette entre les deux villages. Et c’est la quadragénaire qui a été choisie.

 

Son contrat a été renouvelé deux fois, mais il prendra fin d’ici à septembre. Roumila Maunick espère qu’elle obtiendra une fois de plus ce travail lorsque le gouvernement lancera un nouvel appel à candidatures. «J’adore mon boulot», lance cette mère de famille qui voue également une grande passion à ses enfants. «Mo bann zanfan inn bien donn mwa couraz pou mo aprann pou vinn skipper», explique la quadragénaire. Son aîné, Akshay, est à l’université, son autre fils Luv est policier et sa petite dernière, Anisha, est toujours à l’école.

 

«De fidèles clients»

 

Face à cet avenir incertain, Roumila Maunick a déjà dressé un plan de bataille au cas où son contrat n’est pas renouvelé. Comme ses confrères skippers de la région, elle emmènera des clients voir la cascade de Grande-Rivière-Sud-Est et se balader sur l’île-aux-Cerfs. En six ans, elle a pu économiser pour s’acheter un autre bateau, qu’elle a également nommé Luv. Elle compte bien l’utiliser si elle n’est pas de nouveau retenue par le gouvernement.

 

Ses clients l’aiment. C’est du moins ce qui ressort de nos échanges avec certains d’entre eux, dans son embarcation. Un homme, assis à l’avant du bateau, lance : «Madamla so servis top.» Pour Roumila Maunick, ce succès vient du fait qu’elle ne perd pas de temps pour transporter les employés d’hôtel, étudiants, ouvriers et travailleurs qui montent à bord. Certains viendraient même la chercher juste pour un petit tour gratuit.

 

Elle a tellement de passagers qu’elle n’a parfois pas le temps de prendre de pause. Cela n’a-t-il pas été difficile d’apprendre à naviguer ? «Narnie pas difisil kan mett la tet pou aprann. Le travail non plus n’est pas difficile. Il devient un peu plus dur quand il y a un mauvais temps, mais j’assure quand même le service.» Roumila Maunick est régulièrement contrôlée par des officiers du gouvernement. Les gardes-côtes vérifient, eux, ses papiers chaque semaine.