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Baie-du-Tombeau: la communauté au cœur du jardin
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Baie-du-Tombeau: la communauté au cœur du jardin
Cultiver le bio pour être autosuffisant et sortir du chômage. Telle est la mission des organisations 12-Star et Island Bio. Elles ont conçu un jardin communautaire à Baie-du-Tombeau. À le voir de la route, on ne dirait pas que se niche, à quelques mètres, un jardin secret. Sur la terre parée d’herbes et de rochers, on emprunte un sentier qui mène vers un abri. Des palettes et sofa y sont installés. À proximité, un jeune homme allume un foyer avec des branches séchées. Dans cette cuisinette improvisée, il prépare son repas avant de retourner au jardin. Depuis 2015, Jean-Michel, 35 ans, habitant Baie-du-Tombeau, s’adonne à ce nouveau quotidien. «Nous étions au chômage et ne savions pas comment faire pour aider notre famille. Certains parmi nous ont fait de la prison. Ce n’était pas facile de s’en sortir», se souvient-il. C’est ainsi que ce projet de jardin communautaire a démarré.
Suivant une formation agricole, huit personnes se sont regroupées et ont fondé une coopérative. «Nous avons créé la 12-Star en 2016. Nous voulions manger des légumes sains et soutenir ces personnes affectées par le chômage», souligne Keven Madré, vice-président de l’organisation. Parallèlement, la dimension bio s’est greffée au jardin ! Ainsi, l’association a donné naissance à des cultures de légumes et de fruits, tels que le lalo, la calebasse, le maïs, entre autres. À ce stade, une vingtaine de personnes travaillent au jardin communautaire, aussi bien pour la mise en terre que pour l’entretien quotidien, l’arrosage et la surveillance contre les pilleurs de champs.
Oliver Fanfan, responsable du développement de projet à Island Bio, indique qu’il y a une volonté d’accompagner la communauté vers l’agriculture. C’est ainsi qu’est née la conception du jardin communautaire biologique. Il indique que plusieurs tests ont été effectués par QuantiLab pour la création du label biologique. D’après les responsables de l’organisme, ce projet a trois objectifs. «Premièrement, nous voulons générer le self-empowerment, le self-leadership et le self-esteem», indique Angel Angoh, décoratrice intérieure, artiste et art thérapeute. Cette discipline est d’ailleurs largement mise à contribution dans ce projet, ajoute cette dernière, qui préside parallèlement l’ONG Carpe Diem qui soutient également l’initiative.
Deuxièmement, il est question d’assurer une certaine souveraineté alimentaire en démocratisant la culture bio. Le jardin permet de produire des légumes sainement pour la consommation directe et la vente à des prix conventionnels. Ceci implique que ces derniers sont commercialisés au même prix que ceux des légumes réguliers. Et troisièmement, le jardin vise à consolider la communauté, indique Oliver Fanfan. Depuis cinq moins, l’accent est mis sur la permaculture. «On aménage l’espace en faisant des observations, telles que le positionnement des plantes en fonction des conditions climatiques. La philosophie associée à cela est de les sensibiliser à prendre soin de la terre et à favoriser la coopération, le partage et la distribution équitable», confie notre interlocuteur. Des formations spécialisées sont dispensées aux membres de la coopérative grâce au soutien d’Island Bio.
En sus de la végétation, le jardin communautaire de Baie-du-Tombeau favorise l’élevage d’animaux, tels que les poules, les chèvres, les lapins, les canards. Avec l’aide d’autres collaborateurs de la Fondation Joseph Lagesse et de Carpe Diem, les responsables se sont lancés dans l’apiculture. Treize ruches ont été aménagées sur place et le miel est présentement produit.
Après Baie-du-Tombeau, les responsables comptent labourer d’autres terrains. Chloe Chavry, également membre de l’équipe en charge du projet, voudrait voir naître une vingtaine à une trentaine de jardins. Ainsi, les coups de pioche ont déjà été donnés à Terre-Rouge. Et un projet débutera à Médine. Certes, ils sont bien enclins à ne pas s’arrêter en si bon… jardin.
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